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Le ver de terre, petite bête grands services

Les vers de terre sont, entre autre, les jardiniers du sol.

Les intestins de la terre

Les premiers écrits sur les vers de terre remontent aux Babyloniens, aux Grecs et aux Égyptiens qui leur accordaient une grande valeur : Aristote les appelait « les intestins de la terre »

Et nous allons voir que leur étude n’est ni inintéressante ni inutile.

Selon l’OPVT (Observatoire Participatif des Vers de Terre) le ver de terre, cette petite bête apparemment insignifiante qu’on n’hésite pas à jeter aux poules, joue pourtant un rôle important dans la dégradation et le recyclage des litières et de tout résidu organique disponible dans le sol ou à sa surface. Ils créent des réseaux de galeries qui assurent un transfert et un stockage du carbone dans les sols ou de l’eau.

Cela favorise l’aération du sol via la diffusion des gaz et facilite le développement et la progression des racines.

Le rôle du ver de terre

Tout le monde a déjà vu un ver de terre,
mais savez-vous quel est son rôle dans la nature ?

Ce sont des aides incontournables qui travaillent jour et nuit sans se lasser, sans faire grève, sans salaire…

  • Le ver de terre fabrique le sol
  • Le ver de terre décompose les matières organiques
  • Le ver de terre aère le sol
  • Le ver de terre nourrit le sol

Le ver de terre assure ainsi la fertilité des sols

Autant d’affirmations qui rendent cette petite bête indispensable à la vie de nos sols, de nos plantes donc, de nous !

Que mange le ver de terre

On pense en génral que le ver de terre mange la terre.
Il l’ingère, certes.
Mais…
en avalant la terre ou les détritus, le ver de terre ingère aussi les microorganismes qui y vivent.
L’eau et le mucus que le ver produit réactivent ces micro-organismes.
Ce sont eux qui vont digérer la matière organique.

C’est alors que le ver de terre pourra assimiler les nutriments.

Par cette association, on peut considérer que
le ver de terre produit 30 à 40 kg d’azote minéral par hectare et par an,
rejetés dans le milieu naturel.

La biologie du sol, ce milieu vivant

Dans le sol il existe une interdépendance entre les activités biologiques et toutes les propriétés physiques et chimiques.
Cette interdépendance a été mise en lumière par les études récentes, même en milieu urbain (exemple).

Ver de terre, qui es-tu ?

En France, on peut rencontrer plus d’une centaine d’espèces de vers de terre selon les régions, les types de sols et les différents milieux écologiques. Ensemble, ils peuvent représenter jusqu’à 2 tonnes par hectare de biomasse.

Il existe trois sortes de vers de terre

    • Ceux qui vivent à la surface ou vers épigés

      Ils se nourrissent directement de matière organique et de végétaux en décomposition ; ce sont entre autres les vers de compost
      Petits et fins, ils mesurent de 5 à 10cm maxi
      Ils vivent à la surface du sol, au niveau de la litière et dans les matières organiques en décomposition. Ce sont des décomposeurs.
      On les retrouve partout où il y a de la matière en décomposition.
      Les jardiniers en ont conclu il fut un temps, à tort, qu’ils mangeaient leurs légumes. Ils les jetaient négligemment à leurs poules qui en sont friandes. Or les vers ne mangent que des matières mortes.
      Ils sont utilisés actuellement pour traiter les ordures ménagères (lombricompostage ou vermicompostage) que ce soit chez les particuliers, dans les stations d’épuration ou en industriel pour fournir de l’engrais Bio.

    • Les vers qui vivent plus en profondeur, sont les endogés

      Ils vivent en permanence dans le sol où ils creusent des galeries horizontales, peu profondes.
      Ils se nourrissent de terre mélangée à la matière organique; ils représentent 20 à 50 % de la biomasse des terres fertiles.
      En période de sécheresse ils tombent en léthargie (diapause) et on les trouve enroulés sur eux-mêmes, comme des nœuds. Cela leur évite de se déshydrater.
       c’est une bonne indication du niveau d’humidité de la terre du jardin.
      Certains sont filiformes et s’installent le long des racines, d’autres forment des pelotes dans les couches profondes du sol, à proximité des drains, et filtrent l’eau dont ils séparent les particules organiques.

