Les bonnes ondes de la nature
Dans cet article
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Cet article participe à l’événement “Les bienfaits de la nature sur le bien-être des enfants et des adultes” du blog Ma Petite Forêt.
Comme ce blog (dont l’article sur l’école-forêt) traite déjà de la question de la pédagogie par la nature, je me concentrerai sur la partie démonstration des bien-faits de la nature au travers d‘études récentes qui ont été réalisées sur ce sujet de société.
Nous verrons aussi la biologie de l’action de la nature sur notre bien-être
La nature participe-t elle vraiment à notre bien-être ?
La pandémie de Covid-19 nous aura au moins fait réfléchir sur nos besoins de Nature.
Ceux qui disposaient d’un jardin lors du confinement on ressenti moins de difficulté à vivre cette période que ceux qui vivaient en appartement. Ceci a été dit et répété, et vous-même en êtes convaincu(e)
mais en fait « pourquoi » ?
Je vous propose quelques éléments de réponse.
La biophilie
Nous sommes tant mentalement que physiquement plus équilibrés dans un environnement naturel.
On peut penser que cela est du au fait que l’humain fait partie de la Nature et qu’il a été éduqué par elle.
(Edward Wilson dans les années 1980),
Le psychologue Fred Attneave et du biologiste Horace Barlow pensent quant à eux que notre cerveau fonctionne mieux dans un environnement naturel.
Depuis les années 80 donc, de nombreuses recherches sont menées dans le domaine de la médecine, la psychologie, ou les sciences cognitives, tant sur le plan théorique qu’expérimental. et chacune démontre les relations qui existent entre la Nature, ce milieu qui nous a façonnés, et notre cerveau puis au bien être (ou pas) qui en découle. Estime de soi, créativité, relaxation, bonheur…
Un exemple d’étude sur les bien faits de la Nature
Une étude des photos publiées sur les réseaux sociaux réalisée pour 185 pays, montre que « la proportion d’éléments naturels sur les photographies était corrélée au score national de bonheur établi d’après les échelles internationales. »(source: voir Global evidence of the biophilia hypothesis, Scientific Reports, vol. 10,2020)
Déjà au cours des derniers siècles (XIXème et XXème)
Dans la littérature, et alors qu’on ne vivait pas encore ces concentrations d’habitat actuelles, Jean-Jacques Rousseau dans « Les Rêveries du promeneur solitaire », évoquait ce bien-être et nous parlait du sentiment de connexion lié à la contemplation de la nature. Il nous parle de « l’harmonie des trois règnes » et de « ce beau système avec lequel il se sent identifié. «
De la poésie de Rousseau nous sommes passés à l’approche scientifique. Beaucoup de choses ont été écrites sur le sujet, preuve de l’intérêt que nous portons sur ce sujet.
(sources;
F. Attneave. Some informational aspects of visual perception.PsychologicalReview, 61:183–193, 1954.
H. B. Barlow. Sensory mechanisms, the reduction of redundancy, and intel-ligence. In HMSO, editor,The Mechanisation of Thought Processes, pages535–559. Her Majesty’s Stationery Office, London, 1959
H. B. Barlow. Trigger features, adaptation and economy of impulses. InK. N. Leibovic, editor,Information Processes in the Nervous System, pages209–230. Springer, New York, 1969
H. B. Barlow. Intelligence, guesswork, language.Nature, 304:207–209, 1983
H. B. Barlow. Redundancy reduction revisited.Network: Computation inNeural Systems, 12:241–253, 2001.
Et la science le démontre
Dans les années 1990, Rachel Kaplan, professeur de psychologie de l’environnement à l’École des ressources naturelles et de l’environnement et professeur de psychologie, nous a offert la première analyse basée sur la recherche du rôle psychologique que joue la nature dans nos vies. Elle a essayé de comprendre dans un de ses livres (The Experience of Nature: A Psychological Perspective) comment les gens perçoivent la nature et quels types d’environnements naturels ils préfèrent. Elle conclue que des scènes de nature ordinaires comme le vent dans les feuilles ou de l’eau qui s’écoule, dans d’un torrent par exemple, attirent notre attention d’une façon douce et discrète, ce qui permet un repos et un rétablissement cognitif. Dans ces conditions, le cerveau génère alors davantage d’idées nouvelles.
