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Cultiver sans travailler (le sol)

Cultiver avec la vie du sol ce n’est ni compliqué ni difficile, ni fatiguant.

Car dans le sol se trouvent déjà  les travailleurs qui travaillent pour vous.

La récente crise sanitaire a précipité de nombreux foyers dans la précarité : perte d’emploi, de salaire, détresse sociale et alimentaire…
mais aussi cette crise a permis une véritable prise de conscience de ce qui était essentiel: bien se nourrir sans être dépendant.

Que vous n’ayez aucune idée de comment vous y prendre (et j’oserais dire tant mieux), ou

Que vous vouliez réorganiser votre jardin actuel car vous avez envie d’appliquer les nouvelles recommandations dont vous avez entendu parler…

Bonne nouvelle !

Cultiver sans travail du sol,
c’est possible avec l’agroforesterie

C’est quoi ce mot barbare ?

Le jardinage suivant les méthodes de l’agroforesterie, c’est “juste” une autre vision du jardinage.

Vous en entendrez parler de plus en plus, car c’est l’avenir de l’agriculture, mais aussi l’avenir de la culture tout court, ses méthodes sont adaptées au simple jardinier.

Ce sont des méthodes simples à appliquer avec un peu de bon sens et une nouvelle éducation sur le mode de fonctionnement du sol, des plantes et de tous les petits êtres qui participent à sa vie.

Quelles sont ces “nouvelles” méthodes que nous devons appliquer ?

Notre objectif: obtenir la bonne croissance de nos plants et dans le cas d’un potager, la productivité des végétaux.

Mais plutôt que nourrir les plantes, nous allons nourrir la terre et tous les micro-organismes pour entretenir la fertilité du sol.

Comment travailler avec la vie du sol ?

“Un arbre ne s’arrose pas, ne se bine pas, n’a pas besoin d’engrais et pourtant il pousse tous les jours. On n’a jamais réussi à faire mieux en agriculture”, nous dit Konrad Schreiber dans les vidéos de la chaine MSV, alors pourquoi vouloir pratiquer autrement dans nos jardins ?
Nous voudrions “que tout soit propre”.

A la place, l’agroécologie propose “que nous offrions le gîte et le couvert à la vie du sol”

Toujours selon MSV, l’association qui pratique des expérimentaions sur le terrain en collaboration avec les maraichers et les agriculteurs (plutôt qu’en labo car les résultats sont étonnamment différents), le sol est créé par des êtres vivants pour lesquels c’est la maison, et la nourriture. Ils vivent en parfaite synergie, en collaboration réciproque.

La pédofaune et la pédoflore s’unissent pour une “agriculture du carbone”

Comment fonctionne un sol vivant ?

Les grandes lignes

Pour comprendre comment on peut cultiver avec le sol vivant il faut connaitre quelques bases.
Lorsqu’on sait pourquoi on fait quelque chose, il est plus facile de trouver les solutions et d’évaluer les éventuels problèmes.

 Et tout devient (relativement) FACILE

Ainsi, lorsque le jardinier comprend comment effectuer une bonne fertilisation en
s’affranchissant des engrais chimiques et en les remplaçant par du compost bien préparé qui apportera les éléments nutritifs indispensables, qu’il utilise le fumier à bon escient,
qu’il sait doser les matières organiques par rapport aux matières minérales et carbonées,
qu’il peut se passer des pesticides grâce aux auxiliaires, en les attirant notamment, ou en équilibrant les minéraux du sol pour éviter les ravageurs,
lorsqu’il connait l’importance de lhumus, dans la rétention d’eau, contre l‘érosion et le tassage du sol,
qu’il sait améliorer la structure du sol pour que ses plantations profitent au maximum en plongeant profond leurs racines,
qu’il utilise du paillage pour une bonne gestion de l’eau, en particulier avec des engrais verts utilisés judicieusement,

Tout est équilibre dans la Nature
et bien l’observer et la copier permet de cultiver avec elle plutôt qu’en luttant sans arrêt contre elle.

Le sol vivant, qu’est-ce que ça veut dire ?

Cela veut dire qu’il faudrait prendre le sol non pas comme un simple support, mais comme un être à part entière.
Comme nous sommes composés de cellules vivantes qui consomment, qui respirent, qui évacuent… le sol est composé de matière fabriquée, excrétée par des êtres vivants, comme les vers de terre, nous l’avons vu (dans cet article), mais aussi d’un tas d’autres petites bêtes (fourmis, Cloportes, Forficules, Lithobies, Iules, Polydesmes, Araignéeset autres acarien, Chrysolèmes, Staphylins, Collemboles, Larves d’insectes, Curculionidés, un tas de vie au nom connu ou moins connu), qui respirent, qui mangent, qui excrètent

Dans la Nature, tout pousse tout seul

Alors pourquoi devrions nous nous fatiguer ?
Il suffit de faire comme la Nature.

Prenons le sol comme une maison

Dans cette maison il y a les habitants, que nous venons de lister, certains que l’on voit à l’œil nu, d’autres pas.
Ces habitants ont besoin de respirer, de manger
Leur habitat ce sont les débris d’organismes végétaux par exemple), et de constituants minéraux (sable, argile…) Il y a aussi des gaz qui circulent dans les interstices du sol, et enfin la “ solution du sol “, formée d’eau et d’ions.

Le sol est un habitat pour de nombreux et divers autres organismes vivants

Il y a bien sur les racines des plantes, mais aussi une microflore (bactéries et champignons).

En somme, le sol abrite une abondance et une diversité biologique: c’est la biodiversité (des millions d’individus appartenant à des milliers d’espèces différentes .

