Vous rencontrez un problème de limaces ou d’escargots.
Et Oui !
Que ceux qui aiment les limaces dans leur jardin lèvent la main...
Dans cet article
ToggleJe m’en doutais ! vraiment peu de gens pour ne pas dire personne.
En effet, les limaces au jardin sont souvent, pour ne pas dire systématiquement, un problème.
Pourquoi n’aime-t-on pas les limaces ?
En général, lorsqu’on trouve une limace, c’est qu’elle vient de commettre son méfait : elle vient de dévorer notre plante !
On ne peut pas le nier, à ce moment là, la limace n’est pas notre amie !
Comment faire pour se débarrasser des limaces ?
En général lorsqu’on parle de limace, on voit ses laitues dévorées par un ennemi quasi invisible qui laisse juste une trace baveuse luisante.
A ce moment précis, on voudrait bien l’écraser, l’exploser, la noyer ou tout autre acte de barbarie qui pourrait soulager notre rage.
Et là, je vous comprends.
Les limaces sont vraiment un problème
Pour gérer les limaces, faut-il pour autant les tuer ?
Réfléchissons :
Qu’est-ce qui cause ma colère ?
La perte de mes plants.
Solution :
Me débarrasser de l’animal qui a causé ces dégâts.
C’est quand même un peu simple, voire carrément simpliste comme remède.
Car si la Nature a créé des limaces, il doit bien y avoir une raison.
D’accord, mais moi, je ne veux pas les voir bouffer mes plantations !
En les connaissant mieux, on pourrait du moins les empêcher de nuire à notre niveau.
Comme dirait Hervé Covès, pourquoi assassiner les limaces ?
On pourrait les empêcher de passer au mieux, les éloigner en tout cas.
Et là je vous entends hurler :
Ah, mais vous n’avez pas vu mes petits plants rasés à la dernière pluie…
La liste des idées pour les empêcher de passer, des recettes du genre coquilles d’oeuf, sciure, cendre…est longue, mais ne fonctionne pas dès que la pluie s’en mêle or c’est à ce moment que la limace sort pour faire son marché.
Dans nos potagers, on n’a pas tellement le dessus sur les limaces, on a beau faire, elles reviennent et dévastent tout.
Alors la réponse serait
Oui, les limaces sont un problème.
Et pourtant…
Comprendre les limaces pour les gérer
Il y a des limaces partout.
et si’l y en a dans tous les pays, même les plus rudes, on peut se dire que la Nature ne les a certainement pas mises là par hasard.
Il en existe dans tous les écosystèmes.
À quoi peuvent bien servir les limaces ?
Une expérience :
Sur une culture de truffe, et par extension sur d’autres élevages de champignons, la limace a un rôle significatif.
En effet, lors d’une étude réalisée chez un éleveur de truffes, Hervé Covès a remarqué que la limace mange la chaire du champignon mais ne digère pas les spores. Elle fait ensuite comme tout être vivant des excréments qui eux sont mangés par les vers de terre (qui ne digèrent pas les spores de champignons non plus, mais du coup les disséminent).
Le ver n’aurait pas mangé le champignon, ni les spores directement.
Premier rôle de la limace dans ce cas, la dispersion des spores. Sans elle, le (bon) champignon ne se serait pas répandu.
Le sol nous apparait donc comme un tube digestif
La limace est un élément de ce tube digestif.
Rappel, nous avons bien compris qu’il faut
considérer le sol comme un organisme qui est constitué d’autres organismes jusqu’au plus petit.
Revenons à notre limace
Nous venons de voir qu’elle est utile à la culture de champignons qui sans elle ne se reproduiraient pas donc disparaitraient.
Elle mange des champignons donc aussi des champignons pathogènes.
A quoi la limace peut-elle servir d’autre ?
Les limaces sont des décomposeurs.
Elles sont ainsi bien utiles dans la nature.
Comment fonctionne le sol ?
Chez nous (par opposition aux forêts tropicales), chaque fois qu’un organisme meurt, il est mangé par des champignons qui détruisent la lignine, ensuite les collemboles et tout le cortège des petites bestioles du sol, mangent les champignons.
Tout ce petit monde fait des excréments qui sont repris par les vers de terre, ça nous l’avons déjà dit.
Ce ver de terre, dans son tube digestif, fabrique des agrégats, mélange de minéral et de végétal délignifié, des mucus, des fibres sous l’aspect de feutrine qui donnent de la stabilité aux agrégats en créant des structures hyper poreuses dans lesquelles les bactéries peuvent se développer en très grand nombre et re-minéraliser ces éléments.
Ce processus est important dans la fabrication d’un humus riche et stable.
La digestion se fait donc à l’extérieur dans les agrégats. Tous les nutriments sont ainsi rendus disponibles de nouveau pour la vie.
