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La ronce envahissante bienfaitrice

La ronce : aimée ou détestée ?

Et si nous essayions plutôt de la dompter ?!

Il se dit dans certains cercles initiés que la ronce est l‘une des plantes sacrées des druides invitées sur terre pour protéger le royaume des fées.
Alors que dans certains contes de notre enfance, la ronce ne fait pas si bonne figure.

Plus sérieusement

Pourquoi et comment cohabiter avec la ronce

Les ronces, bien que souvent considérées comme des mauvaises herbes envahissantes, peuvent en fait avoir plusieurs utilisations bénéfiques au jardin si elles sont gérées de manière appropriée.

Nacré de la ronce-PoitouLa protection de la faune :

Les ronces sont utiles à la biodiversité.

Elles fournissent un habitat pour de nombreuses espèces de la faune, notamment les oiseaux, les petits mammifères et les insectes. Elles offrent des refuges et des sources de nourriture.

brenthis-daphne

  • La fleur de ronce est mellifère.
  • Les ronces profitent aussi à la petite faune.
    Les fleurs sont visitées par pollinisateurs.
  • C’est une excellente source de nourriture pour nous aussi :
    Oui, les baies de ronces sont comestibles. De plus, elles sont riches en vitamines, antioxydants et fibres.

  • Une barrière naturelle : Les ronces peuvent servir de barrière naturelle pour délimiter des zones de votre jardin ou en créer afin de protéger certaines plantations. Leurs épines peuvent dissuader les animaux et les intrus de s’approcher.
  • Lutter contre l’érosion : Les systèmes racinaires profonds des ronces peuvent aider à prévenir l’érosion du sol en maintenant la stabilité du sol.
  • Amélioration du sol : Lorsque les ronces sont taillées et que les résidus sont laissés sur place, ils peuvent se décomposer pour enrichir le sol en matière organique.
  • Et pourquoi pas un attrait visuel : Les ronces peuvent également ajouter de l’esthétique à votre jardin, en particulier à la saison des baies.
    Tressées, taillées, elles peuvent faire des sculptures du plus bel effet (au gré de votre imagination et de votre talent)
  • Ce sont des plantes pionnières : Elles protègent les plantations d’arbres, par exemple, du broutage intempestif.

Où trouve-t-on les ronces ?

Les ronces s’invitent partout pour peu que les conditions leurs soient favorables. En fait, les ronces apparaissent là où le terrain n’est pas cultivé. Même s’il est négligé seulement depuis peu. Car la ronce est ce qu’on appelle une plante pionnière La nature ayant horreur du vide, elle veut absolument faire pousser des plantes et notamment des arbres. Or pour les protéger des brouteurs, elle va envoyer les ronces, ces barbelés naturels. Et vous comprenez comme elle a bien raison la Nature. Difficile de pénétrer dans un roncier.

Utilité des ronces

Nous avons vu que les ronces peuvent avoir plusieurs utilisations au jardin, notamment

  • en fournissant de la nourriture, pour nous et pour la faune,
  • en servant de barrière naturelle
  • en protégeant les oiseaux etc…de leurs prédateurs
  • et en améliorant le sol et en le protègeant des intempéries.

Mais elles doivent être gérées avec soin pour éviter qu’elles ne deviennent envahissantes.

Comment gérer les ronces

La ronce est très « attachante » avec ses nombreuses épines, et je ne vais pas vous expliquer comment la faire disparaitre. Ce serait nier ce que nous allons apprendre plus bas (je vais essayer de vous les faire aimer, oui oui !).

Cependant, je vous comprends, il est essentiel de gérer les ronces de manière adéquate.

Car, OUI, on peut limiter les désagréments qui lui sont associés.

Là où on ne veut pas de la ronce, il faudra débroussailler en coupant au raz du sol le plus souvent possible. (faux, débroussailleuse, tondeuse). L’herbe (gazon) remplacera peu à peu les ronces.

La ronce, on ne s'y frotte pas !

Vous me direz : si la ronce est surtout une plante pionnière, dès que la haie est installée, la ronce disparait ?

