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Premier jardin en automne

L’automne est sans doute le meilleur moment pour commencer son jardin. Pour un premier jardin, c’est donc aussi préférable.
Les grosses chaleurs sont passées et vous avez la grelinette qui vous démange.
Car si on peut commencer un jardin à n’importe quelle saison, chaque moment ayant ses avantages et des inconvénients, l’automne est vraiment une saison favorable au jardin en général et en agroécologie, sous bien des aspects.

Partons du principe que c’est votre premier jardin, ou votre premier potager.

et qu’il s’agit d’établir ce premier jardin sur un terrain qui était initialement une pelouse (par exemple dans
la propriété que nous venons d’acquérir)
Nous avons choisi un emplacement.
 

carton pour occulter le solPremière étape :

L’espace alloué aux cultures sera, dans un premier temps,
recouvert d’un occultant (bâche ou autre, chez-moi des cartons d’emballage recyclés pour ce faire). Ceux-ci vont délimiter une parcelle de potager.
Afin d’amender le terrain et de nourrir les “travailleurs de l’ombre” qui font partie de la microfaune du sol, on peut recouvrir le sol préalablement avec du broyat, des feuilles mortes, des déchets de tonte, des déchets végétaux de cuisine, etc…
 

Deuxième étape :

Commencer à l’automne est favorable, car il faut plusieurs mois d‘occultation pour réaliser le premier travail de préparation du sol.
L’idée est donc ici de laisser l’occultation durant tout l’hiver, voire une
partie du printemps afin d’exploiter ce potager dès le réchauffement, vers le milieu du printemps.
 

Constatations :

Nous n’avons ni retourné ni travaillé le sol d’une manière ou d’une autre.
Nous constaterons lors du débâchage, qu’il y aura eu 
décomposition du substrat et décompactage du sol.
Les adventices auront disparu pour la plupart (résisteront peut-être quelques vivaces).
Il subsistera un beau sol propre, prêt à être planté.

Car en fait, nous allons travailler sur sol vivant !

C’est donc de la culture sur sol vivant, (ou en permaculture) que nous parlerons dans cet article.

En effet, en visite chez un ami, celui-ci m’a posé des questions sur le mode de fonctionnement de la “permaculture” et la façon de commencer. Je me suis alors rendu compte que si pour ceux qui la pratiquent ce mode de culture est évident, pour les novices en la matière, l’agroécologie souvent appelée de manière inappropriée “permaculture” (qui représente, elle, toute une philosophie) reste quelque chose d’abstrait.
La théorie, c’est une chose, mais arrivé dans son jardin, QU’EST CE QU’ON FAIT ?

Les principes de bases du jardin dit « sur sol vivant » :

Avant de se jeter à l’eau sans préparation, je pense utile de définir quelques termes qui seront évoqués et quelques principes de base, qui, une fois qu’on les connait, rendent évidentes les façons de faire.

Oui, comme en permaculture, on cultive suivant ces principes :

  • Aucun engrais chimique ni pesticide n’est utilisé.
  • Pas de labour (pour éviter la mise sens dessus dessous des différents univers du sol (aérobie et anaérobies)
  • Le sol toujours couvert (la nature a horreur du vide).
  • Pas de monoculture (les associations de plantes sont bénéfiques car elles se protègent mutuellement, d’une manière ou d’une autre)
  • On nourrit le sol plutôt que la plante.

Cultiver l'eau

En premier, il faut de l’eau, source de vie.

Comment garder l’eau au jardin

L’humus du sol régule le régime hydrique de la parcelle. Un gramme d’humus est capable de stocker jusqu’à 50 g d’eau dans le sol et la mettre progressivement à la disposition des plantes et des réserves d’eau souterraines.

L’eau, la lumière (solaire) et les habitants du sol,

à condition de savoir les faire vivre et se développer harmonieusement, sont suffisants pour faire pousser les plantes, à la manière de la Nature.
Je mets les légumes à part, parce que ce sont des plantes très gourmandes en général et qui demandent un peu plus de réflexion quant à leur méthode de culture étant donné qu’on va les manger. Il faut qu’ils soient à la fois nourrissant et non toxiques.

