Les noix, tout le monde connait. Les utilisations des feuilles de noyer, on connait moins.
Nous avons déjà vu dans l’article sur les purins de plantes, que les feuilles servent à fabriquer un insecticide, contre pucerons et chenilles.
Nous allons voir ici que les feuilles peuvent servir de désherbant total.
Je vous donne la recette 😉
Une anecdote
Dans cet article
ToggleVous le savez déjà, je suis née dans le Nord de la France.
Et dans le nord, on cultive le chicon (l’endive). Pour faire ces endives, on fait d’abord pousser les racines de chicorée.
Et, depuis l’après-guerre, pour désherber la chicorée, on utilisait des pesticides maintenant interdits (pour le plus grand bien de tous) mais les cultivateurs eux disent « on peut plus produire si on doit tout déserber à la main« .
Et du coup, on importe la chicorée d’Inde… Et oui !
Pas très écolo tout ça !
Et s’ils fabriquaient notre désherbant maison artisanalement ?
Comment ça marche ?
Le principe
Ce qui est intéressant, c’est que les feuilles de noyer contiennent une substance naturelle : la juglone (ou juglandine).
Or, cette juglone est un antigerminatif et un herbicide naturel. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle peu de plantes poussent sous un noyer.
L’idée est donc de l’utiliser pour fabriquer un désherbant maison, 100 % naturel, qui sera idéal pour les allées et les terrasses, mais pas pour le potager (car ce sera un désherbant total).
La recette
Je ne vais pas vous faire languir davantage, voici comment préparer notre désherbant :
Ingrédients :
Feuilles vertes de noyer (meilleures que les feuilles sèches tombées).
Éventuellement jeunes rameaux, écorce, racines, bogues (riches en juglone).
Eau tiède.
Un filet ou sac ajouré (pour éviter de filtrer après macération).
Dosage :
1 kg de feuilles pour 1 litre d’eau.
Étapes :
Remplir un filet de feuilles (et éventuellement rameaux/bogues).
Tremper dans un bac ou une lessiveuse remplie d’eau tiède (meilleure extraction que l’eau froide).
Laisser macérer 3 semaines à 1 mois.
Retirer le filet → la « décoction » est prête.
Stockage :
Dans des bidons ou contenants hermétiques, à l’abri de la lumière et du gel.
Réutilisable au printemps.
Utilisation
Et voilà ! c’est prêt.
Il n’y a plus qu’à pulvériser sur nos graviers, nos allées, nos terrasses.
Effet : empêche la germination des graines → sol « nu » plus longtemps.
Application possible :
à l’automne (avant l’hiver),
au printemps (mars-avril, dès la reprise de la végétation).

Précautions
La juglone n’est pas anodine :
Pour les humains, le risque est faible (possibles irritations).
Pour les animaux : attention ⚠️
- La juglone est toxique pour certains animaux domestiques, et notamment, elle est mortelle pour les chiens.
Pour les chiens, le risque principal est l’ingestion :
L’ingestion de noix moisies ou de bogues provoquent des troubles digestifs, neurologiques, parfois mortels.
Toutefois, en pulvérisation sur les allées, le risque est très faible pour un chien adulte en bonne santé, car la concentration en juglone est bien moindre que dans les parties brutes de l’arbre. De même, on évitera la sciure de noyer en litière (dangereux, surtout pour les chevaux).
Conseils pratiques pour un usage sûr
On peut pulvériser sur les allées, cours et terrasses (risque faible) à condition de respecter quelques précautions.
Appliquer par temps sec et laisser sécher avant de laisser le chien circuler.
Éviter les flaques → mieux vaut pulvériser finement plutôt que d’arroser.
Ne jamais laisser traîner la macération concentrée dans des seaux ou bidons accessibles.
- Identifier le produit sur le contenant de façon à éviter une erreur d’utilisation.
Quand traiter ?
Nous l’avons vu, le printemps ou l’automne sont les meilleures saisons.
En effet,
La juglone contenue dans les feuilles de noyer n’agit pas comme un produit chimique de synthèse à action rapide.
Son efficacité dépend beaucoup de la température et de l’activité biologique du sol.
Fourchettes de température d’action
Marge basse :
En dessous de 8–10 °C,
l’effet est très limité, car il n’y a quasiment plus de germination à inhiber et les réactions biochimiques sont ralenties.
Zone efficace :
Entre 12 et 25 °C,
C’est la fourchette de température à laquelle la juglone agit le mieux puisque c’est la période où les graines germent et où l’action antigerminative est visible.
(Typiquement au printemps (mars–avril) et en automne doux).