    • Les vers anéciques eux font des galeries verticales.

      Ils cherchent leur nourriture à la surface du sol. Grace à la verticalité de leurs galeries, ils distribuent ces éléments nourrissants en profondeur.  Moins exposés aux prédateurs du fait de ce mode de vie, Ils ne sont pas colorés. Tandis que les vers de terreau, en surface, ont  besoin de se confondre avec les feuilles mortes du sol afin d’éviter les prédateurs c’est pourquoi eux sont sombres, couleur de feuilles mortes.

      Cette particularité de creuser des galeries verticales et d’apporter en profondeur les nutriments, nous intéresse, nous qui voulons garder (ou recréer) un sol vivant.
      Comme ils viennent « faire leurs provisions d’éléments nutritifs» à la surface du sol tout en restant prudemment accrochés par la queue à l’entrée de leur terrier, ils enfouissent les feuilles et les débris organiques qu’ils peuvent entraîner dans leurs galeries. mélangés avec de la terre. Leurs excréments sont ensuite déposés à la surface du sol sous forme de tortillons appelés aussi turricules. Le plus grand vers anéciques de la faune française dépasse 1 mètre de long.
      C’est le Lombricus Montpellierus.

Quel est ton ver de terre ?

  • A quoi ressemblent les différents vers de terre ?
  • comment les reconnaitre les uns des autres ?

Tu as trouvé un ver de terre ?

Retrouve ici quel est ton ver de terre, celui que tu vois dans ton jardin, ou ceux que tu as trouvés dans ton potager…

Les anéciques: les laboureurs

Anéciques veut dire « qui monte » (voir Marcel bouché ). Ils vivent comme nous venons de le voir, dans des galeries verticales.
Ce sont de ce fait des laboureurs
qui travaillent à notre place pour peu qu’on les laisse tranquilles  (pas de labour, pas de bêchage….pas  ou peu de travail du sol) et qu’on leur fournisse la nourriture dont ils ont besoin, qu’ils restitueront sous forme d’éléments assimilables par les plantes, en travaillant en association avec les champignons et les bactéries du sol.

Comment est-ce que ça se passe ?

Vivant dans des galeries verticales, ils mêlent la litière de surface aux minéraux du dessous.  Cette matière organique mélangée à la matière minérale compose le mélange organo-minéral qui est important pour la fertilité de nos sols. Les grumeaux ainsi formés donnent la structure de nos sols.

Les anéciques représentent 80% de tous les vers de terre (qui eux-même représentent 70% de la masse animale sur terre).

Ils mélangent les matières

Les vers montent et descendent en emportant dans un sens des minéraux du sol et dans l’autre des matières organiques de surface. On peut voir dans leurs turricules différents horizons de sol.

Ils apportent des micronutriments dont de l’azote minéral

Leur tube digestif secréte  du mucus et de l’eau qui réactivent les micro organismes du sol ingérés en même temps que la matière organique de surface.
Les microorganismes ainsi stimulés vont décomposer et minéraliser une partie de la matière organique.

Dans les turricules une fois rejetés, cette activité bactérienne va demeurer un certain temps. La teneur en éléments minéraux  est supérieure dans les turricules par rapport au sol environnant (azote minéral et phosphore notamment).

L’apport d”azote minéral dans le milieu est de l’ordre de 30 à 40 kg / ha, pas négligeable n’est-ce pas ?!

Ils aèrent le sol

Les galeries de vers de terre peuvent atteindre plusieurs mètres de profondeur, tout en restant en contact avec la surface puisque le ver de terre respire. La surface développée des galeries (5 km à l’hectare) est de 5 fois la surface au sol (5m² pour 1 m² de surface), ce qui signifie qu’ils participent bien à l’aération du sol.

Les galeries des vers de terre sont favorables aux plantes

Les racines des végétaux apprécient les galeries des vers de terre. Elles profitent de ces passages déjà tout creusés pour transiter dans le sol.
La galerie devient un manchon tapissé de racines.

La microflore qui vit autour de ces galeries

On trouve autour des galeries des fixateurs d’azote (dont les azotobacters) des dé-nitrifiants,  les cellulolithiques etc…

En conclusion, il y a une forte concentration de vie autour de ces galeries. L’activité microbienne y est intense.