Pour cela, il faut comprendre comment fonctionne la Nature et l’imiter au plus près.

(voir l’article: “comment ça pousse“)

Que faire en premier ?

Faisons l’état des lieux

De quel terrain disposez-vous ?
La vie du sol

Observons notre sol
Vous trouverez plus loin les explications détaillées pour vous faire une idée plus précise sur votre sol, votre capital de départ
mais un simple regard pour commencer peut vous donner une idée:

Votre sol a t-il été cultivé récemment ?

avec quelles techniques ? labour profond, maraichage, jardinier « à l’ancienne »? etc…

Y a t-il de l’herbe ? des ‘mauvaises herbes » (attention, maintenant vous parlerez d’adventices n’est-ce pas ?)

Comment “fabriquer” du sol.

Quelles que soient vos réponses aux questions précédentes, à moins d’avoir un sol parfait préparé dans les règles de l’art par un jardinier respectueux de la vie du sol, vous aurez quelques petits ajustement à faire pour gagner du temps et. fabriquer du sol, sera de toute façon le leitmotiv de votre manière de jardiner.

Enfin, il ne restera qu’à définir la zone sur laquelle vous voulez implanter vos cultures

Nourrir le sol plutôt que nourrir la plante

À partir de maintenant, vous vous occuperez du sol qui recevra les plantes.

Nous allons nourrir le sol (et non les plantes) puisque c’est lui qui assurera le travail  d’apporter à la plante ce qui lui est nécessaire, pour pousser et nous nourrir ensuite, ou nourrir les animaux qui la mangeront ou le sol auquel elle retournera pour un nouveau cycle, celui de la vie.

Il faut s’assurer de la présence en surface de matière carbonée.

sol paillé pour préparer la terreEt oui !, carbonée, vous avez bien lu.
Si la terre est nue ou enherbée, on épand de la matière carbonée (carton, paille, foin, voire du fumier mais dans ce cas il doit être très pailleux.
Ces élément de départ vont nourrir le système. Si le sol est nu ou qu’il a été malmené précédemment, il se peut qu’il manque d’une partie des éléments essentiels qui sont le microbiote du sol.

Où trouver ce microbiote?

S’il n’y en a pas suffisamment, ou si on n’en est pas certain, le mieux est d’en apporter en utilisant du fumier, de l’urine ou des EM (micro organismes efficients qu’on peut acheter ou en récupérer dans le sol d’une forêt proche). Ainsi, vous amorcez la machine.
L’urine humaine aussi peut apporter les bactéries… Nous en parlerons plus tard.

Pour garder l’eau, abriter et nourrir la microfaune du sol, il faut de l’humus.

Pour la formation de l’humus, il faut la présence simultanée de biomasse animale ou végétale, riche en azote (fumier, lisier, déjections humaines, tonte de pelouse, feuilles vertes…)
et de biomasse végétale riche en carbone (cellulose, lignine et produits dérivés, comme papiers, cartons, caisses d’emballage, palettes de transport, paille, foin, etc.).
Ces deux types de biomasse doivent être mis ensemble pour la formation de l’humus. (voir comment ça pousse)
suivant un rapport C/N (carbone sur azote) adapté.
En maraichage, le C/N recherché est de 2,5 mais en agroécologie, on recherche un rapport C/N (quantité de carbone divisée par la quantité d’azote) bien supérieur, car des expériences ont démontré que le sol s’appauvrissait avec seulement 2,5 de quotient.
D’où la nécessité d’apporter davantage de pailles (ou matières carbonées en général).

Enfin, on peut planter

Les plants démarrés en pépinière (godets, mottes, racines nues…) ont un avantage contre les limaces qui arrivent pour décomposer la matière dès que possible, mais qui ne dédaignent pas vos petites pouces bien tendres…

Comment planter avec la paille ?

