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Planter un jardin forêt

Vous voudriez établir un jardin forêt chez-vous. Mais vous vous posez encore des questions :

  • Dans quel but fait-on un jardin forêt ?
  • Pourquoi le jardin forêt est-il une solution contre la chaleur ?
  • Ce que le jardin forêt va apporter comme fruits, noix et légumes verts.
  • Quand commencer mon jardin forêt ?
  • Comment faire ?

Cet automne, dès novembre, vous pouvez commencer à planter VOTRE jardin forêt.
Et d’ici là, en attendant le top départ des plantations d’arbres, vous pouvez inventer, découvrir, rêver votre futur jardin: un jardin forêt.

Car oui, nous allons devoir adapter :
Nous aurons désormais des risques accrus de printemps précoces, d’hivers moins froids que la moyenne, des automnes trop secs, mais aussi des étés de canicule marqués par le manque d’eau.

Dans l’article sur l’eau
nous avons vu comment les arbres et les arbustes, grâce aux différences de hauteurs, pouvaient créer de la condensation et apporter l’eau du ciel aux plantes.
Nous avons évalué comment les mychorizes qui s’établissent autour des racines sont importantes pour le transport de cette eau indispensable aux plantes.

Et est-il besoin de préciser que l’ombre des arbres sera un atout en été contre les canicules ?

Observer la nature

Imaginez maintenant que vous laissiez le terrain sans rien y faire, rien du tout.
Que va-t-il se passer ?
Les “mauvaises herbes” vont pousser partout. Puis des graines d’arbres apportées par les animaux vont germer. Les ronces vont apparaitre et les protéger…

Lorsqu’on laisse la Nature livrée à elle-même, elle va chercher à reconstituer une forêt.

L’arbre est le pilier du sol vivant

Comment la Nature s’y prend-elle pour créer et maintenir de la végétation ?

La nature a horreur du vide !

Le terrain laissé nu commence par se couvrir de plantes pionnières, annuelles, ce que les jardiniers d’avant appelaient « mauvaises herbes ».
Ces herbes, d’abord vertes, vont commencer à travailler le sol, nourrir la faune du sol et permettre aux autres variétés de s’installer.
Ensuite, elles formeront de la paille (du carbone) qui retournera au sol.
En deuxième lieu viendront les buissons, avec les ronces etc…en dernier, les arbres.
A ce moment, les ronces disparaissent et les arbres, jusque là protégés, grandiront.

Dès lors, le cycle de la vie est installé.

Schématiquement:

Les arbres perdent leurs feuilles à l’automne, elles tombent sur le sol et constituent un premier paillage. Nous l’avons vu, les herbes ont séché et donnent de la paille qui va à son tour protéger le sol des intempéries. C’est très important pour conserver le sol. Et au passage, les racines des annuelles vont mourir et en se décomposant, elles participeront à l’aération du sol.

L’apport de lignine sur le sol par les feuilles et les pailles sera attaqué par les champignons et les insectes du sol (collemboles), les bactéries puis les vers.
Ce substrat servira maintenant en partie à nourrir les arbres qui feront des feuilles qui, grâce à la photosynthèse nourriront à leur tour les arbres, donneront des sucres dont une partie ira nourrir les champignons (mycorhizes) des racines. En retour de ce “salaire”,  ils puiseront l’eau du sous sol et l’apporteront aux racines des arbres et des plantes alentour.
Ces mycorhizes iront aussi chercher loin les minéraux qui manquent sur place. Les feuilles, par évaporation, pomperont la sève qui circulera pour faire fonctionner ces échanges.

Ce cycle est bien rodé.

La Nature n’a donc pas besoin de tout chambouler pour faire vivre la végétation qui nourrira désormais les petits animaux puis les animaux de plus en plus grands (et nous au passage).

Et nous, que faisons nous pour faire pousser de la végétation ?

Nous, sous prétexte de rendement, nous allons jouer CONTRE ce système bien rodé et dépenser beaucoup d’énergie pour contrer ce cycle naturel.
Nous allons tout bousculer.

En avons-nous vraiment besoin ?

Le jardin forêt est très efficace

Contrairement au jardinage « classique » comme nous le connaissons, il demande moins de déplacement de matière, donc moins d’énergie fossile et moins d’énergie (main d’œuvre) pour la même efficacité.
Il y a tellement d’exemples que je vous laisse y réfléchir maintenant que vous savez pourquoi le jardin forêt est un atout.

Voilà qui nous amène au principal du sujet.
Puisque cela semble une alternative efficace au changement climatique (besoin d’eau, de se protéger de la chaleur…)

Comment créer un jardin forêt chez-soi

Car si la Nature, elle, met des années à réaliser un tel système à partir d’un emplacement nu, avez-vous envie de passer des siècles à créer VOTRE jardin forêt ?

C’est évident que non.

Le seul moyen, c’est de lui donner un coup de pousse en plantant nous-même des arbres et les massifs.

Le design :

Il sera ainsi très important de savoir à l’avance ce qu’on veut obtenir, car un arbre ne se déplace pas tous les ans.
Tout d’abord, nous devons lister ce que nous voudrions voir pousser comme végétal dans notre jardin forêt et ensuite trier par rapport au terrain dont nous disposons :

Plants divers, arbres et arbustes, arbres fruitiers, plantes vivaces ou annuelles, rosiers ou autres fleurs mellifères, pollinisatrices, fruitiers ou plantes d’ornement…
Voulons-nous favoriser la floraison ou le feuillage afin de créer des points de vue attractifs, et des protections contre le gel, le vent, le soleil…

Avant de réaliser les plantations, il faudra aussi réfléchir au terrain : calcaire ou acide ?
De quelle couche d’humus disposons-nous ?
Devrons-nous apporter du compost ?

