Voici une méthode de culture des pommes de terre, sur prairie, presque sans travail mécanique (en tout cas sans retourner le sol).
C’est la méthode que j’utilise maintenant depuis plusieurs années.
Au début, c’était parce que je ne savais plus bêcher.
J’étais malade et je n’en avais plus la force.
Mais désormais, c’est parce que c’est
- plus simple,
- moins fatigant,
- meilleur pour la fertilité du sol
- et plus respectueux de la vie du sol.
- Plus économique en eau
Par où commencer
Dans cet article
ToggleSur la photo, nous voyons le feuillage qui commence déjà à émerger du mulch.
Pour cultiver les pommes de terre sur prairie, ou sur gazon, on commence par tondre simplement la partie d’herbe que l’on veut cultiver.
On peut décompacter légèrement avec la grelinette ou une fourche bêche, sans retourner la terre, si on pense que c’est nécessaire (terrain très compacté, risque de stagnation de l’eau…).
Ensuite, on dépose les pommes de terre germées à 40 cm les unes des autres en tous sens ou en ligne, tous les 40 cm les lignes étant espacées de 50 à 60 cm.
Attention, il s’agit bien de pommes de terre germées.
En rang ou de façon aléatoire
Ce qui détermine le choix de la disposition des tubercules, c’est la manière dont on veut procéder par la suite.
Personnellement, je dispose plutôt en rangs bien espacés (la largeur d’un râteau plus 20 cm), car j’aime bien cultiver entre ces rangs.
Je sème souvent des haricots verts ou je repique des laitues, qui profitent de l’ombre créée par le feuillage des pommes de terre.
De plus, cela permet de ramener davantage de terre sur les pieds lors du buttage.
C’est toutefois une disposition à réfléchir en amont.
Comment couvrir les tubercules
Dès que les tubercules germés sont disposés sur le sol, on les recouvre.
Je dispose un peu de terreau bien décomposé directement sur le tubercule.
Puis je recouvre d’une première couche de matière brune, plutôt des feuilles mortes lorsque j’en ai, ou de la tonte déjà séchée partiellement (au moins) ou du foin, de la paille. Bref, de la matière brune.
On ne mettra jamais d’herbe fraiche en première couche, de façon à éviter la pourriture.
Ensuite, on procède comme pour les lasagnes, en couches alternées de matière verte et de matière brune, au fur et à mesure de la pousse du feuillage.
Cela fait office de buttage.
La protection contre le gel
Comme vous le savez, on plante traditionnellement les pommes de terre à la floraison du lilas.
Et comme vous le savez aussi, à cette époque, soit avant les Saints de Glace et les cavaliers du froid, il risque encore de geler.
Or la pomme de terre n’aprécie pas beaucoup le gel.
Rassurez-vous, si le gel n’est pas trop prononcé, il ne se passera rien de grave.
La pousse reprendra après cet épisode, de nouvelles pousses prendront le relais.
Mais bien sûr, cela demandera de l’énergie à la plante et la récolte pourra en pâtir, en quantité, et en précocité.
Dans le nord de la France, on cultive pourtant des pommes de terre et il est fréquent qu’elles gèlent.
Ce qui est le plus à redouter, c’est le givre au petit matin.
En effet, dès que le soleil va toucher les petits cristaux de glace, cela provoquera un effet loupe qui va tout griller.
On arrose alors (au petit matin) avec de l’eau froide pour fondre le givre.
Et vous avez remarqué ?
on mange des pommes de terre dans le nord,
c’est donc que ça fonctionne.
Dans le Poitou où je suis, l’ennemi serait plutôt la sècheresse dorénavant.
Je plante donc très tôt, avant le lilas.
Et du coup, moi aussi, j’ai affaire au gel.
Pour la protection, j’utilise des tunnels recouverts de P17 (voilage maraicher).
Si on ne protège pas
J’ai eu du gel, comme tout le monde cette année et ce qui n’était pas protégé suffisamment a grillé.
Ici, j’avais déposé des cagettes tout le long des rangs de pommes de terre, avec l’intention de déposer dessus un voile P17.
Elles remplaçaient les arceaux en quelque sorte.