On plante en écartant le paillis et en enfonçant les racines dans la terre.
Attention: On ne plante pas dans le paillis.
Si on en a, on peut mettre un peu de terreau pour la plantation, de façon à aider les petites racines à trouver leur chemin.
Ensuite on remet le paillis autour du pied, en tassant légèrement, sans l’écraser.
On peut également semer les grosses graines sous paillis (pois, haricots, sarrasin…)
– soit en les jetant dessus et en secouant le paillage, comme le ferait une poule, pour faire tomber la graine jusqu’à la terre.
– soit en écartant le paillage un petit peu pour semer (en poquet par exemple). Même en ligne, ça fonctionne, pour peu qua la graine soit SUR le sol et qu’elle soit protégée par un peu de paille, contre le vent, le battage de la pluie, les prédateurs, le soleil…

Le paillage sert à occulter le sol,

c’est à dire empêcher la lumière de parvenir sur le sol, afin d’empêcher les adventices de germer, et les vivaces de pousser car en ne voyant pas la lumière elles s’épuisent (voir « comment ça pousse »)
Ensuite ce paillage gardera l’humidité du sol. Petit à petit, en se décomposant, il se transformera en humus et agradera le sol (contraire de dégradera).

De paillage en paillage, le sol fertile s’épaissira.

On plantera plusieurs variétés de plantes,

(voir « plantes compagnes » et « l’utilité du compagnonnage ») et même dans le potager, les fleurs ont leur place car elles attirent à elles les ravageurs, mais aussi leurs prédateurs. elles attirent les pollinisateurs, repoussent d’autres ravageurs, bref, elles sont très utiles, et elles sont jolies, ce qui est bon pour le moral, ce qui n’est pas négligeable.

Le jardinier est heureux, sont jardin aussi.

La faim d’azote,

provoquée par la décomposition de la matière carbonée par les bactéries consommatrices d’azote, peut se produire à ce stade. Sauf si le terrain était cultivé et gorgé de nitrates, il se peut que ça se produise. (voir l’article dédié à la faim d’azote).
Pour palier à ce problème, nous allons ajouter, mélanger, de la tonte de pelouse, ou de la coupe de matériaux verts (sans graines) issus de la fauche d’autres espaces du jardin (feuilles vertes, nettoyage d’adventices non désirées…). Sur prairie ou un terrain enherbé avant l’opération de mulch, c’est inutile.
on peut simplement dérouler un roundball de paille (botte ronde) ou de foin directement sur la surface à cultiver.
Un paillage de 30 cm sans intervention ni culture met environ un an et demi à se décomposer…avez-vous le temps ?
Voilà pourquoi on cultive directement sur la paille et qu’on commence idéalement en automne lorsque la pluie revient et permet aux champignons de commencer leur travail de décomposition.

Savoir ce qu’on va planter et où

Qu’est-ce que je veux ?
Quel résultat est-ce que j’attends de mon jardin ?

Votre projet doit être défini:
Il peut s’agir d’un simple potager derrière chez-vous ou bien, vous espérez l’autosuffisance,
mais cela peut aller jusqu’à la création d’une ferme, d’un village

Ainsi, il devient plus facile de faire la liste des éléments à prévoir.
Ensuite, il est temps de faire

le design

C’est quoi ça le design ?
C’est le plan de ce que vous voulez faire, si possible bien réfléchi de façon à utiliser l’eau au mieux, éviter de mettre en plein soleil les plantes qui préfèrent l’ombre…enfin, vous voyez !
Vous allez devoir tenir compte de plusieurs éléments:

  • votre région (latitude, climat)
  • vos ressources en place, en eau, en matériaux,  en moyens (physiques et financiers)
  • la topographie du lieu (pan de montagne, plaine,sol plat ou tourmenté…)
  • le temps que vous souhaitez allouer à la mise en place et à l’entretien de votre projet

Il est toujours possible de modifier au gré de ses nouvelles envies par la suite, mais il est toutefois préférable de ne pas se tromper de trop dès le début afin d’éviter un surcroit de travail pour rétablir les choses ensuite, car un design bien optimisé, c’est l’assurance de plus de récoltes avec moins de travail.
Planter un grand arbre là où il ne pourra s’épanouir est une perte de temps par exemple.

Alors voilà, vous avez déjà appris pas mal de choses à faire ou à éviter, vous êtes prêt et vous avez fait votre plan.
On fait quoi maintenant ?

Il faudrait faire la liste de ce que vous désirez cultiver.

Il est inutile, surtout lorsqu’on débute, de vouloir faire pousser tout le catalogue de plantes et de graines.

