Vous préparez votre jardin, et vous vous demandez de quoi sont composés les sols fertiles, c’est normal.
Pourquoi ? parce que vous cherchez à faire le sol le meilleur possible pour la santé de vos plants :
Un sol vivant.
Dans cet article
ToggleVivant veut dire qu’il mange ?
Et bien oui.
Et pour donner à manger à votre sol (qui nourrira ensuite la plante), vous allez apporter des matières organiques.
Car ce sont les matières organiques décomposées qui contribuent à améliorer
- la structure du sol,
- sa rétention d’eau,
- et fournissent des nutriments aux plantes.
Miam ! le sol vous dit merci !
Mais au fait ? qui va manger tout ça ?
Sol vivant, ça veut dire quoi au juste ?
Nous le savons désormais, le sol n’est pas simplement un support de culture minéral, c’est un milieu vivant.
Ce sont les organismes vivants du sol qui vont « digérer » tous ces matériaux que vous allez leur apporter pour les transformer en éléments simples, assimilables par les plantes.
On peut les classer ainsi :
- La macrofaune (les individus mesurent entre 4 et 80 mm)
- La mésofaune ou Méiofaune (les individus mesurent entre 0,2 et 4 mm)
- La microfaune (les individus mesurent moins de 0,2 mm)
Note : RAPOPORT (1966) distinguait : la nanofaune (moins de 0,2 mm)
La Vie Cachée sous Nos Pieds :
Bien sûr, dans le sol, il y a les racines des plantes, vivantes, elles aussi,
les champignons... qui font l’objet d’autres articles.
Aujourd’hui, et même si dans le sol leur action est conjointe, nous allons nous intéresser aux petites bêtes.
Les sols fertiles abritent un monde mystérieux et souvent méconnu, peuplé de créatures fascinantes.
La macrofaune, la mésofaune et la microfaune
trois catégories importantes de la faune du sol.
Elles jouent des rôles cruciaux dans les écosystèmes fertiles.
C’est pourquoi, dans cet article, nous allons regarder de plus près du côté de ces petits habitants souvent négligés. Nous mettrons en lumière leur impact sur la santé des sols et l’équilibre écologique.
La Macrofaune des Sols Fertiles
La macrofaune désigne les organismes du sol visibles à l’œil nu.
Dans les forêts, elle comprend une variété de créatures, telles que les petits mammifères, les vers de terre, des mollusques, des mille-pattes, les insectes, les arachnides, les cloportes…
Ces acteurs clés contribuent aux processus écologiques.
Les vers de Terre :
Vous saviez que j’allais en parler bien sûr ! Ils occupent la première place lorsqu’on parle de vie du sol.
Une place bien méritée puisque ce sont eux les ingénieurs du sol.
Les vers de terre, jouent un rôle vital dans la formation de la structure du sol. Leurs activités de fouissage, avec leurs tunnels, facilitent la circulation de l’air et de l’eau, favorisant ainsi la croissance des plantes.
Certains vers de terre sont également des ingénieurs génétiques, modifiant la composition chimique du sol.
Les insectes du Sol :
Viennent ensuite de nombreux insectes, comme les coléoptères et les fourmis.
Les coléoptères, en tant que décomposeurs, jouent un rôle majeur dans la transformation de la matière organique en humus.
Les fourmis, quant à elles, participent activement à la décomposition et à la dispersion des graines, influençant la régénération de la flore.
Leur présence influence également la régulation des populations d’autres organismes, contribuant ainsi à l’équilibre de l’écosystème.
Les petits Vertébrés :
Ce sont de petits animaux tels que les musaraignes, les taupes et les petits rongeurs qui complètent la macrofaune.
On n’y pense pas forcément, mais leurs activités de fouissage et de creusage contribuent à la ventilation du sol, favorisant ainsi une meilleure absorption des nutriments par les racines des plantes.
Leur présence influence par ailleurs la dynamique des populations d’insectes, puisque la musaraigne, par exemple, est insectivore.
La Mésofaune des Sols Fertiles
La mésofaune, quant à elle, regroupe des organismes encore plus petits, souvent microscopiques, qui échappent généralement à l’observation à l’œil nu.
Les acariens :
On pense tout de suite aux araignées. Certes. Pourtant, ces arachnides là, eux, sont minuscules et omniprésents dans les sols fertiles.
Ces arachnides, donc, souvent négligés, jouent un rôle vital dans la fragmentation de la matière organique, accélérant ainsi le processus de décomposition. Certains acariens sont également des prédateurs d’autres organismes du sol, contribuant à la régulation des populations.