Les nettoyeurs du sol, chacun leur rôle ou tous le même ?
Nous venons de le voir, ce sont les champignons, les vers de terre et la limace entre autre.
Lorsque qu’on est ds un sol où il existe beaucoup de champignons, la fonction de digestion est assurée par le champignon.
Imaginez maintenant votre salade
La limace va se déplacer, venir manger la salade pourrie, mais seulement s’il y a abondance et que les champignons ne sont pas capables de le faire tout seuls.
La limace est en conséquence un petit appareil digestif ambulant qui vient prêter main forte là où est le besoin.
Sans limaces, ces feuilles de votre salade qui pourrit, seraient attaquées par des champignons beaucoup moins sympathiques. Des champignons parasites couvriraient ces salades et produiraient beaucoup de spores pathogènes qui se dissémineraient facilement (par l’air entre autre) attaqueraient d’autres salades moins pourries…vous voyez le tableau ?
Les limaces sont des nettoyeurs, en prévention des maladies.
Elles participent à l’équilibre de la vie du sol et sur le sol.
Dès lors qu’on a compris que la limace est une partie de l’appareil digestif de nos sols, on peut s’orienter vers d’autres stratégies pour réguler les limaces dans nos jardins.
Vitesse de déplacement de la limace
La nuit la limace vit dans le sol
Les escargots font plusieurs mètres par nuit, les limaces, c’est surement pareil mais c’est plus difficile à observer.
Finalement, comment gérer les limaces ?
C’est bien la question à laquelle on voudrait une réponse.
Ce n’est pas parce qu’elle a un rôle que je vais lui permettre de raser mes plantations !
Maintenant que nous connaissons mieux le rôle des limaces, nous allons essayer de les gérer plutôt que les exterminer, c’est évident 😉
La règle, une fois de plus, est dans l’équilibre.
La limace, comme nous venons de le comprendre, est un élément du système digestif de notre sol.
Pour gérer les limaces, il faut donc gérer la fonction digestive de votre système en gérant en même temps la présence des vers de terre(voir l’article) et des champignons..
Si le sol est suffisamment riche en lignine, c’est-à-dire en paille, foin, feuilles, carton, bois, les champignons vont assumer la fonction de digestion puisqu’ils seront en nombre suffisant.
Les limaces n’auront pas besoin d’intervenir. SAUF si on apporte beaucoup de lignine d’un coup, alors elles viendront à la rescousse.
Le cas du compost:
Dans le compost, il y a beaucoup de limaces.
Les vers de compost aussi sont très présents, mais les limaces mangeront les matières organiques fraiches moins décomposées qu’elles laisseront au vers.
Quand les limaces sévissent t-elles le plus ?
Au printemps bien sur,
les limaces ont faim et s’attaquent aux plantules.
Une façon de les réguler à ce moment-là est de les nourrir pour leur permettre de passer ce cap.
Et oui ! les limaces sont utiles, vous voici éleveur de limaces, qui l’eut cru 😉
Les limaces aiment particulièrement les crucifères (moutardes, colzas…). Si vous en semez dans un endroit un peu éloigné de votre potager ou de vos petits plants d’une manière générale, vous les attirerez par là.
Les limaces s’attaquent aux jeunes plantes, ce qui détruit la plante. Tandis que si la plante est plus développée, le prélèvement des limaces aura moins d’incidence.
C’est pourquoi je prépare les plants (même les haricots, pois) en godets avant de les repiquer en poquets comme le préconise M. Lespinasse.
À l’automne aussi, dès que les pluies reviennent de façon plus abondante.
Pour gérer les limaces
et protéger une zone
où elles sont indésirables,
on peut
favoriser leurs prédateurs.
Les carabes (ne pas confondre avec les scarabées) et surtout leurs larves.
Les staphylins
D’autres limaces mangent leurs congénères (les limaces tigre)
le hérisson, bien connu des jardiniers, petite bête adorable et fragile, est pourtant un redoutable ennemi des limaces dont il rafflole.
Les poules, canards et autres volailles, les oiseaux aussi, sont de bons prédateurs contre des limaces.
mais attention aux dégâts que ces volatiles peuvent faire à leur tour.
Pour les poules :
L’utilisation des poulaillers mobiles peut être intéressante.
Dans les grands jardins, des cochons en liberté dans les espaces libérés par les cultures peuvent être avantageusement lâchés sur ces mêmes parcelles lorsqu’on a la place (et qu’on peut les nourrir le reste du temps)
Astuces pour favoriser les autres prédateurs :
Il faut qu’ils soient présents sur place au moment de l’arrivée des ravageurs.
Et le meilleur moyen est d’attirer ces prédateurs.
Comment faire ?
Un bon système consiste à disposer du bois en décomposition
Ce bois va produire des champignons, qui vont attirer des collemboles qui se feront manger au printemps et les prédateurs qui auront été bien nourris jusque-là n’auront plus qu’à se reporter sur les limaces.