Que consommez 
vous de manière régulière

Choisir ce que vous mangez le plus souvent, ce qui coûte le plus cher à acheter est un bon début et permet d’éviter bien des travaux inutiles dès le départ.

Améliorer votre sol

Nous l’avons vu plus haut, maintenant que vous avez plus de détails sur vos envies et vos besoins, ainsi que ceux des plantes, il va peut être falloir faire quelques ajustements, car certaines plantes sont gourmandes

Pour savoir ce qu’il faudra faire pour maintenir, améliorer, ou carrément recréer la vie du sol, il faut commencer par savoir de quoi il est composé.

Quelques manipulations simples pour connaitre votre sol

Cela va vous aider à prendre les bonnes décisions.

En prenant à la bêche une motte de terre, il peut y avoir plusieurs cas de figure:

Cas numéro 1:

la motte se tient entière, compacte.
aucun ver de terre n’est apparent, ni de galeries
il n’y a pas de racines
Lorsqu’on jette la motte à terre  (de 1 m de haut), elle reste entière.
Dans la main, la terre fait une boule, genre terre à modeler.
-> vous avez une terre « morte » qu’il faudra beaucoup agrader.
En mettant du terreau tout de suite et en l’incorporant en surface par exemple (histoire de créer un décompactage qui relancera la vie du sol)

Cas numéro 2:

la motte présente plusieurs horizons, l’un foncé, l’autre plus clair
il n’y a pas de vers ou peu,
pas de racines
Lorsqu’on jette la motte, elle se casse mais ne s’émiette pas
-> vous devrez agrader mais il existe vraisemblablement une ébauche de vie du sol,
les horizons ne sont pas mélangés, mais existent.
On pourrait mixer légèrement la matière organique du dessus avec le sol inférieur (sur 5 à 10 cm, pour rester en aérobiose) et recouvrir de foin (plus riche en azote que la paille) ou de mélange feuilles + tonte qui apporterait à la fois azote et carbone.
On mettrait dessus pour au moins un an un couvert végétal (soit laisser pousser les annuelles sauvages, soit semer sous la paille des légumineuses par exemple pour un mélange graminées légumineuses (on peut utiliser à peu de frais du mélange pour pigeons du commerce).
L’année suivante, on détruit le couvert (si le gel ne l’a pas fait) et on peut faire des essais de culture.
Chez-moi, j’ai semé au printemps de la phacélie qui a été détruite par le gel (ne pas laisser venir en graines)
(si le gel ,e l’avait pas détruite, je l’aurais couchée, roulée puis j’aurais posé dessus du foin et semé sous ce foin.

Cas numéro 3:

La motte présente une belle couleur foncée, on y retrouve beaucoup de vers de terre et on voit des galeries (anéciques)
la terre est prête à être cultivée. Un apport de petite paille (paille hachée en faible épaisseur) ou un paillis de BRF sont suffisants pour entretenir la vie du sol.

On peut commencer à tout moment un jardin sur sol vivant

L’automne est toutefois un bon moment pour préparer les premières étapes, car, puisque vous avez élaboré votre plan, vous savez où mettre en place les éléments plus facilement et préparer le sol.

Pas de panique, il y a toujours des solutions pour faire ce qu’on peut tout de suite et améliorer à l’automne prochain.
Le tout étant de comprendre les principes de base.

Cependant, sans vie du sol, rien ne pousse.

En conclusion, on peut commencer un jardin
n’importe quand

On a toujours avantage à le créer sur sol vivant:

Il retient l’eau, avec tous les avantages que ça peut avoir.
Il est nourrissant pour les plantes par divers moyens qui s’installent dans le sol (bactéries…petite faune (anésiques),
les champignons établissent des réseaux mycorhiziens qui apportent des éléments nutritifs qui seraient hors de portée des racine sans ce moyen de communication 
et bien d’autres avantages encore.

Vous êtes parvenu(e) jusqu’ici, BRAVO !

J’espère que cet article vous a aidé…

Dans ce cas, puis-je vous demander de le noter ci-après ?
Cela aidera à le promouvoir.

Encore une question :

Avez-vous déjà démarré votre jardin ?

N’hésitez pas à apporter vos commentaires ci-dessous

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