J’ai été prise de court, il a gelé la nuit même.
(eh oui ! il faut bien choisir sa chaine météo)
On remarque que ce n’est pas tout le plant qui a grillé, ni tous les rangs.
Comment cela s’est-il passé ?
Pour le plant, c’est évident que le cageot a protégé d’un froid qui devait se déplacer au raz du sol.
Ce qui a souffert du gel semble être ce qui était soumis au vent.
Possible, mais alors les rangs, protégés de la même manière, auraient gelé tous de la même façon.
Un mystère pour moi
Or, on voit bien sur la photo que le premier rang a gelé, alors que l’autre pratiquement pas.
Ce premier rang se trouve côté pâture, donc exposé directement au vent, mais de sud-ouest.
Le second est protégé par la haie (la haie est au nord est).
Toujours est-il que les protections ont protégé, même si je ne comprends pas comment ni pourquoi elles n’ont pas tout protégé.
C’est sûr que ça aurait été mieux protégé si je n’avais pas tardé à poser le P17
Début juin
C’est une bonne façon d’avoir des pommes de terre primeurs (90 jours)
puis des pommes de terre nouvelles (120 jours).
Dès le début du mois de juin, j’ai commencé à récolter mes premières pommes de terre, au moment où elles sont encore chères dans les magasins.
Une brelle économie, je suis contente.
Récapitulons
Pour faire pousser des pommes de terre sur prairie sans bêcher.
- On prépare la zone en fauchant et en tondant.
- On ameublit (si besoin, pour décompacter) sans retourner
- On dépose les tubercules
- On recouvre de matière organique, en couches successives au fur et à mesure de la pousse.
- On protège du gel
Les avantages de la méthode
En premier lieu, on évite la fatigue
Alors que c’est tout aussi rentable.
Pour un effort moindre, on obtient la même récolte, soit environ 700 g de tubercules par plant (soit à peu près 2 kg / m² en fonction du nombre de tubercules plantés évidemment) au potager.
En deuxième lieu, on a créé du sol
En effet, toutes ces matières accumulées vont se dégrader en humus sous l’action des décomposeurs du sol, attirés par cette quantité de matière.
On a enrichi le sol en biodiversité.
Car la matière organique déposée SUR le sol a attiré quantité de décomposeurs.
La structure du sol est améliorée.
Puisqu’en plus d’avoir créé de la matière, les décomposeurs ont ameubli le sol sous-jacent.
Les brassages des vers de terre, entre autres, ont rapporté des minéraux du sol profond.
Alors que le labour
aurait mixé tout ce petit monde efficace et par conséquent l’aurait tué.
La propreté en prime
À la récolte, les pommes de terre sont presque propres.
Elle est pas belle la vie ?!
Pour aller plus loin
Je vous conseille de lire ou de relire l’article sur la pomme de terre qui vous donne des raisons de cultiver vous-même vos pommes de terre.
Comment avez-vous planté vos pommes de terre cette année ?
Avez-vous planté vos pommes de terre cette année ?
Quand avez-vous débuté ?
Comment vous y prenez-vous ?
Ont-elles souffert du gel ?
La plantation sur prairie vous séduit-elle ?
J’adore planter des patates ! Quand j’étais prof en maternelle, il n’y a pas si longtemps, nous plantions avec les élèves diverses plantes. Et le côté « mouvement perpétuel » du tubercule avait quelque chose de merveilleux ! Naturellement nous ne plantions que des pommes de terre déjà légèrement germées… sans savoir qu’il s’agissait d’une « vraie » technique ! Merci pour ces éclaircissements !
Je me souviens quand je plantais mes pommes de terre. J’avais de belles récoltes. Le seul gros inconvénient : les doryphores ! C’était ma hantise !
Très ludique cet article! Ta méthode me fait penser aux méthodes de D. Soltner. Moi je les cultivais en sac sur balcon. Je me souviens aussi avoir testé il y a bien longtemps une culture précoce de pommes de terre avec plusieurs couches type lasagne pour protéger du froid. C’était dans les alpes (700m d’altitude) et je crois que c’était aux alentours de février. J’ai oublié les détails sinon que les résultats étaient mitigés car je m’étais absentée longtemps.