Une expérience menée en 2012 par Ruth Atchley,du Département de Psychologie de l’Université du Kansas (USA), et ses collègues, proposait un test de créativité qui a montré que quatre jours d’immersion dans la nature, en randonnée dans les grands parcs américains, associée de fait à une déconnexion totale des outils multimédia et de la technologie, suffisait pour augmenter de 50% la performance dans ce domaine et d’autres exercices de résolution de problèmes.
Les bains de nature ou Shinrin-yoku en japonais, ne sont pas efficaces et bienfaiteurs que sur le psychique, ils ont aussi un impact sur le physique.
Les arbres mâtures libèrent une grande quantité de phytocides, huiles essentielles très bénéfiques pour la santé lorsqu’on les inhale.
Ces phytocid favorisent l’activité des « cellules NK » (Natural Killer) qui favorisent la détection et l’élimination des cellules infectées par les virus. (D’après une étude réalisée en 2006, par Qing Li, de l’École de médecine japonaise, à Tokyo et ses collègues)
Tiens donc….et le confinement là dedans ?
Bon ! passons…ce n’est que mon interprétation.
La Nature stimule nos sens
Comment la Nature stimule nos sens
La vue
Won Soo Shin, psychologue de l’université nationale Chungbuk, en Corée du Sud, a mis en évidence le fait que des salariés qui aperçoivent de la nature au travers des fenêtres de leur bureau ressentent plus de satisfaction de leur travail. Il apparait qu’ils sont moins stressés que ceux qui n’aperçoivent que des constructions urbaines.
De même, des résidents de grands ensembles immobiliers affirment que la vue que l’on a de sa fenêtre sur des éléments ou des paysages naturels améliore de façon significative leur satisfaction vis-à-vis de leur quartier ainsi que leur impression de bien-être
L’odorat
Les odeurs de sous-bois et de résine…
Un mécanisme des plus étudiés est la présence de phytocides dont nous avons parlé plus haut. Ce terme désigne une grande diversité de composants chimiques, des huiles essentielles émises par les arbres pour se protéger et qui ont des propriétés bactéricides et fongicides.
En 2003, Samantha Dayawansa, de l’université Toyama, au Japon,s’est intéressée au cédrol dont l’inhalation diminue la fréquence cardiaque, amène à respirer plus lentement et plus profondément, et réduit la pression artérielle.
Ensuite, dans les forêts de conifères, l’apinène (une substance antibactérienne produite par les arbres et dans nos jardin par le romarin entre autre) favorise quant à elle la relaxation.
L’ouïe
Dans une forêt, l’activité humaine est rare et laisse du coup percevoir ce qu’ailleurs on n’entend pas forcément, comme les bruits de la nature, le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles.
Le toucher
Entre autre, la rugosité des écorces fait partie des expériences que nous pouvons avoir au jardin ou en forêt.
En tout état de cause, les informations perçues par les sens sont analysées par le cerveau
Elles influent sur l’activité des aires dédiées au contrôle psychique et physique.
En 2015, Gregory Bratman, de l’université Stanford, et ses collègues ont découvert que la marche dans la nature pouvait diminuer l’activité du cortex ventromédian, zone du cerveau mise en cause dans la rumination, activité fréquente chez les dépressifs. En effet, pendant cette activité, on constaterait une augmentation des « ondes alpha », ondes lentes caractéristiques d’un état de relaxation.
Une marche de 90 mn dans la nature protégerait ainsi de la dépression.
Dès 1981, Roger Ulrich, de l’université du Delaware, avait déjà pointé du doigt la présence de ces ondes alpha lorsqu’on est face à un paysage naturel plutôt que lorsqu’on regarde un environnement urbain.
Il affirme également qu’à l’hôpital, « La vue à travers la fenêtre peut influencer le rétablissement suite à une opération chirurgicale »
En conclusion
Nous pourrions continuer à aligner toutes ces études qui ont été menées…il y a de quoi écrire un livre complet tant le sujet est vaste et bien documenté.
Qui pourrait nier devant les résultats de toutes ces expérimentations, de toutes ces recherches concernant le lien entre la nature et le bien être humain qu’il n’y a pas de corrélation ?