Oui et non… Ce serait trop facile !
Elles adorent se marcotter et aller voir plus loin.

Mais ça, c’est sans compter sur notre persévérance.

Attention toutefois lorsque nous débroussaillons, car, comme nous l’avons vu, la ronce abrite souvent des nids, d’oiseau en particulier, qui viennent s’y protéger de leurs prédateurs.

La ronce c'est bien, mais chez les autres

ronce comestible
Mûre sauvage = ronce

Passons à ses atouts :

Tout d’abord, il faut savoir de quoi nous parlons :

Mûrier ou mûrier ?
Je vous entends vous offusquer : « mais c’est le même mot ?!… »
Quelques précisions sont donc indispensables.
Le Mûrier appartient au genre Rubus. On pourrait le confondre avec le Mûrier fruitier,qui est, lui, un grand arbre très productif, il fournit lui aussi des mûres comestibles, mais qui appartient au genre Morus.

Mais alors, quelle est la différence entre le mûrier et la ronce ?

C’est simple : Ce n’est pas la même plante !

Elles sont souvent confondues en raison de leur apparence similaire.

Bien que les ronces et les mûriers produisent des fruits appelés « mûres », ce sont des plantes distinctes en termes de famille botanique, d’apparence, de forme de croissance, de feuilles et de taille. Les mûres de ronciers sont plus courantes et sauvages, tandis que les mûres de mûriers sont généralement plus grosses et cultivées.

mûrier
Mûrier noir = morus nigra

Comparons-les :

Nous allons voir que nous parlons surtout de ronces, même si nous employons le terme « mûres sauvages« .
Le mûrier étant l’arbre qui nous fait de l’ombre et tache nos dallages 😉 (sauf la variété modifiée qui ne porte pas de fruits).

  • Plante et famille botanique :

    • Roncier : On utilise le terme « roncier » pour désigner un ensemble de plantes aux branches souples enchevêtrées, les ronces sauvages ou ronces communes (Rubus fruticosus) qui produisent des mûres.
    • Murier : Le murier, quant à lui, est spécifiquement un arbre ou arbuste du genre Morus, et, s’ils est cultivé pour ses fruits appelés mûres, il nous sert également à faire de l’ombre dans les jardins ou au bord des routes.
  • Fruit :

    • Roncier : Les plantes du roncier produisent des fruits appelés « mûres » qui sont comestibles et sont utilisés dans de nombreuses préparations culinaires.
    • Murier : Les mûriers produisent des fruits également appelés « mûres », mais ils sont généralement plus gros et plus doux que les mûres produites par les ronces.
  • Forme de la plante :

    • Roncier : Les ronces sont souvent des plantes grimpantes ou rampantes, avec des tiges ligneuses et épineuses qui peuvent s’étendre sur de grandes surfaces. Elles sont plus typiquement des buissons envahissants.
    • Murier : Les mûriers, en revanche, sont des arbres ou des arbustes qui peuvent être plus grands et présentent généralement une croissance plus verticale et un tronc plus développé.
  • Feuilles :

    • Roncier : Les ronces ont des feuilles composées et généralement dentelées, avec, habituellement, des épines le long de leurs tiges (il existe des mûriers sans épines comme « Evergreen Thornless », donc des ronces cultivées).
    • Murier : Les mûriers ont des feuilles simples, alternes et lobées, sans épines.

Quelle ronce mange-t-on ?

La mûre que l’on mange le plus souvent est le fruit de la ronce commune, donc, Rubus fruticosus. On les consomme souvent fraîches, mais on peut aussi les utiliser pour faire des confitures, des desserts, des jus, ou les incorporer dans d’autres recettes. Elles ont un goût sucré et acidulé. Mais on peut également les déguster pour profiter de leur teneur en antioxydants et en vitamines (qu’il s’agisse des mûres sauvages ou des mûres cultivées).

Propriétés des mûres

Nous consommons souvent les mûres, les fruits de la ronce donc, pour leur gout.
Nous en faisons des desserts (des sirops, des coulis, des confitures, des tartes, des jus).

