Si comme moi, vous êtes tenté.e par la culture de champignons, si vous vous demandez comment les faire fructifier au jardin, vous êtes au bon endroit.
Je me suis posé cette question l’année dernière, j’ai testé et… ça fonctionne.
C’est facile, il n’y a pas de difficulté majeure, pour le jardinier débutant comme confirmé.
Comment puis-je cultiver des champignons au jardin ?
Dans cet article
Toggle
Tout d’abord, une petite introduction.
Je sais, vous êtes impatient.e.s de savoir comment cultiver chez-vous de délicieux champignons, et la bonne nouvelle est que c’est réalisable facilement, en extérieur.
Je vous montre tout ça dans quelques minutes.
Patience !
Les champignons en général
Dans la nature, les champignons poussent naturellement en forêt, en particulier les espèces mycorhiziennes, associées aux arbres et aux arbustes, et les décomposeurs, ou saprophytes, qui s’occupent principalement du bois.
Riches en protéines, en minéraux (potassium, magnésium, manganèse, zinc, sélénium …) et en vitamine D, ils peuvent s’offrir une place de choix dans votre forêt comestible.
Vous pouvez pour cela tenter de reproduire le biotope des champignons que vous visez, mais sans garantie de résultat…
Il existe pourtant d’autres techniques permettant la culture des champignons en jardin-forêt, ou même en simple jardin, et cela s’avère souvent bien plus efficace !
Quels champignons
Bien sur, nous le savons tous, il existe plein de sortes de champignons.
En fait, il existe 3 groupes de champignons : mycorhiziens, saprophytes et parasites. Chacun de ces groupes comporte des espèces toxiques et d’autres comestibles.
- Les champignons mycorhiziens, ou symbiotiques, forment des réseaux souterrains en symbiose avec les racines d’arbres et d’arbustes. On les rencontre souvent en forêt : bolets, girolles, ou encore truffes sont des espèces mycorhiziennes. Les champignons apportent eau et minéraux aux végétaux et reçoivent en retour sucres et autres éléments qu’ils ne savent synthétiser par eux-mêmes.
- Les champignons saprophytes sont des décomposeurs de matières organiques : les parties mortes d’un animal ou d’un végétal, ou ces mêmes produits déjà en cours de décomposition par d’autres micro-organismes.
On retrouve dans ce groupe :
– les lignicoles, qui se nourrissent de lignines, et se développent sur des souches par exemple, comme les pleurotes en huitre ;
– les terricoles, qui s’occupent de matière organique déjà un peu dégradée, comme les copeaux de bois (dont le king stropharia dont nous allons parler). - Les champignons parasites, dépendent eux d’autres organismes pour survivre. Contrairement aux symbiotiques, cette association est à sens unique et ne sert que le parasite. Il s’attaquent souvent à des végétaux déjà affaiblis ou âgés.
Quels champignons peut-on manger ?
Ces différents types de champignons comportent donc tous des espèces comestibles, dont la culture diffère d’un type à un autre.
Les champignons les plus cultivés sont les nombreuses variétés de pleurotes (en huitre, jaune…), les champignons de Paris (Agaricus bisporis), les stophaires (comme le Stropharia rugosoannulata) ou encore le shiitake.
Comment cultiver des champignons en pratique ?
On ne passe pas encore tout à fait aux exercices :
Et oui, les champignons, ça pousse vite, mais pas mes explications. Désolée…
Car avant de commencer à cultiver des champignons, il faut
comprendre leur cycle de vie.
Les champignons se multiplient en produisant des millions de spores, qui, une fois posés dans un milieu favorable, germent et ramifient pour se transformer en mycélium.
Lorsque deux mycéliums compatibles sexuellement se rencontrent, ils fusionnent et forment un mycélium secondaire capable de produire des fructifications, nos champignons tels que nous les connaissons.
Découvrons comment favoriser les mycorhizes en fonction des espèces.
Les champignons mycorhiziens, ou symbiotiques
Ils vivent en symbiose avec la plupart des arbres ou arbustes. Ces associations constituent un « échange de bons procédés », comme dans les guildes végétales.
De nombreuses plantes doivent même leur développement à la présence de ces mycorhizes.
