You are currently viewing Cultiver les avocats en France

Cultiver les avocats en France

Miam ! j’adore les avocats.
Mais est-ce que je peux en cultiver dans mon jardin à Poitiers ?
En France métropolitaine, c’est en Corse et plus récemment dans les Pyrénées-Orientales et sur la Côte d’Azur que pousse ce fruit.

Autour de la méditerranée, il y a plus de chance d’y parvenir.
Pourtant, comme je suis un peu têtue, je me suis posé la question :
Est-ce que dans mon jardin à Poitiers, je peux en faire pousser, avec une chance d’en manger les fruits ?

Je vais d’abord me poser quelques questions…

L’avocatier et son origine

L’avocat que j’envisage de cultiver est un avocat du Mexique.
Car après les premiers renseignements, c’est le seul qui a une chance de survivre à des températures hivernales qui peuvent atteindre les moins 8 °C ponctuellement.
En effet,

Conditions de culture de l’avocatier

L’avocatier aime les climats subtropicaux à tropicaux, avec peu de gel.

Il gèle dès –2 °C à –3 °C pour les variétés classiques (Hass, Fuerte…).

Certaines souches dites « mexicaines » (Persea americana var. drymifolia) supportent jusqu’à –6 / –7 °C, mais rarement en production en Europe.

Or, à Poitiers, les hivers descendent régulièrement en dessous de 0 °C : c’est donc trop risqué pour en planter un en pleine terre.
SAUF :
les avocats mexicains (Persea americana var. drymifolia), souvent appelés Mexicola ou apparentés.

Les avocats mexicains

L’avocatier (Persea americana) est un arbre de la famille des Lauracées.

Il est originaire du Mexique et d’Amérique centrale. Des restes de noyaux ont été retrouvés dans des sites archéologiques mexicains datant de 7 000 à 8 000 ans.

A savoir sur la culture de l'avocatier

L’avocatier n’est pas autofertile : il a besoin de pollinisateurs (abeilles, insectes) et de la présence de plusieurs arbres (fleurs dites de type A et B).

Un avocat ne mûrit pas sur l’arbre, mais seulement après la récolte.

Les anciens Aztèques voyaient l’avocat comme un aliment de force et de fertilité.

Que dire de la variété Mexicola

  • Originaire du Mexique.

  • Peau très fine, noire, brillante, et comestible (un peu comme celle d’une prune).

  • Chair très grasse, fondante, au goût riche.

  • L’arbre reste de taille assez modeste (6–8 m max en pleine terre).

  • Production souvent modeste comparée au Hass.

  • Supporte des gels jusqu’à –6 / –7 °C selon les sources, parfois annoncée –8 °C en sol drainant et situation abritée.

La variété Drymifolia (le nom exact : Persea americana var. drymifolia)

  • C’est en fait la sous-espèce mexicaine de l’avocatier.

  • Certaines lignées ont une peau fine, aromatique, avec une odeur d’anis ou de fenouil quand on frotte la peau ou la feuille.

  • Arbres plus rustiques que les variétés guatémaltèques (Hass, etc.) ou antillaises.

  • Souvent utilisés comme porte-greffes résistants au froid pour d’autres variétés.

Avocatier sous la neige

La vérité sur la rusticité

En fait, la rusticité réelle semble un peu différente de ce que certains vendeurs affichent.

Certes, ces variétés sont les plus rustiques des avocatiers.

  • –6 °C est couramment toléré. Certains témoignages parlent de –8 °C à très court terme, en froid sec, mais pas de gel prolongé et pour un arbre déjà bien installé (3 ans minimum).

  • Les jeunes plants sont beaucoup plus sensibles que les arbres adultes bien implantés.

  • Le risque à Poitiers : un hiver rigoureux (genre –10 °C quelques nuits) pourrait tout anéantir.
    Et c’est déjà arrivé !

Avocatier brûlé par le gel

Par conséquent à Poitiers

  • En pleine terre : ça reste un pari, mais si je veux tenter, il faut :

    • un emplacement plein sud, abrité du vent, contre un mur qui emmagasine la chaleur,

    • un sol parfaitement drainé (l’avocatier craint plus l’humidité stagnante que le froid),

    • une protection hivernale (voile d’hivernage, paillage épais au pied).

  • En pot : plus sécurisant, car tu peux l’hiverner à l’abri du gel sévère (serre froide, véranda).

Ce que je peux tenter

La variété Aravaipa

  • Originaire d’un canyon en Arizona, où il pousse à plus de 1 000 m d’altitude.

  • Sélectionné parce qu’il supporte des conditions très chaudes l’été et froides l’hiver.

  • Rusticité annoncée : –8 °C à –10 °C (parfois même –12 °C selon certains retours américains).

  • Goût : fruit moyen à gros, chair crémeuse, saveur douce.

