Au mois d’octobre, je récolte mes choux-fleurs.
Miam ! qu’ils font envie.
Et vous êtes peut-être en train de récolter les vôtres.
Vous satisfont-ils ?
Avez-vous envie de les réussir encore mieux l’année prochaine ?
Comme la réussite de cette culture n’est pas une question de chance, je vous propose un mini guide de culture du chou-fleur, du semis à la récolte, pour de bons et beaux gros choux-fleurs bien blancs et savoureux.
Grâce à ces petites choses qui font la différence, vous dégusterez vos choux-fleurs encore plus beaux et savoureux.
Car le chou-fleur est un légume exigeant et plutôt capricieux, qui nécessite de bien choisir
- le moment pour la plantation,
- une variété adaptée
- et un sol préparé avec soin.
Peut-être par manque de fertilisation, de fertilité du sol, car c’est un légume gourmand.
Au bout de quelques années d’amendement à base de compost et de fientes de poule, une irrigation optimisée, j’ai enfin réussi à avoir des choux-fleurs corrects.
Pour cultiver le chou-fleur il faut
- Choisir le moment idéal pour la plantation.
- Préparer le sol avec soin.
- Respecter l’espacement nécessaire entre les plants.
- Maintenir le sol humide mais pas détrempé.
- Protéger les plants contre les maladies et les ravageurs.
Savez-vous planter les choux ?
Vous vous lancez ?
Au commencement était la semence
On pourrait semer les choux-fleurs à des dates échelonnées afin d’avoir une récolte sur plusieurs mois.
Mais on peut également se servir des temps de culture dans le but de réaliser cet étalement des récoltes.
C’est bien pratique lorsqu’on installe une planche séparée sur bâche tissée (comme les maraichers) et qu’on la recouvre de filets anti-insectes. On n’aura à faire le travail qu’une fois pour la saison.
Des semences à durées de culture différentes.
Les choux-fleurs se classent par durée réelle de culture, souvent exprimée en jours après plantation (ou après semis selon les catalogues).
On trouve donc des choux-fleurs “75 jours”, “90 jours”, “120 jours”, etc.
Une idée de ce qu’on peut trouver comme semence de choux-fleurs.
Les très hâtifs, (dits « 60 ») se cultivent sous serre en France métropolitaine, ou alors, on peut décaler leur repiquage.
Préparer le plant
Ce légume apprécie la fraîcheur, c’est pourquoi il est préférable de le planter au printemps ou en automne.
Pour les variétés de printemps, commencez les semis en intérieur entre fin janvier et mi-mars, puis transférez les jeunes plants en pleine terre après 4 à 6 semaines.
Si on veut faire soi-même ses plants de choux-fleurs, c’est assez facile.
Il faut prendre des godets plutôt que des alvéoles, car, de mon expérience, les plants étant plus gros, on a de meilleures chances de réussir ses choux-fleurs.
- Je prends donc mes godets que je remplis de terreau à motter. J’ai trouvé que ce terreau était bien plus facile d’emploi que le traditionnel terreau à semis avec lequel je n’ai que rarement réussi mes choux-fleurs (allez savoir pourquoi).
- Je le mouille bien, car par la suite, je ne vais pas arroser (sauf très grosses chaleurs) mes semis jusqu’à la levée.
- Le terreau bien tassé (sans excès), on ménage un léger trou au milieu du godet,
- et on place la graine.
On peut aussi réaliser une caissette (caisse à poison en polystyrène) la remplir de la même façon avec le terreau à motter, tasser sans excès et compartimenter avec une palette à enduire (de pâtisserie ou de plâtrier) qui coupera des carrés, comme une motteuse.
De cette manière, on évite souvent les « chignons » de racines qui perturbent la reprise de la plante.
Avec les doigts, on pratique de creux dans chaque compartiment. Ils recevront la graine.
Évidemment, on peut utiliser un presse mottes
- finalement, on saupoudre de sable (évite la mouche des semis) ou de vermiculite.
- on place plusieurs jours, voire une semaine en pépinière (table à semis chauffante maison), jusqu’à la levée complète.
- Ensuite, toujours en pépinière, on sort les plants pour les endurcir, car le chou-fleur déteste les chocs thermiques et hydriques.