Ces êtres vivants tous ensemble participent à la chaîne de décomposition de la matière organique et à la structuration et rétention en eau de sol.
Ce sont les ouvriers du sol.

Et figurez vous que ces ouvriers du sol travaillent tous les jours,
sans congés payés et sans faire grève !

Ces êtres vivants il faut les nourrir

Nourrir le sol plutôt que nourrir la plante.

Que doit manger le sol ?
le sol a besoin de carbone, et pas seulement d’azote quoiqu’on en ait pensé longtemps.

Nous rentrons dans l’agriculture du carbone.

Concrètement

Pour faire simple:

Vous l’avez compris, les êtres vivants du sol ne supportent pas d’être mixés ou enterrés ou au contraire de se retrouver au soleil,
Et pour éviter ça, on ne retourne donc plus la terre, c’est à dire qu’on ne chamboule plus les différents horizons. Toutefois, comme il faut conserver la surface en aérobie, il arrive qu’on soit obligé de décompacter les premiers centimètres. C’est normalement le rôle des adventices qui lèvent leur dormance pour ce faire.
le rumex est une championne dans ce domaine, mais attention, mieux vaut ne pas laisser ses graines…elle ferait du zèle 😉
En sol très lourd et compacté, en attendant que la surface devienne cette belle semoule si favorable à l’enracinement, j’utilise pour ma part la fourche bêche enfoncée sur 5 ou 10 cm que je déplace en mouvements de vas et vient d’avant en arrière, comme une grelinette.

Plus de travail du sol !

On ne maintient plus le sol par perfusion d’engrais, surtout pas chimique, dont l’effet est temporaire et fugace.

Désormais, nous lui offrons sa ration de carbone sous forme de BRF (bois raméal fragmenté) c’est à dire les rameaux de l’année broyés épandus au sol sur quelques centimètres à la fois, ou du simple broyat de branches, de la paille ou du foin. Sous l’action de la pédofaune et la pédoflore dont nous avons parlé plus haut, qui le décompose, cette matière carbonée apporte un humus stable, garant de la fertilité des sols à long terme. L’humus préserve l’humidité et freine les phénomènes de tassement du sol. Il est capable de retenir huit fois plus d’eau lors d’une averse qu’un sol à nu et de la restituer graduellement en fonction des besoins du milieu.

Plus la vie du sol sera présente et active, plus la couche carbonée disparaitra rapidement.

Attention toutefois à ne pas déposer trop de matière carbonée à la fois afin d’éviter la faim d’azote, les bactéries qui dégradent ces matières consommant de l’azote justement, elles en privent les plantes alentour. Pour palier, on sèmera des légumineuses qui apporteront l’azote ou on ajoutera des feuillages verts riches en azote eux aussi.
En tout état de cause, on ne plante ou on ne sème que dans le sol, jamais dans la couverture carbonée.

Les feuilles mortes formeront un manteau d’hiver pour les habitants du sol qui prépareront en secret un printemps fertile.

Rappel:
Le compost et le fumier sont des engrais, des boosters de pousse des végétaux. Ils ne nourrissent que peu la terre, mais profitent directement aux plantes, quelques fois au détriment des bactéries….mais ce sera l’objet d‘un article spécial sur le compost et les fumiers au jardin.

Vous vous posez encore plus de questions ?

Bien sur, nous reviendront à la vie du sol et aux méthodes de culture sur sol vivant dans d’autres articles.

Votre jardin vous ressemble et n’est à nulle autre pareil.
Je serais très fière de pouvoir vous aider lors des différentes étapes de la compréhension à la création de votre jardin en agroforesterie, de votre jardin sur sol vivant.

Vous pouvez déposer vos commentaires et poser vos questions ci après

A tout de suite…

Cet article a 9 commentaires

  1. Un bon jardinier doit respecter le sol de son jardin. Aujourd’hui il n’est plus pensable d’utiliser la chimie pour cultiver son jardin. On connaît les problèmes que ça cause à l’échelle mondiale et aussi avec la rareté des abeilles et papillons dans nos jardins. La biodiversité c’est le secret pour une terre nourricière à long terme et aussi pour de jolis jardins pleins de vie !

  2. Magali Cochez

    Cultiver sans jardiner, voilà un sujet qui m’intéresse :)). N’y connaissant strictement rien en matière d’agriculture mais ayant toujours voulu un jour me faire un potager, je suivrai avec intérêt tes différents articles 😉

    1. Noyaudujardin

      Merci Magali pour ton intérêt pour le potager surtout et pour le blog. Surtout, n’hésite pas à poser les questions qui te “turlupinent”.

  3. christinenaturo

    Cultivez sans travailler ! Je n’aurai jamais cru ça possible ! Et bien il ne nous reste plus qu’à essayer… Merci pour tous ces super conseils 🙂

    1. Noyaudujardin

      Contente d’avoir fait connaitre cette façon de cultiver…qui respecte la vie…de tout le monde 😉

  4. pigeontruffleoberon99567

    Merci pour cet article intéressant! Moi j’utilise la grelinette, je désherbe à la main un peu puis je sème et/ou je plante et je paille. Il a fait chaud cet été mais je trouve que je m’en sors bien. Je vais retester l’année prochaine!

    1. Noyaudujardin

      Contente que cet article t’ait plu.
      L’humus formé par la dégradation des matières en surface retient l’eau huit fois plus que le sol à nu, protège contre l’érosion et le tassement, que des avantages.
      Bonne continuation.

  5. Bab Woodnet

    Super article 😊👍

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