Bien joué non ?
Autour des tas de bois, on sème des crucifères qui attireront les limaces, et voilà comment on les amène près de leurs prédateurs.
C’est un bon piège n’est-ce pas ?
L’été
les limaces restent recroquevillées en boule dans le sol.
À chaque pluie, ce qui est endormi se réveille et à ce moment-là, les limaces viennent manger ce qui s’est détruit et qui n’a pas été mangé pendant cette période.
En automne
La plante a suffisamment d’énergie pour se défendre.
Si le sol a une bonne capacité digestive, pas de problème.
Mais s’il a fait trop sec et que les champignons sont moins présents, les limaces viendront en renfort pour nettoyer à la place des champignons qui font défaut.
Tous les détritus disposés en périphérie (ou dans les allées) attireront les limaces loin des plantules.
Et bien sûr, il faut y maintenir la fraicheur et l’humidité.
favoriser
La terre de diatomées une solution
La terre de diatomée est un produit efficace qui empêche la progression des limaces, un peu comme la cendre de bois mais en plus efficace. La cendre n’arrête pas longtemps les limaces et elle ne fait que les faire patiner.
La terre de diatomées desséche les limaces par action mécanique.
Comment agir ?
il suffit de saupoudrer pour faire une barrière autour des plants. Comme elle risque de se déshydrater et de mourir, elle fuira cet emplacement inhospitalier. Toutefois, comme la cendre, la terre de diatomée n’est efficace que lorsqu’elle est sèche. Il faut donc veillez à l’appliquer par temps sec de préférence. Si une pluie intense s’abat sur le jardin, il faudra saupoudrer à nouveau cette terre autour des plants à protéger.
Résumons
Comment gérer les limaces ?
L’équilibre du jardin favorise la gestion des limaces.
La diversité dans l’écosystème est indispensable, tout est question d’équilibre.
Tuer la limace ne résout pas le problème puisque si la limace est là c’est que problème il y a.
Eloigner les limaces
Pour garder la limace loin des parties du jardin où elle n’est pas désirée, il suffit
(quand l’équilibre est atteint)
- d’un tas de bois en décomposition
- de champignons dans ce tas de bois
- des crucifères
Si la limace prolifère outre mesure, c’est que la digestion du sol est malade.
Pour garder la limace loin des parties du jardin où elle n’est pas désirée il suffit (dès que l’équilibre est atteint)
d’un tas de bois en décomposition
de champignons dans ce tas de bois
des crucifères
Remarque:
Puisque la limace est attirée par les crucifères, évidemment, pour la culture des crucifères il faut gérer autrement.
On aura alors recours aux mélanges de cultures, par exemple, on plantera de l’aïl dans la culture.
Sous serre, on peut utiliser de l’extrait à l’huile d’aïl.
Voilà, vous avez quelques pistes pour gérer les limaces sans les exterminer et vous savez pourquoi elles sont utiles au jardinier puisqu’elles participent à la formation d’un bon sol, en lien avec les vers de terre, les champignons et la pédofaune.
Vous avez d’autres trucs ?
des astuces
contre les limaces ?
Vous pouvez laisser votre commentaire ci-dessous
Ressource :
Gestion holistique des limaces
https://youtu.be/DQ3Da73IGtw
Les ravageurs, limaces, taupins et autres
https://youtu.be/Jvf_SXqQXa0
Article complet, très intéressant. Pour l’instant je n’ai pas eu à me plaindre des limaces. Je me rends compte que, sans le savoir, j’utilise des techniques pour éviter d’être envahi.
Merci pour ton commentaire qui valide la méthode 😉
Super merci pour cet article ! J’aime beaucoup ton approche globale de l’ecosystème, bien plus intéressant que juste donner une solution direct et simplicte à ce problème (souvent ces astuces ne fonctionne pas bien).
En constatant le nombre de mails que je reçois concernant des demandes de remèdes, je me dis qu’il vaut mieux « donner les outils plutôt que donner à manger » si je peux me permettre la métaphore. En expliquant pourquoi pratiquer différemment, on a plus de chance d’obtenir des résultats différent chez chacun, chaque caontexte étant unique.
Très intéressant cet article !
Par contre, je me demande : tu fais tout ça dans ton jardin et ça marche vraiment ??!
En tout cas, je vais tester pour voir. On ne sait jamais 😉
Parce que cette année, nos plantes ont été bien attaquées par les limaces et j’avoue, c’est super énervant ! Au final mon mari leur a fait la chasse et les a envoyés dans le champ d’en face…
A voir si d’autres méthodes fonctionnement alors ! 😉
Mais effectivement, on a observé qu’en plantant des plantes déjà plus grandes (et aussi un peu plus tard en saison) nous n’avions pas eu de problème de plants mangé par les limaces.