- On repique en terre profondément lorsque les plants ont 4 à 5 feuilles, tous les 45 cm en tous sens.
Le sol
Le chou-fleur est gourmand, en nutriments et en eau.
Le sol devra donc être riche.
Dès l’automne, on aura donc apporté de quoi le nourrir.
Il doit être riche en matière organique.
L’automne précédent :
Dès que je sais où je vais placer cette culture
- J’apporte beaucoup de compost bien décomposé (je n’hésite pas : 2 sceaux/m²), puis j’apporte la litière des poules, riche en calcium (vérifier le Ph qui doit être idéalement entre 6,5 et 7,5).
En effet, un sol trop acide bloque l’absorption de certains nutriments essentiels. - Une poignée de dolomie ne fait pas de mal, saupoudrée en surface puis griffée.
- un peu de basalte
- Je passe un coup de grelinette, sans perturber la vie du sol malgré tout.
- Puis, je bâche.
Et oui ! j’utilise beaucoup les bâches tissées, car elles apportent pas mal d’avantages pour ce genre de cultures.
Elles évitent notamment l’évaporation, donc limitent les arrosages et les stress hydriques.
Nous allons arroser toute la saison, autant que le sol soit prêt à recevoir et à conserver cette eau.
Il ne doit pas être compact et il doit être bien pourvu en matière organique.
Remarque :
Chez-moi, même si je mélange quelques choux-fleurs dans le « potager mélangé », je réserve plutôt cette culture un peu délicate ici dans le Poitou, à un espace dédié, car je vais recouvrir de filets anti-insectes que je ne trouve pas très esthétiques. De plus, le chou-fleur est gourmand…
Astuce sol vivant :
- On peut utiliser une synergie Biochar enrichi en Trichoderma
Un engrais vert comme précedent
Nous l’avons vu, mais on ne le dira jamais assez, le chou-fleur est une plante gourmande et exigeante, surtout en calcium, azote, matière organique et sol bien aéré.
Il a besoin d’un terrain riche, profond, meuble, frais, mais bien drainé, avec un pH plutôt neutre à légèrement basique (6,8 à 7,5).
Les engrais verts peuvent nous aider.
Lequel choisir ?
Le choix de l’engrais vert qui précède va donc viser à :
- Décompacter le sol (racines profondes).
- L’enrichir en azote et humus.
- Favoriser la vie microbienne (précurseurs mycorhiziens).
- Reminéraliser, notamment en calcium, soufre et oligo-éléments.
Tout dépendra de la région et de la période à laquelle le sol se libère.
Ce mois d’octobre, dans le Poitou, je vais semer de la moutarde blanche, car elle va activer les bactéries du soufre, stimuler la vie fongique utile aux Brassicacées.
Avant de bâcher pour repiquer les choux, je la coucherai.
En aout, j’aurais pu semer de la luzerne (en mélange avec la moutarde par exemple) qui aurait structuré le sol (Racines profondes), et qui est riche en calcium et en azote lent.
Astuces sol vivant :
Après destruction de l’engrais vert, on attend 2 à 3 semaines avant de planter les choux-fleurs : c’est le temps pour que les micro-organismes aient relâché les premiers nutriments.
On peut aussi pailler avec les résidus coupés : les choux-fleurs aiment un sol frais et couvert.
Du mulch entre les plants
On peut avantageusement remplacer la bâche tissée par du mulch entre les plants (si le sol est propre avant la culture).
On sème alors du trèfle blanc nain entre les plants. Il fixe l’azote, maintient l’humidité et attire les pollinisateurs qui renforcent la biodiversité du jardin.
L'arrosage
L’apport d’eau au chou-fleur est importante.
On lui en donnera pendant toute la culture, mais on diminuera la quantité d’eau apportée la première semaine de formation des pommes. On reprendra ensuite comme auparavant et jusqu’à la récolte.
Une autre raison pour laquelle j’utilise la bâche tissée pour les choux-fleurs, c’est qu’elle permet de garder l’eau.
Je vais utiliser un tuyau poreux entre les lignes pour maintenir une humidité constante de tout le sol (les micro-organismes aussi ont besoin d’humidité).