Le rôle des galeries en cas de pluie

Lors d’une pluie, il y a soit percolation (dans les galeries) soit imbibition (infiltration passive) soit ruissellement.
Dans ce dernier cas, l’eau ne passe pas par les galeries car la quantité de précipitation dépasse la capacité d’absorption des galeries
Lorsque les précipitations passent à travers les galeries, l’eau est filtrée.

Les anéciques font du lombrimixage
les bactéries fabriquent la colle

Ce mélange organominéral participe à la stabilité des sols.

Les champignons, les bactéries, et autres micro organismes, les collemboles, toute cette microfaune de surface et les vers de terre , ensemble,
“fabriquent le sol fertile”.

Les vers font le mixage, les microorganismes qui ont commencé leur travail dans le tube digestif des vers de terre ajoutent la colle (les polysaccharides bactériens) et stabilisent en les durcissant les grumeaux sur lesquels les racines viennent ensuite se nourrir. (source Marcel Bouché)

Une association gagnante:

Encore plus fort !
Ver de terre et détoxication

Le ver de terre assimile le lindane (par exemple) il absorbe ce lindane et le décompose (grâce à des enzymes) en éléments simples et inoffensifs.

Le sol est détoxifié.

Voir en vidéo l‘expérience expliquée par Marcel Boucher

La multiplication des vers de terre

Maintenant que vous avez compris le rôle et l’intérêt du ver de terre dans votre jardin, vous allez surement vouloir en avoir le plus possible.

Le ver de terre , ça pond ?

Oui et non

Les vers de terre ne font pas d’œuf, ils font des cocons, et ils ne les pondent pas, ils glissent le long de la partie avant du ver.

Certains vers de terre s’accouplent, par exemple L.Terestris, d’autres non (certains vers de terre peuvent se reproduire sans accouplement, par autofertilisation). Lors d’un accouplement, un échange de spermatozoïdes a lieu et quelques jours plus tard, le cocon produit dans le clitellum  glisse le long de la partie antérieure du vers de terre. Il ressemble à une capsule fermée aux deux extrémités. Ce n’est donc pas un oeuf à proprement parler.

Plusieurs études montrent que certaines espèces d’anéciques ou d’endogées, produisent entre 3 à 13 cocons par an alors que les épigés sont capables d’en produire entre 42 à106 par an.

Et heureusement car en surface les épigées sont vulnérables aux attaques de leurs prédateurs ailés pour ne citer qu’eux. Ils faut qu’ils se reproduisent rapidement pour conserver l’espèce.

Longévité:

Hors laboratoire, la longueur de vie des vers de terre est assez courte, de l’ordre de 1 à 2 ans.
Alors qu’en laboratoire on a pu les faire vivre jusqu’à 30 ans.

Inoculer des vers de terre dans un sol

Il y a des pays où il n’y a pas de lombriciens ou très peu…(Nouvelle Zélande)
Les agriculteurs en apportent des zones où ils existent jusqu’à leurs champs.
La vidéo de Marcel boucher vous explique comment et surtout POURQUOI les vers de terre sont si importants pour la vie du sol et la vie tout court.

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Maintenant, c'est à vous

Vous êtes, si ce n’était déjà le cas, convaincu de l’importance de préserver et de multiplier les vers de terre, ces êtres mal compris de nos terrains. Nous avons nous la cance d’en avoir, ce qui n’est pas le cas de tous les pays. Savourons là !
Vous pouvez en apprendre plus par des lectures comme ce livre que je viens de découvrir :

L’Éloge du ver de terre – N°2 un livre à paraître au printemps 2023 et qui a besoin de votre soutien pour sortir.

Eloge du ver de terre

C’est un livre (je ne suis pas sponsorisée) qui nous fait de nouvelles révélations sur cette armée de l’ombre qui, chaque jour, sous nos pieds, prépare nos repas de demain !

Vous avez des questions sur le ver de terre ?
Vous désirez des précisions ?