Oui je pratique dans mon potager et ça fonctionne. Le seul moment où j’ai des soucis, c’est lorsque je mets en culture une nouvelle parcelle, là, il faut le temps que ça s’équilibre.
Mais j’ai aussi des poules dans ces cas là…je ferai un article sur les parcours mobiles…
Merci pour ton commentaire.
Bonjour et merci pour cet article ! Cette année nous n’avons pas eu de limace, mais des armées d’escargots. Je note tous vos conseils au cas où nous aurions des limaces dans le futur. Personnellement je ne me fâche pas lorsque des animaux mangent ce que j’ai planté. Après tout, il faut partager… J’aimerais juste en avoir quelques portions moi aussi ! 😉
Et oui ! le partage, ça devrait être dans les deux sens, mais nos charmantes bestioles ne s’en soucient guère 😉
Merci pour cet article intéressant sur les limaces 😊 même cette petite bête de prime abord un peu embêtante a son intérêt au jardin.
Et oui…merci de ton intérêt pour l’article
merci pour cette article ! cette année, première fois que je plante des tomates dans mon tout nouveau jardin, les escargots et limaces se sont fait plaisirs ! Le problème c’est que j’ai un chat et que donc les oiseaux se méfient de lui ! Pour ma part, j’ai donc suivi une vidéo de la Ville de Paris qui conseillait de faire une concoction à l’ail et asperger les plantes avec, le seul problème c’est qu’il faut recommencer souvent…. 🙁
Merci pour ce commentaire. Oui c’est ça, les « recettes » de décoctions sont efficaces, tant qu’il ne pleut pas. Mais comme vous le dites, c’est la première année, le jardin va s’équilibrer et les oiseaux attendront que le chat ait le dos tourné. Suivez les conseils de l’article, donnez à manger à vos petites limaces au printemps et considérez les comme vos amies.
Pour éviter qu’elles ne mangent les petits pieds avant qu’ils soient mis en terre, vous pouvez les mettre au milieu d’un bassin avec de l’eau…quand ils sont repiqués, les remèdes de grand mère sont applicables en même temps que le piège préconisé dans l’article, un abri et de la nourriture pour leurs prédateurs. Courage, un potager n’est jamais deux années pareil.
Je me demande pourqoui justement on trouve tellement de limaces ici, en France, et non en Belgique: une autre terre? Il y en a mais très peu en compraison. pas u fléau. J’ai cultivé assez bien pour la vente (aidé le cultivateur) et vendu de longues années en bio. pas de limaces. Savez-vous quel serait la diffrence dans la terre?
J’habitais la frontière Belge, j’avais des limaces à l’époque…peut-être ont ils des autorisations pour les produits qui nous sont interdits ? je ne pense pas pourtant qu’ils n’aient pas de limace, ça doit être un endroit particulier où vous étiez. Ou alors au contraire, peut être qu’ils utilisent la méthode de les nourrir au moment où elles ont faim, qu’ils attirent les prédateurs ?…je leur demanderai à l’occasion, j’aurai peut-être matière à un autre article sur le sujet.
J’ai l’impression que les limaces oranges n’aiment pas les tomates ni les feuilles adultes de courgettes. Je met les restants des plantes en ce moment autour du jardin de légumes. Je verais ce que cela donne. D’autre part j’ai mis des panneaux galvanisées, qui se trouvaient dans la maison que j’ai acheté il y a 3 ans. C’est clair qu’elles n’aiment pas ça;
C’est à étudier pour le galva. Pour les autres feuilles, elles se décomposeront grâce aux autres acteurs du sol. La nature est redondante, elle a prévu plus d’un décomposeur.
Merci infiniment pour cet article incroyable, car je n’avais jamais vu les limaces sous ce jour ! La nature est tellement bien faite. Dès qu’on comprend la nature, en fait on n’a plus besoin de lutter contre, on travaille avec elle en harmonie… pour le plus grand bonheur de tous. 🎁🙏
Pour ma part, je nourris les limaces (et escargots) au printemps en plaçant du bois décomposé et du carton d’emballage brun bien compacté autour de mes aires de plantation. Elles doivent traverser ces obstacles pour atteindre mes petites plantes et… elles se gavent de carton … ensuite, elles n’ont plus faim pour mes plantules. Tous les matins je récolte toutes les bestioles qui ont presque traversé l’obstacle et je les redépose à la case départ pour un nouveau saut d’obstacle… Le carton est recyclé et mes plantations ont le temps de grandir et de se renforcer.
Ah voilà une bonne recette…
Autour d’un arbuste, j’ai dû mettre une bouteille encollée à l’adhésif double face (non, ça ne colle pas la bestiole, elle n’a juste pas envie de s’y risquer).
Merci du commentaire 😉