En plus d’apporter de l’eau, nous allons éviter de la laisser s’évaporer en ajoutant des protections contre les canicules estivales (voiles d’ombrage).
Enfin, nous allons privilégier les variétés résistantes à la chaleur comme ‘Odysseus’ ou ‘Skywalker’
La fertilisation pas à pas
On peut profiter des arrosages pour fertiliser à chaque étape de croissance suivant un plan bien défini, en fonction des besoins spécifiques de la plante à ce moment.
À la plantation : compost + poudre d’os
Compost bien décomposé :
Fournit matière organique, micro-organismes, nutriments lents et stables.
Améliore structure, rétention d’eau et vie du sol.
Poudre d’os :
Riche en phosphore (P) et un peu en calcium.
Le phosphore est utile pour développement racinaire, surtout chez les jeunes plants de chou-fleur.
Attention à bien mélanger au sol pour éviter les poches concentrées.
Bilan : très adapté pour le démarrage, surtout sur sols légèrement pauvres.
Après 3 semaines : purin de consoude dilué à 20 %
La consoude est riche en potassium (K) et oligo-éléments.
À 20 % : bonne dose pour stimuler la croissance sans risque de brûlure.
Le moment est bien choisi : les premières feuilles se forment, le potassium favorise la vigueur et la résistance.
Petite astuce :
Évite d’en mettre sur le collet directement, préfère arroser autour de la base.
Bilan : parfait pour la croissance foliaire.
Pour faciliter la formation des feuilles : thé de compost
Le thé de compost est une solution liquide de micro-organismes et de nutriments assimilables.
Il stimule la vie microbienne autour des racines, ce qui favorise l’absorption d’azote et de minéraux.
Très bon choix avant la formation de la pomme, surtout si le compost était bien décomposé à la plantation.
Bilan : excellent complément biologique.
Début de formation de la pomme : purin d’ortie + 1 c. à café de sulfate de magnésium
Purin d’ortie : riche en azote → stimule la formation de la pomme et la couleur verte des feuilles.
Sulfate de magnésium (MgSO₄) : apporte magnésium pour la chlorophylle et soufre pour les enzymes.
Attention : l’azote favorise surtout la croissance foliaire, trop peut ralentir la formation serrée de la pomme si surdosé.
La quantité que tu indiques (1 c. à café par plant, en dilution raisonnable) est correcte et sécurisée.
Bilan : bien pensé, assure l’apport de magnésium souvent nécessaire, surtout si le sol est pauvre.
Quelques points à surveiller
Équilibre azote / potassium / calcium / magnésium :
Le plan couvre presque tous les besoins, mais si le sol est calcaire, la cendre ou la poudre d’os peut suffire en calcium.
Attention à ne pas trop azoter au moment de la pomme, sinon elle sera moins compacte.
Arrosage :
Tous ces apports fonctionnent mieux si le sol est humide et bien drainé.
Protection microbienne :
Le purin d’ortie et la consoude sont bien tolérés par les plantes et le sol.
Toujours diluer les purins pour éviter un effet “brûlure”.
Bilan global
Ce plan de fertilisation est très cohérent et équilibré :
Compost et poudre d’os
→ fondation solide.Consoude et thé de compost
→ croissance des feuilles et vie du sol.Purin d’ortie + MgSO₄
→ soutien à la formation de la pomme.
💡 Astuce finale :
Il faut toujours observer les plants — si les feuilles deviennent trop foncées et luxuriantes, il faudra réduire l’azote au moment de la pomme pour éviter des pommes lâches.
La protection contre les ravageurs
Nous adorons les choux-fleurs, mais nous ne sommes pas les seuls.
C’est joli les papillons blancs qui volettent au-dessus des lavandes… mais les chenilles vertes de la piéride du chou., lorsqu’elles s’attaquent à mes légumes, c’est beaucoup moins intéressant !
Elles transforment en « jolie » dentelle les feuilles des choux-fleurs en moins d’une semaine.
D’accord, dans le potager mélangé, j’ai semé des œillets d’Inde et de la capucine (plantes répulsives).
Toutefois, cette année, j’ai bien l’intention de protéger ma plantation avec un filet anti-insectes. C’est moins joli, mais redoutablement efficace.