Notre corps n’a jamais oublié notre lien premier avec la Nature. Notre cerveau s’en souvient.
Seul l’homme voudrait peut-être l’oublier, pour survivre dans son nouvel environnement qui ne lui convient pourtant pas, de toute évidence.
Solution
Nous pouvons apporter partout de petits morceaux de nature: Jardins en ville, jardinets sur terrasses, murs végétalisés, toits végétalisés, toitures cultivées, parcs d’hôpitaux, jardins en maisons de retraite, dans les écoles…et même dans les prisons. Chacun devrait avoir dans sa ligne de vue au moins un espace de verdure et de nature.
Écrans, réalité virtuelle…remplacerez-vous la « vraie » nature ?
Vous avez envie de vous exprimer sur le sujet ?
Les commentaires sont les bien venus…
Bonjour, c’est toujours bien de savoir que ce sujet est étudié, même si c’est une évidence pour tout pratiquant! A tout hasard, avez-vous dans vos recherches vu passer des études sur l’impact des murs végétaux… est-ce qu’il est prouvé que ça améliore la santé des habitants ? Merci en tout cas pour cette belle synthèse des effets scientifiquement démontrés de la Nature!
Oui, j’ai vu passer ça à l’époque, lorsque c’était le début de cette mode. Le sujet a été traité par Université du Surrey en Angleterre il faudrait que je retrouve les articles. Mais peut-être en trouverez-vous avec ce renseignement. J’ai aussi une thèse que vous pouvez trouver ici https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01141046/file/2013Djedjig52944.pdf
qui consacre un petit paragraphe sur les aspects sociologiques et psychologiques que j’ai documentés dans mon article, mais avec d’autres sources.
Merci de votre intérêt pour l’article et le sujet.
Bonjour! Merci pour cet article vrai ! Comme vous le dites en conclusion, notre cerveau archaïque n’a pas oublié la nature qui nous a toujours entouré et si elle nous procure autant de bien être, c’est parce que nous en avons tout simplement besoin. La nature n’est pas une option, elle est indispensable !
Merci pour ce bel article ! Je ne connaissais pas toutes ces études scientifiques mais j’avais bien expérimenté les bienfaits « in situ ». Je mesure encore plus l’importance d’avoir un contact régulier avec la nature (aussi simple soit elle).
Très bel article documenté!
J’adore la nature, la faune et la flore, et à part mon partage d’expérience personnelle, je n’aurais pas aussi bien expliqué le pourquoi du comment!
MERCi
Une étude des photos publiées sur les réseaux sociaux réalisée pour 185 pays, montre que « la proportion d’éléments naturels sur les photographies était corrélée au score national de bonheur établi d’après les échelles internationales. » C’est impressionnant quand-même, et révélateur.
On n’est plus habitué au contact avec la nature de manière naturelle. Moi à chaque fois que je me prend une pause au parc, je me demande pourquoi j’ai mis tout ce temps à revenir. Une vague de bien-être entre en moi.
Oh, oui. La nature est tellement importante! J’ai toujours vécu en ville et j’ai un réel besoin d’aller me balader dans des espaces verts très régulièrement. Pendant le confinement, je le faisais même 2 fois par jour, tellement se besoin était encore plus grand!
Pour contrebalancer ce manque de nature, je fait un peu ce que tu dis. J’ai beaucoup de plantes (que j’apprécie vraiment!) et j’essaie d’avoir une terrasse la plus verte possible. C’est tellement important de garder ce contact!
Merci pour cet article!
J’ai lu « Les rêveries du promeneur solitaire » de Jean-Jacques Rousseau il y a quelques années. Je me souviens que je l’étudiais à l’université. Mais ce livre était plus qu’un livre de fac ! Il s’agissait pour moi d’une révélation, tant pour les thèmes de la solitude que de la nature. C’est un bijou !
En tout cas, j’ai beaucoup aimé votre article et je suis tout à fait d’accord avec tout ! La nature m’est personnellement essentielle et vitale.
Merci pour votre article 🙂
Merci pour ce commentaire enthousiaste. Oui, Jean Jacques Rousseau on l’étudiait au lycée Je suis heureuse d’avoir pu partager un petit coin de nature et de bienêtre avec vous.