Nous connaissons les baies, mais on peut consommer toute la plante, des bourgeons en passant par les feuilles, jusqu’aux fruits et même les racines.

J’utilise personnellement les jeunes pousses de l’année, appelées turions, comme les pousses de l’asperge. Il suffit de les cueillir très tendres, de les peler au besoin, puis de les préparer en infusions (voir ma recette préférée), de les manger crues ou de les faire cuire comme légume d’accompagnement, simplement poêlées.

Il est possible de faire les jeunes pousses de l’année en conserves pour l’hiver ou des marinades.

Car cette baie a de nombreux atouts pour notre santé.

Un peu partout dans le monde, depuis longtemps, on l’utilise comme remède.

Grâce à sa richesse en tanins, la ronce possède des propriétés astringentes, antiseptiques et anti-bactériennes. 

Pour le coeur

Vous le savez maintenant, j’ai des problèmes cardiaques liés aux plaques d’athérome.
Ce sera pour moi l’utilisation principale de la ronce : lutter contre cette plaque.

En effet, grâce à ses anthocyanes, la ronce va m’aider en diminuant ma tension artérielle et en protégeant mes artères.
Les tanins que contient la ronce ont
une activité anti-thrombotique, c’est-à-dire qu’ils s’opposent à la formation des caillots.

Vous comprenez pourquoi j’aime la ronce ?

jeune pousse de ronce pour décoctionMa recette préférée se prépare à base de bourgeons ou jeunes pousses, en décoction, jusqu’à 3 fois par jour, contre les diarrhées passagères.
Elle a un petit gout d’artichaut, je trouve.
Je la bois également sans raison particulière, juste pour le plaisir (3 tasses par jour, pas davantage).

  • Faites frémir les jeunes pousses pendant 2 minutes,
  • puis coupez le feu
  • et laissez infuser 15 minutes à couvert.
  • Utilisez environ 40 à 50 g pour 1 litre d’eau.

Gestion du diabète :

Certaines études suggèrent que les extraits de mûres de ronce pourraient aider à réguler la glycémie, notamment en ralentissant l’absorption des glucides dans le tractus digestif.

  • Les extraits de feuilles de ronce pourraient réduire l’absorption du glucose par l’intestin, contribuant ainsi à maintenir une glycémie plus stable.
  • Certains composés pourraient inhiber les enzymes responsables de la dégradation des glucides complexes en sucres simples, ce qui ralentirait l’absorption du glucose dans l’intestin.
  • Des composés de la ronce pourraient améliorer la sensibilité des cellules à l’insuline, et par conséquent, permettre au corps de mieux réguler la glycémie.

Pour nos animaux

Les tanins seront aussi utiles chez le cheval et son poulain

  • Contre les diarrhées (grâce aux flavonoïdes)
  • En cas de problèmes hépatiques
  • Contre les risques de fourbures
  • Pour éviter les surcharges pondérales
  • L’infusion peut servir à laver les plaies.

Personnellement, j’en donne en abondance à mes chèvres.

Pourquoi la ronce est bénéfique pour la santé ?

Nous le constatons, la ronce a de nombreuses propriétés :

  • Antioxydantes :

Les mûres de ronce sont riches en antioxydants, tels que les flavonoïdes et la vitamine C, qui peuvent aider à protéger les cellules contre les dommages causés par les radicaux libres.

  • Anti-inflammatoire :

La ronce est un remède potentiel pour soulager les douleurs et les inflammations, notamment celles associées à des affections telles que l’arthrite.

  • Pour l’amélioration de la digestion :

Afin de traiter les problèmes gastro-intestinaux, on utilise les feuilles ou les jeunes pousses. Elles peuvent ainsi aider à soulager les maux d’estomac, les diarrhées (voir ma recette préférée) et les irritations de la muqueuse intestinale.

  • En soutien immunitaire :

La teneur en vitamine C des fruits de ronce peut contribuer à renforcer le système immunitaire.