Les collemboles :
Ces petits insectes sans ailes sont abondants dans la litière du sol fertile. Ces petits insectes sont, eux aussi, des experts en décomposition. Ils dégradent la matière organique en plus petites particules, facilitant ainsi le travail d’autres décomposeurs. Leur présence est fréquemment utilisée comme indicateur de la santé du sol.
Ils contribuent à la dissémination et à la régulation de la microflore du sol (bactéries, champignons) et jouent un rôle majeur dans la circulation des nutriments (azote, phosphore, potassium, etc.), assurant ainsi la disponibilité de nutriments essentiels aux végétaux.
Les nématodes :
Ces vers microscopiques, bien que minuscules, jouent un rôle essentiel dans le cycle des éléments nutritifs en décomposant la matière organique et en libérant des nutriments essentiels pour les plantes.
Certains sont associés aux racines, influençant directement la croissance des plantes.
Les enchytrées :
Que l’on trouve plutôt dans les sols et milieux riches en matière organique, et particulièrement dans le sable du littoral ou d’estuaires.
La microfaune des sols fertiles
Encore plus petits, on pourra citer les tardigrades (ou oursons d’eau) dont il existe environ 1300 espèces dont la plupart sont terrestres.
(Pour autant, bien que les tardigrades soient fascinants en raison de leur résilience et de leur capacité à survivre dans des conditions extrêmes, ils n’ont généralement pas d’impact significatif sur les jardins domestiques, d’après ce qu’on en connait pour l’instant.)
et les protozoaires :
Ces micro-organismes unicellulaires peuvent avoir des rôles bénéfiques au jardin en contribuant à des processus biologiques importants puisque certains protozoaires participent activement au cycle des éléments nutritifs dans le sol.
Ils se nourrissent de bactéries et d’autres micro-organismes, contribuant ainsi à la décomposition de la matière organique et au recyclage des éléments nutritifs tels que l’azote, le phosphore et le potassium.
Des protozoaires, en particulier ceux qui se déplacent librement dans le sol, contribuent à l’aération du sol en créant des passages et des canaux. Cela favorise une meilleure circulation de l’air, de l’eau et des nutriments, bénéficiant ainsi aux racines des plantes.
Certains protozoaires se nourrissent de bactéries pathogènes pour les plantes, ce qui peut contribuer à maintenir des niveaux équilibrés de micro-organismes dans le sol. Cela peut potentiellement aider à réduire les maladies des plantes.
De plus, quelques protozoaires établissent des relations symbiotiques avec les racines des plantes, favorisant ainsi la croissance des plantes. Ils peuvent ainsi aider à améliorer l’absorption des nutriments par les racines.
D’autres protozoaires se nourrissent de matière organique en décomposition, ce qui contribue à la décomposition de la matière morte dans le sol.
Comment tous ces "habitants" arrivent-ils dans mon jardin ?
Les possibilités de venue des animaux dans les sols sont variées.
En effet, si de nombreux animaux peuvent être transportés par le vent, comme les animaux de la microfaune, Protozoaires, Nématodes, Rotifères et Tardigrades.
Ils peuvent également être transportés par les insectes, les animaux supérieurs ou l’homme. De la même façon, d’autres, comme les Acariens et les larves de Diptères, etc… peuvent être transportés de cette façon.
Les eaux de ruissellement contribuent, elles aussi, à la dispersion de nombreuses espèces, tels les Collemboles de surface (ou épi édaphiques) qui, non mouillables,
flottent à la surface de l’eau.
Quant aux animaux de la mésofaune et de la macrofaune, ils peuvent se déplacer par eux-mêmes.
Les espèces de la faune euédaphique, (c’est-à-dire vivant dans la profondeur du sol) sont peu colonisatrices et généralement très sensibles à la sécheresse. (Marcel BOUCHE (1972)
Il existe aussi des cas d’introduction accidentelle par l’homme comme ce fut le cas avec les vers de terre en Nouvelle-Zélande
Pourquoi ces êtres vivants du sol sont-ils importants pour un sol fertile ?
La faune du sol aura une action sur la dégradation et l’humification des litières :
- Action sur la vitesse de disparition des litières
- Action sur la fragmentation des litières :
Les éléments de cette litière seront
– ingérés par des représentants de la macrofaune
(Lombricides, Enchytréides, Myriapode
– repris par les Micro-arthro-podes de la mésofaune
– récupérés et ingérés par des Nématodes de la microfaune. - Action sur I’humification des matériaux végétaux (détails dans le livre de PREVOT (1970)
Mais aussi sur les caractéristiques des sols
- sur les caractéristiques physiques des sols
Afin de rendre son habitat le plus habitable possible, la faune du sol agira mécaniquement (fouisseurs) - sur les caractéristiques chimiques des sols
Concernant l’azote, par exemple, les organismes du sol constituent aussi par eux-mêmes une réserve d’azote souvent très importante et mobilisable à leur mort.