  • C’est une variété assez rare en Europe, mais très recherchée par ceux qui tentent la culture en climat tempéré.

La variété Del Rio (appelé aussi Pryor)

  • Découvert près de Del Rio, Texas, dans une zone où les hivers peuvent descendre bien en dessous de zéro.

  • Très rustique, souvent cité parmi les avocats les plus résistants au froid : –9 °C voire –11 °C pour un arbre adulte bien installé.

  • Fruits de taille petite à moyenne, peau fine noire, chair grasse et parfumée.

  • Production plutôt faible (pas une variété commerciale, plutôt un “survivant du froid”).

Ce que ça change pour Poitiers

  • Ces variétés (Mexicola, Drymifolia, Aravaipa, Del Rio) sont celles qui me donnent le plus de chances si je veux vraiment tenter un avocatier en pleine terre dans le Poitou.

  • Avec une bonne protection hivernale et un emplacement abrité, je pourrais avoir un arbre qui survit aux hivers doux.

  • La fructification reste incertaine :

    • Il faut que l’arbre atteigne une certaine maturité (5 à 7 ans souvent).

    • Il faut aussi un second avocatier de type floral différent (A et B) pour la pollinisation.

Un plant greffé

C’est ce qu’on recommande pour espérer des fruits.

  • La mise à fruit est alors en général de 3 à 5 ans après plantation (parfois 2 ans seulement si l’arbre est déjà un peu formé au moment de l’achat).

  • Les variétés mexicaines rustiques (Mexicola, Aravaipa, Del Rio, Drymifolia) suivent la même règle :

– Mexicola & Drymifolia : souvent productifs dès 3–4 ans greffés. Production modeste mais régulière.

– Aravaipa : réputé assez rapide (3–4 ans), fruits de taille moyenne.

– Del Rio (Pryor) : plus lent, parfois 5–6 ans, et production faible (mais il compense par sa rusticité exceptionnelle).

Et ce n'est pas tout

Même si l’arbre est assez âgé pour fleurir :

  • Il faut un printemps chaud et assez long pour que la floraison réussisse.
    Le gel tardif (avril-mai) peut détruire les fleurs.

  • Il faut un arbre de type floral A et un de type floral B pour la fécondation croisée (ex : Mexicola est souvent B, Aravaipa plutôt A).

La pollinisation A+B, encore une difficulté

Les avocats ont un système de fleur dichogame protandre :

  • Chaque fleur est hermaphrodite, mais ne fonctionne pas en même temps comme « mâle » et « femelle ».

  • Elle s’ouvre deux fois : une première fois en phase femelle (réceptive au pollen), puis une seconde fois en phase mâle (libération du pollen).

  • La synchronisation varie selon les variétés → on distingue les types A et types B.

👉 Type A :

  • Le matin, les fleurs s’ouvrent en femelle.

  • Le lendemain après-midi, les mêmes fleurs s’ouvrent en mâle.

  • Exemples : ‘Hass’, ‘Mexicola’, ‘Pinkerton’, ‘Reed’.

👉 Type B :

  • Les fleurs s’ouvrent en femelle l’après-midi.

  • Le lendemain matin, elles s’ouvrent en mâle.

  • Exemples : ‘Fuerte’, ‘Bacon’, ‘Zutano’, ‘Sir Prize’.

🌸 Pourquoi c’est important ?

  • Un seul avocatier peut parfois fructifier, mais la nouaison est bien meilleure avec un type A et un type B proches (10–15 m maximum).

  • Les abeilles et autres pollinisateurs jouent un rôle essentiel en transférant le pollen entre les fleurs des deux types.

💡 Pour Poitiers, si je tente l’expérience, je dois avoir au moins un A et un B rustique mexicain (par ex. Mexicola (A) + Fuerte (B)) pour augmenter mes chances de récolte.

Un avocat à peau noire

Un pari audacieux, mais pas impossible

Ce que je dois faire :

Choisir le bon plant

  • Prendre un plant greffé (pas un semis) → mise à fruit plus rapide (3–5 ans).

  • Choisir une variété rustique (Mexicola, Aravaipa, Del Rio) + idéalement une autre de type floral complémentaire (A et B) pour la pollinisation.

L’Emplacement idéal

  • Exposition plein sud, abrité du vent, si possible contre un mur (effet “mur de chaleur”).

  • Sol bien drainé : l’avocatier déteste l’eau stagnante → prévoir sable, graviers ou butte si sol lourd.

  • Évite les creux de terrain où le gel s’accumule.

Pour la Plantation

  • Creuser un trou large et profond (50–60 cm).

  • Mélanger terre de jardin + compost mûr + sable grossier (pour le drainage).

  • Planter à la même profondeur que dans le pot (pas plus profond !).

  • Arroser correctement à la plantation, puis garder le sol frais, mais jamais détrempé.

Pour la protection contre le froid

  • Réaliser un Paillage épais au pied (30 cm de feuilles, broyat, paille).