  • Pour la santé bucco-dentaire :

La ronce a été utilisée pour ses propriétés astringentes, ce qui peut aider à resserrer les tissus et à apaiser les gencives irritées. Elle est parfois utilisée dans des produits pour la santé bucco-dentaire.

  • Système urinaire :

Certaines personnes utilisent la ronce pour traiter les infections des voies urinaires en raison de ses propriétés antimicrobiennes.

  • Soins de la peau :

Les extraits de ronce peuvent être utilisés pour apaiser la peau irritée ou enflammée, notamment en cas de piqûres d’insectes ou de dermatite.

  • Maux de gorge, aphtes, gingivites :

En infusion, la ronce combat l’angine, la toux et les extinctions de voix.
Elle est parfaite en mélange avec de la sauge ou de l’ortie qui ont des propriétés adoucissantes. Pour lutter contre les extinctions de voix, rien de mieux qu’un mélange ronce, mauve et violette

  • Système respiratoire :

En gemmothérapie on utilise les bourgeons pour soutenir le système respiratoire et soulager les bronches.  Faire sécher et infuser. 

  • Pour les os :

On utilise ici encore les bourgeons pour renforcer les cartilages osseux et soulager les problèmes ostéo-articulaires.

NOTE : Ces informations proviennent d’ouvrages et de sites de référence en aromathérapie et utilisation des plantes. Cependant, elles sont données à titre informatif, et ne sauraient en aucun cas constituer une information médicale, ni engager notre responsabilité.

Cultiver avec les ronces

Plus vous coupez la ronce, plus elle renforce ses épines.

Il vaut mieux l’apprivoiser.

Des haies fruitières et protectrices naturelles

Il faut rabattre les rameaux du bord du rang et les relever puis les tresser pour créer des haies naturelles.

Les haies ne sont pas forcement le privilège du pourtour du terrain. Elles peuvent déterminer des zones ombragées, couper du vent, et permettent même, ainsi, de gagner quelques précieux degrés en entre saison.

eau de ronce pour bouturageLe bouturage :

Vous avez remarqué combien les racines de ronces apparaissent rapidement.
En effet, les racines de ronce possèdent des phytohormones qui ont la faculté d’aider à l’enracinement des boutures.

La recette :

L’eau de ronce se fabrique en prélevant des radicelles bien blanches de la plante, que l’on commence par laver de façon à éliminer la terre.

  • On les écrase au mortier, ou on les hache finement.
  • Puis, on ajoute de l’eau (de pluie de préférence).
  • On laisse macérer 24h
  • On filtre. 
  • Ensuite, on fait tremper 24h nos boutures dans cette eau concentrée en hormones
  • Enfin, on peut les mettre en terre.

Pour aller plus loin

Cultiver les mûres

Je vous renvoie à cet excellent article.

Bibliographie

VALNET, J. (1983):
Phytotherapie. Traitement des maladies par les plantes. 5. Aufl.
Maloine, Paris

ENCYCLOPEDIE DE PLANTES MEDICINALES.
Larousse, Paris

FOURNIER, P. (1947)
Plantes médicinales. Reprint 1999. Tome 3.
CME, Luxemburg

WICHTL, M. (ED) (2004) :
Herbal Drugs and Phytopharmaceuticals. 3. Edition.
Medpharm Scientific Publishers, Stuttgart

Les ronces sont nos amies

J’espère vous avoir fait aimer les ronces tout en vous aidant à les dompter.

Les avez-vous adoptées ?
Comment les utilisez-vous ?

On en parle dans les commentaires, ici en bas… à tout de suite.

Cet article a 2 commentaires

  1. Chloé

    Merci pour ce très riche article, qui me ferait presque aimer les ronces ! C’est vrai que cette plante mal-aimée mérite un peu plus d’attention… Et les fruits sont tellement bons !

  2. Dieter

    Merci pour ces explications sur les ronces, qui permettent d’en avoir une vision plus globale que celle d’une simple nuisance, comme ce fut mon cas lorsque j’ai été confronté à une maison avec 18 hectares de jardin autour qui était restée inhabitée pendant plus de 20 ans !

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