« La mortalité de saison sèche des vers de terre peut apporter aux cultures jusqu’à
la moitie de leurs besoins en azote (SATCHELL, 1960) » - sur les caractéristiques biologiques des sols
La reprise des excréments de l’un à l’autre, puisque l’un ne digère pas ce que l’autre pourra, contribue à accroître le potentiel enzymatique des sols.
Interactions et Impacts Écologiques
Nous l’avons compris, dans les sols, du fait que les divers animaux n’assimilent pas tous les mêmes matières organiques et que chaque débris végétal passe généralement par plusieurs tubes digestifs avant sa complète minéralisation, les associations par coprophagie prennent une importance particulière au sein des chaînes alimentaires.
Un exemple : Les larves de Diptères assimilent ainsi souvent moins de 7 % de la litière consommée, 93 % se retrouvant dans leurs excréments (VAN DER DRIFT et WITKAMP, 1960)
D’un autre côté, les espèces évitent la compétition en ayant un régime alimentaire différent.
Nous venons de le constater, il existe de nombreuses interconnexions entre la macrofaune, la mésofaune et la microfaune dans les sols fertiles, ce qui crée un réseau complexe d’interactions.
Ces organismes influent sur la structure du sol, la disponibilité des nutriments, et participent activement à la régulation des populations.
On comprend donc qu’ils sont des acteurs cruciaux dans le maintien de la santé des écosystèmes fertiles.
Par exemple, les déjections des vers de terre enrichissent le sol en nutriments, tandis que les activités des insectes du sol mélangent les couches, créant ainsi des conditions propices à la vie végétale.
Et par ailleurs, les interactions prédateur-proie entre la mésofaune contribuent à maintenir l’équilibre délicat des populations.
Importance pour la Biodiversité et la Durabilité
La diversité de la macrofaune et de la mésofaune des sols fertiles est le signe d’une biodiversité riche et équilibrée.
La conservation de ces petits habitants est cruciale pour garantir la résilience de ces écosystèmes face aux changements environnementaux.
Nous comprenons ainsi pourquoi il est important de leur accorder toute l’importance qu’ils méritent, car ils contribuent non seulement à la préservation de la biodiversité, mais aussi à une gestion durable des sols.
Dégradation normale des litières en milieu tempéré et aéré
Pour un apport annuel de 200 à 400 g de litière au mètre carré, on estime que :
- les vers en ingèrent 250 g en 3 mois,
- les acariens entre 30 et 40 g
- les Collemboles de 50 à 60 g.
Non seulement toute la litière végétale peut être ingérée par les animaux du sol, mais, comme nous l’avons dit plus haut, elle passe en grande partie par plusieurs tubes digestifs avant d’être livrée à la microflore pour être enfin complètement dégradée.
Comprendre et préserver ces acteurs méconnus est essentiel pour assurer la pérennité de nos forêts et la santé globale de notre planète.
Où trouve t-on la faune des sols
Dans les sols bruns des régions tempérées, la majorité de la faune se localise dans les 10 à 20 premiers centimètres. Les sols travaillés offrent une faune plus pauvre, mais souvent plus profondément répartie que dans les sols de prairie ou les sols de forêt. Délaissant les espaces nus, cette faune tend horizontalement à se localiser à proximité des plantes cultivées et de leurs racines.
(BULLOCK, 1964)
On comprend pourquoi il est préférable de ne pas travailler le sol.
Articles recommandés
Plaquette pédagogique de l'ADEME
Cette plaquette de l’ADEME en téléchargement gratuit a pour but de sensibiliser sur la vie des sols.
Vous pouvez également télécharger un jeu de 7 familles.
En conclusion :
Nous pourrions continuer sur le sujet et l’approfondir, mais arrêtons-nous là pour cette fois.
Retenons que la vie souterraine, bien que discrète, est d’une complexité fascinante. Elle façonne le monde du dessus du sol, modelant les paysages au fil du temps.
Elle mérite toute notre attention.
- Ne travaillons pas le sol
- Ne le laissons pas nu, car le soleil le stérilise.
Vous avez tout lu (ou pas)
Je serais heureuse de recueillir vos remarques et vos suggestions.
Rejoignez-nous dans les commentaires
Je viens d’emménager dans une maison avec jardin. Je planifie de faire revivre le potager laissé à l’abandon depuis de nombreuses années. Je suis donc très heureuse de découvrir cet article clair et bien documenté qui me donne des pistes naturelles pour me lancer !
Je m’intéresse de plus en plus au fonctionnement de notre écosystème et de mon nouveau jardin en particulier. Merci pour cet article détaillé expliquant clairement tout ce qui compose un sol fertile !