Les commentaires sont en bas, je vous y attends

Cet article a 13 commentaires

  1. pigeontruffleoberon99567

    Bonjour, article très intéressant !! Cela fait 2 ans que je fais mon potager sans travail du sol, juste un passage de la grelinette au printemps puis un bon paillage; J’aimerais savoir si et quels vers de terre “peuplent” mon sol et aussi si on peut acheter des vers de terre pour en rajouter en pleine terre. Pourriez-vous m’indiquer une technique pour connaître la faune de mon sol et des endroits où acheter des vers de terre anéciques?
    Cordialement

    1. Noyaudujardin

      Bonjour, Merci de votre intérêt pour l’article. Je ne pense pas qu’on puisse acheter des anéciques. Les vers de terreau en revanche (Eisenia), si vous voulez faire un composteur, peuvent s’acheter facilement en ligne.
      La faune accessible de votre sol est différente d’une saison à l’autre et d’un endroit de votre jardin à l’autre. Pour les vers, vous devez pouvoir les observer facilement. Leur comptage ne vous apprendra pas grand chose sur votre terrain, en revanche, en mettant du foin à la surface , vous devez pouvoir évaluer la vie de votre sol en constatant à quelle vitesse il se transforme en humus (la couche de foin s’amincit). J’espère avoir répondu à vos questions.

  2. Camille Contreras

    Bonjour et merci beaucoup pour cet article très intéressant. J’aime beaucoup en apprendre sur tous les êtres qui nous entourent, et depuis quelques temps, je suis fascinée par les vers de terre et autres créatures qui vivent dans le sol. Nous leur prêtons peu d’attention, mais ils sont si importants ! Merci, j’ai beaucoup appris.
    À très bientôt,
    Camille

    1. Noyaudujardin

      Merci Camille pour ce commentaire encourageant. La faune de nos sols et son importance sont au coeur de ce site, d’autres articles suivront…à bientôt

  3. Lara Tabatabai

    Franchement je ne savais pas qu’il y avait tant de sortes de vers de terre. Au travail, nous avons fait installé un composte, on nous a expliqué comment entretenir le composte et les vers existants, c’est fou l’utilité de ces petites bêtes. 😊

  4. Maud

    Il est bon d’en savoir un peu plus sur ces petites bêtes qui peuplent nos jardins. Merci de les faire connaître grâce à cet article bien complet et très instructif 😉

  5. esther

    Whaouh! Bonjour Corinne Akmelu, quand jai vu le tirte de ton blog, jai dit : what? Mais lorsque jai parcouru, je suis tombe sur un vrai professeur en medecine, ton blog est whaouh! Mais jai une question, le vers est comestible pour nous les humains?, t’as dit il mange bio, il fabrique la terre , alors si chaque jour il fait son masque dargile et de boue pourquoi on devrait encore le payer?😂😂

    Stp, Corinne, quand tu vas entrer dans mon site , va sur menu tout en haut et clique,tu vas tomber sur quelques videos, et de la tu verras les tirtres de mes articles ecrits, il te suffira de cliquez sur les tirtres pour les parcourir , je suis debutante, et je suis entrain de saisir mon ebook pour le moment, apres je pourrai donc avoir une mailing liste, au plaisir d’échanger ensemble😊😊

    1. Noyaudujardin

      Bonjour Esther, J’espère que le ver ne se mangera jamais car il rend des services bien plus importants en nous permettant d’avoir la terre qui fait pousser tout le reste, ce serait du gâchis.Tu peux essayer les cétoines, d’autres vers du jardin, mais qui ont leur importance aussi, pourtant, je sais qu’ils se mangent et qu’on en fait reproduire dans ce but…avis aux amateurs 😉 Ok, j’irai voir ton blog…

  6. islandnc

    Il n’y a pas très longtemps, je suis allé a un atelier composte. La formatrice était maître composteuse et une vraie passionnée… alors a un moment donné elle nous a parlé des ver de terres et leur rôle immense! alors relire un peu sur cette gentille petite espèce m’a fait du bien 😉

    1. Noyaudujardin

      Merci pour ce commentaire. en effet, c’est une petite bête bien utile à la vie du sol et par conséquent à la nôtre.

  7. christine

    Article super intéressant ! Je me souvenais vaguement de mes cours sur les lombrics mais je n’en savais pas autant. Bravo ! La nature m’émerveille sans cesse, tout est tellement bien fait… Respectons-la 🙂

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