  • En hiver, protéger le tronc et la ramure avec un voile d’hivernage.

  • Pour les jeunes plants : je peux faire une mini-serre de protection avec arceaux + plastique transparent de novembre à mars.

  • Si un fort gel est annoncé (< –7 °C ) alors, il vaut mieux rentrer mon petit plant s’il est encore en pot.

Une Protection contre le soleil

Car oui, le tronc d’avocatier peut brûler au soleil comme la peau humaine !
Car l’avocatier a une écorce fine et verte sur les jeunes troncs et les branches.
Un coup de soleil provoque ensuite des zones nécrosées où s’installent champignons et maladies.
Or, Poitiers peut connaître de fortes chaleurs en été.

Solutions

    1. Protection physique :

      • En horticulture, on badigeonne le tronc avec un lait de chaux très dilué (comme pour les fruitiers classiques) → ça reflète la lumière et protège.

      • Ou bien on entoure le tronc d’un manchon protecteur (toile, carton clair perforé) le temps que l’arbre grandisse.

    2. Ombre naturelle :

      • Planter l’arbre dans un endroit qui reçoit le soleil du matin mais est un peu protégé du soleil brûlant de l’après-midi.

      • Laisser les branches basses les premières années (ne pas élaguer trop tôt).

    3. Surveillance après plantation :

      • Si le tronc brunit ou se fissure côté soleil, intervenir vite (ombrage, protection).

Et le vent ?

L’avocatier n’aime pas non plus…

Arrosage et entretien

  • L’avocatier aime les sols frais : arrose régulièrement en été (sans inonder).

  • En cas de canicule, ombrage temporaire possible sur les jeunes plants.

  • Engrais : un peu de compost mûr ou de purin d’ortie au printemps → pas trop riche.

Mise à fruit

  • Greffé : 3–5 ans, parfois plus.

  • Semis : 7–10 ans (et fruit aléatoire).

  • Pour fructifier, il faut deux arbres de type floral A et B → sinon, floraison sans fruits.

Une particularité :

Les avocats grossissent sur l’arbre où ils peuvent rester plusieurs mois,
mais ne peuvent commencer à mûrir qu’une fois cueillis.

Vais-je vraiment tenter
de cultiver
Un avocatier à Poitiers

Que feriez-vous à ma place ?

C’est vraiment tentant car j’adore les avocats et cette vidéo m’en a mis l’eau à la bouche.
J’ai aussi visité le site « Pépins perdus« .
Il me faut trouver la place idéale et le courage de faire une serre amovible au-dessus…
Je mettrais deux avocats greffés ou plutôt marcottés pour mieux résister au froid (aravaypa + del rio), à la peau lisse et noire au gout d’anis, qui se mange…

  • Aravaipa greffé sur Aravaipa (ou marcotte) → arbre de type A, rustique, fruit fidèle à la variété.
    Mais pas exceptionnel en gout.
    ou
    May (marcotte) car il semble meilleur en gout.

  • Del Rio greffé sur Del Rio (ou marcotte) → arbre de type B, rustique, fruit fidèle à la variété.
    ou
    Mexicola (Persea americana var. drymifolia Mexicola)
    à la peau violet foncé à noire à maturité, très fine et comestible, ce qui en fait un des rares avocats que l’on peut manger entièrement, sans épluchage.

Ce que ça te donne à Poitiers

  1. Pollinisation croisée :
    A + B → meilleure chance de nouaison et donc de fruits.

  2. Rusticité maximale :
    –8 à –11 °C possibles pour des arbres adultes bien protégés.

  3. Fruits fidèles :
    greffés = chair et goût identiques à la variété d’origine.

  4. Mise à fruit :
    environ 3–5 ans après plantation pour des plants greffés.

MAIS

La fructification étant assez précoce, on a vite fait de ne pas avoir de fruits en culture extérieure.

C’est très tentant,
qu’en pensez-vous ?

Cet article a 2 commentaires

  1. Rémi

    Ton article “Cultiver les avocats en France” m’a vraiment intéressé — tu mets en lumière une idée à la fois séduisante et réaliste. Par exemple, quand tu dis que l’avocatier “peut survivre, mais rarement fructifier hors zones très favorables”, cela rappelle que la passion du jardinage ne doit pas effacer la patience et l’adaptation. Ce que j’aime, c’est que tu ne vends pas un rêve facile, mais un défi possible 🙂

  2. Muriel

    Super, merci pour la recherche sur les variétés qui pourraient potentiellement se plaire chez nous. je pense que la plus grande difficultés dans notre région (je suis en Charente Maritime) c’est la durée et le maintien de la chaleur pour que les fruits est le temps d’arriver à maturité. Mais j’ai très envie d’essayer également. Est ce une défi si fou avec l’accélération du réchauffement climatique.

Laisser un commentaire