Dans le but de faciliter l’arrosage du début, il faudra déterminer les passages, les allées.
Ceci sera utile également afin d’effectuer les cueillettes et les soins éventuels.

Pour nous aider, voici un schéma classique d’organisation

Équilibrer lumière et l’ombre en 7 strates

forêt jardin

Description de l’image:

En commençant par l’arrière, côté nord, (qui se trouve ici à gauche de l’image) :
Nous installerons les arbres les plus résistants au froid et au vent, ça semble logique, mais surtout, des arbres qui seront les plus grands à maturité (plus de 10 m) (selon le choix que nous aurons fait). Il faut leur laisser la possibilité de s’épanouir avec le temps sans qu’on ait besoin de les couper un jour et sans qu’ils fassent exagérément de l’ombre aux plus modestes.
Ensuite viendront les arbres de taille moyenne (basses tiges, c’est à dire sur tronc court) comme les pommiers, pruniers, abricotiers etc…
et enfin les arbustes (noisetiers, cornouillers, amélanchier aronia etc….
Il faut bien les espacer pour laisser entrer la lumière.
Entre eux et sous eux, on peut installer des petits fruits (groseilles, cassis, framboisiers…). En les intercalant, un arbuste pour 3 petits fruitiers par exemple, on peut aider l’air à circuler)
Pour ma part, je plante plutôt des fruitiers en tenant compte des mêmes critères, mais il est parfois intéressant de planter des arbres qui apportent des éléments au sol comme de l’azote (quelques arbres qui fixent l’azote de l’air et le restituent au sol: l’aulne (blanc et rugueux), le robinier faux acacia…). 
Nous installerons également des lianes (glycine, qui apportera de l’azote), et lianes comestibles comme les actinidias, les vignes
Et au sol les végétaux du potager et les fruitiers qui se propagent à l’horizontale comme les fraisiers, les menthes etc…
Il n’est pas trop difficile d’imaginer les emplacements en suivant le schéma des hauteurs.

Les racines

Ce qu’il faut, c’est veiller à ce que les racines ne se fassent pas concurrence. Il existe plusieurs formes d’enracinement, les racines pivotantes, les racines superficielles, les racines traçantes

On peut faire son potager sous les arbres, car la lumière filtre à travers la ramure.

Note : Dans un premier temps, tant que les arbres sont encore jeunes, éviter peut-être de planter sur la ligne de pourtour de l’arbre, sous la couronne.
Le tour du tronc quant à lui est parfait.

Et la concurrence pour l’eau ?

Dans la transcription de la vidéo sur l’eau d’Hervé Covès , nous apprenons que l’eau sera apportée par l’évapotranspiration (entre autre).
L’humus, les champignons, l’ombre, vont garder cette eau et celle qui tombera du ciel.
L’arbre va faire remonter l’eau par la sève grâce, cette fois, à l’évaporation.
L’eau de pluie ne va pas ruisseler grâce aux systèmes racinaires et aux couverts. Elle restera disponible grâce à ces éponges qui la restitueront au fur et à mesure.

La haie autour du jardin forêt

Il faut entourer le jardin forêt d’une haie d’arbustes, comme pour tout jardin.

Pourquoi cette haie ?

Hervé Covès en décrit l’utilité dans son exposé sur l’eau, dont nous avons parlé plus haut.

Une protection:

C’est aussi important car votre voisin ou votre mairie n’ont peut-être pas les mêmes idées que vous sur le jardinage et cela vous protégera, dans un premier temps, des entrées des éventuels pesticides venant de l’extérieur.

Les oiseaux et insectes trouveront dans cette haie une porte d’entrée vers votre paradis.

La lisière d’une forêt est souvent la partie la plus riche de l’écosystème.

En conclusion

Qu’on l’appelle jardin-forêt, forêt comestible, forêt nourricière ou encore forêt fruitière, ce système de culture présente de nombreux avantages.

Sur une petite parcelle, en profitant de la 3 D, on augmente la surface de culture, naturellement (sans avoir besoin de créer des structures).

Il n’est pas nécessaire d’avoir une grande parcelle, un petit terrain de 100 m² est déjà suffisant. Bien sur, dans ce cas, on abandonnera l’idée de planter des arbres de 10 m de haut. (pensez aux arbres têtards)
En réduisant le nombre de states on peut tout à fait faire sa petite forêt.
Bien conduite, et selon sa surface, la forêt jardin va permettre des récoltes abondantes de fruits, de légumes, de noix et de graines, d’herbes aromatiques ou médicinales, mais pas que.
En effet, le maintien des arbres permettra d’obtenir du BRF pour le sol, éventuellement du bois de vannerie, de chauffage ou de construction
On pourra récolter du fourrage si on inclus des animaux à côté du système.
Ou on pourra produire des champignons.

N’oubliez pas les chemins,
indispensables à la gestion et à l’entretien de votre forêt

Ils vous permettront d’accéder aux petits fruits, aux légumes, bref, à effectuer les cueillettes diverses et variées.

Cerise sur le gâteau: Avez-vous pensé au bien être de vous retrouver dans VOTRE coin de forêt, fut-il petit ?
Quelle satisfaction n’est-ce pas ?

Et en plus de vous nourrir et d’améliorer le sol, d’éviter les ruissellements (qui conduisent aux inondations) vous pourrez vous vanter de séquestrer du CO² dans le sol.

Pour aller plus loin

Une vidéo

sur un jardin forêt qui existe et l’explication des choix faits pour sa création.

Conseil lecture

Le jardin forêt, un art de vivre différemment
tout en produisant mieux.

Alors, c'est décidé ? vous vous lancez ?

Vous vous posez encore des questions ?

Dites nous tout sur votre projet dans les commentaires.

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