Les plants seront sous filet de la plantation à la récolte.
Pour obtenir de belles feuilles, il vaut mieux placer ces filets sur des arceaux (arceaux à mémoire de forme pour plus de confort).
Ainsi, mes plants seront protégés des altises, punaises diaboliques et chenilles (piérides).
L’autre avantage du filet est de maintenir un micro-climat, de maintenir la fraicheur, de protéger de la grêle).
La récolte
On a planté à la même date plusieurs variétés différentes (75,80,90,100,120…) sur la même planche (ou le même rang) de façon à obtenir des récoltes échelonnées.
Blanchir le chou-fleur
On aime bien manger des choux-fleurs bien blancs.
En fait, ils ont été « blanchis ».
Même légèrement jaunes, ils sont excellents. C’est juste une question d’aspect visuel.
Il va donc falloir le recouvrir avec ses feuilles.
Sur les pommes presque prêtes à récolter, on casse des feuilles (3 ou 4 au moins) et on les rabat vers le centre, de façon à ce qu’elles recouvrent la pomme.
En une semaine, elle sera bien blanche.
On réalise cette opération au fur et à mesure que les pommes sont prêtes.
Remarque : Des petites taches brunes qui commencent à apparaitre sur les pommes indiquent qu’elles ont muri un peu trop (surmaturité). Elles sont consomables (simplement moins esthétiques).
Eviter les problèmes
Des pommes minuscules, des feuilles jaunies, des plants qui montent en graines trop vite… ces problèmes ont des solutions.
En fait, on les évitera si on prend certaines précautions dont nous venons de parler.
Il faut éviter :
- Un pH mal adapté
Une carence en calcium disponible (qui ne se voit pas facilement)
Or, le calcium est crucial. Sans lui, les pommes restent petites.
(Dans mon sol argileux, c’est fréquent).- déséquilibrer avec des amendements inappropriés
On m’a suggéré de mettre
de la cendre de bois
pour mes choux-fleurs
La cendre de bois et le chou-fleur
Bonne ou mauvaise idée ?
Les avantages
Le chou-fleur est une plante exigeante en calcium, potasse, bore et magnésium, et la cendre de bois en contient justement beaucoup
Les inconvénients et risques de blocage
Blocage du phosphore et des oligo-éléments
Si le sol devient trop alcalin (pH > 7,5), le phosphore devient insoluble.
Le fer, le manganèse, le bore deviennent moins disponibles
→ chloroses, déformations, pommes molles ou avortées.
Déséquilibre potassium/calcium/magnésium
Trop de cendre = trop de K et Ca, ce qui bloque le Mg et le B.
Résultat possible : carence en bore
→ cœur creux ou noir du chou-fleur.
Choc microbien temporaire
Une couche de cendre fraîche peut brûler la vie du sol superficielle (pH trop élevé).
L’effet tampon du sol finit par l’absorber, mais cela peut freiner la microfaune sur quelques jours.
Pas d’effet organique
La cendre est minérale, elle ne nourrit pas la vie du sol.
À long terme, un excès sans apport de matière organique appauvrit la structure.
Les autres choux-fleurs
On pense souvent que le chou-fleur est uniquement le chou à pomme blanche que nous connaissons bien.
Pourtant, il existe d’autres choux-fleurs, à fleurs non blanches, comme
- le chou-fleur VERDE DI MACERATA
le chou-fleur VIOLET DE SICILE
- lesBROCOLIS (verts, violets, pourpres)
- Les choux-fleurs ROMANESCOS
👉 Oui, le chou Romanesco est un chou-fleur — mais d’un type particulier, à la frontière entre le chou-fleur (Brassica oleracea var. botrytis) et le brocoli (Brassica oleracea var. italica).
En conclusion
Nous avons vu dans ce mini-guide qu’il y avait plusieurs façons d’apréhender la culture du chou-fleur.
Nous avons constaté qu’il fallait prendre un certain nombre de précautions, mais rien d’insurmontable.
L’irrigation régulière, dans mon cas du moins, semble la clé de la réussite.
Cultivez-vous vos choux-fleurs ?
Si vous avez de l’expérience,
si vous connaissez des trucs,
n’hésitez pas à nous les partager dans les commentaires.