Marge haute :
Au-delà de 28–30 °C,
l’efficacité diminue fortement :
L’eau s’évapore vite, ce qui fait que le produit reste peu de temps actif en surface.
De plus, la juglone se dégrade plus rapidement à cause de la chaleur et de la lumière.

Mais le noyer,
ça tache !
Le tanin du noyer colore
On utilise en effet le brou de noix pour teinter le bois par exemple.
Il est donc légitime de se poser la question :
Est-ce que cette pulvériqsation va teinter mon dallage ou mes graviers ?
Oui, la macération de feuilles de noyer peut effectivement teinter les surfaces, car les feuilles, l’écorce et les bogues contiennent des tanins et la fameuse juglone, tous deux colorants.
Résultat : si on pulvérise sur un dallage poreux (pierre calcaire claire, ciment brut, bois), on risque de voir apparaître des taches brunâtres assez difficiles à enlever.
Sur du gravier, pas de problème. Sur des dalles lisses et foncées (ardoise, carrelage émaillé), le risque est faible.
👉 En pratique :
On teste toujours sur une petite zone discrète avant d’appliquer partout.
Si on veut éviter les surprises, il vaut mieux réserver l’usage de la décoction de noyer aux allées en graviers, terre battue, zones non sensibles.
Pour les dallages clairs ou terrasses esthétiques → mieux vaut utiliser un autre désherbant naturel (vinaigre blanc, eau bouillante salée, etc.).
Et la vie du sol dans tout ça ?
Un désherbant “naturel” n’est pas forcément neutre pour la vie du sol.
La juglone et la vie du sol
La juglone est un composé allélopathique :
Le noyer l’utilise pour limiter la concurrence des autres plantes.
Elle agit surtout comme antigerminatif, c’est-à-dire qu’elle empêche les graines de pousser.
Toutefois, dans le sol, elle peut aussi perturber certaines micro-organismes sensibles (champignons, bactéries, petites racines).
Les micro organismes la dégradent
la juglone se dégrade progressivement grâce à l’action des micro-organismes.
Sa demi-vie varie de quelques semaines à quelques mois selon l’humidité, l’aération et la richesse biologique du sol.
Plus le sol est vivant, plus elle est dégradée rapidement.
En pratique
Si on pulvérise notre désherbant sur graviers, allées, terrasses, alors l’impact reste négligeable, car il y a peu ou pas de vie du sol utile à préserver.
Si on l’utilise dans un potager ou un massif, dans ce cas, oui, la juglone peut gêner la germination, ralentir certaines cultures et réduire un peu l’activité biologique locale.
En résumé
Il n’est pas difficile de faire son propre désherbant total maison avec les feuilles fraiches de noyer.
La macération de feuilles de noyer libère la juglone, une substance naturelle qui empêche la germination des plantes.
La juglone est nocive pour les graines et certaines formes de vie du sol, mais elle se dégrade assez vite.
En l’utilisant uniquement sur les allées et zones minérales, on profite de son efficacité sans nuire au potager ni à la fertilité de la terre.
Transformée en désherbant maison, elle est idéale pour ne pas recourir aux produits chimiques, à condition de respecter quelques précautions.
Remarque
On parle d’effet anti germinatif pour la feuille de noyer car c’est une manière pour l’arbre d’éviter la concurrence avec les autres plantes.
J’ai lu que le cacaotier avait la même stratégie.
Qu’en est-il au juste ?
En fait, le cacaotier, comme le noyer, utilisent des substances naturelles qui peuvent agir sur les plantes, mais le principe n’est pas exactement le même.
En effet, les coques de cacao ont montré un effet inhibiteur sur la germination de certaines adventices. Donc, oui, il y a un effet antigerminatif, un peu comparable à celui du noyer.
Mais l’effet est moins fort et moins durable que celui de la juglone.
C’est pourquoi on utilise les coques de cacao plutôt en paillage qui est davantage apprécié pour limiter la levée des herbes, garder l’humidité, apporter un bel aspect esthétique.
En conclusion, contrairement aux feuilles de noyer, on n’a pas vraiment de tradition ou de recette de macération/décoction de cacao comme désherbant.
Bien sur, on pourrait imaginer extraire théobromine + caféine par infusion, mais la concentration serait faible, le résultat peu efficace comparé à la juglone Et, ce serait aussi dangereux pour les animaux domestiques (chiens, chats, chevaux).
Que pensez-vous de ce désherbant ?
- L’avez-vous déjà utilisé ?
- Pensez-vous vous en servir cette année ?
- Avez-vous peur des soucis qui pourraient en résulter ?
On en parle dans les commentaires…