En effet, ces derniers améliorent l’absorption de certains minéraux par les plantes, qui en retour leur fournissent des sucres.
Comment favoriser ces associations mycorhiziennes ?
Elles apparaissent naturellement, au fil du temps. Leurs spores circulent dans l’air, en particulier durant l’automne.
Pour provoquer ces associations, différents moyens existent :
- installer de jeunes plants d’arbres ou d’arbustes à proximité des racines d’un sujet plus âgé produisant des champignons, avant de les transplanter quelques années plus tard à l’endroit souhaité pour la culture ;
- arroser des plants à l’aide d’une solution contenant des spores d’une ou plusieurs espèces mycorhiziennes (achetées dans le commerce ou produites en mixant des chapeaux mûrs).
Comptez 1 chapeau par litre d’eau.
Vous pouvez aussi tremper les racines des arbres dans cette solution avant de les planter.
Attention, la manipulation des spores est délicate et la réussite de la culture reste très aléatoire, le taux d’échec est en réalité important.
Quels champignons comestibles mycorhiziens peut-on cultiver ?
- Cèpe d’été (Boletus aestivalis), cèpe bronzé (Boletus aereus) : près des hêtres et des chênes.
- Bolet royal (Boletus regius) : près des chênes, tilleuls, bouleau.
- Girolle (Cantharellus cibarius) : près des caducs comme le chêne et des conifères comme le pin Douglas…
Cultiver des champignons saprophytes
La culture de ces champignons se fait sur rondins, troncs morts, paille ou encore sur un substrat.
Sur troncs/souches
Si vous laissez des souches sur votre lieu – rappelons qu’elles constituent des abris pour certains auxiliaires du jardin – vous pouvez leur inoculer des champignons vigoureux, vous permettant ainsi d’en faire la culture, mais aussi d’empêcher que ce bois mort ne soit colonisé par des champignons parasites invasifs et nocifs, comme les armillaires.
Pour cela, procédez au printemps sur les souches d’arbres coupés en fin d’hiver ou au début du printemps. Agissez peu de temps après la coupe (sinon vous prenez le risque qu’elles soient déjà colonisées). Percez des trous et placez-y des bouchons colonisés par du mycélium.
Les pleurotes se prêtent parfaitement à ce type de culture. Pour certaines variétés, comme le pleurote en huître, la fructification aura plus de chance d’apparaître après un coup de froid, à la fin de la croissance mycélienne. Attention, si le mycélium peut se développer dans l’obscurité, la lumière est nécessaire à la fructification.
Sur rondins
La rapidité de la production dépend du bois utilisé. Les bois tendres, comme le bouleau, permettent une production rapide mais ne dure que 4 à 5 ans, alors que le chêne mettra 2 ans avant de produire mais durera une dizaine d’années.
Les rondins doivent être placés au frais et à l’humidité, et éloignés du sol. L’inoculation doit avoir lieu dans les deux mois qui suivent la coupe, à l’aide de chevilles en bois inoculées dans des trous percés tous les 10 à 15 cm.
Quels champignons se prêtent à la culture sur rondins ?
- Pleurotes de l’érable (Pleurotus cystidiosus) ;
- Plutée en parasol (Pluteus petasatus) ;
- Oreilles de Judas ;
- Sparassis crépu (Sparassias crispa) ;
- Shiitake ;
- Pleurotes jaunes, pleurotes du panicaut, pleurotes en huître…
Sur un substrat
Il s’agit certainement de la méthode de culture la plus simple !
Au printemps de préférence, dans une zone ombragée de votre jardin, disposez un mélange à 50/50 de sciures et de copeaux de bois inoculés sur le sol.
Au préalable, ce mélange aura été humidifié jusqu’à quasi saturation.
Pour éviter tout risque de compétition avec des champignons sauvages, comptez jusqu’à 1 volume d’inoculum pour 3 volumes de substrat.
Recouvrez d’une toile ou de cartons pendant quelques semaines. Quand un feutrage blanc apparaît, retirez les protections (carton…) et arrosez fréquemment sans détremper pour autant le substrat pour provoquer la fructification.
Les champignons concernés par ce mode de culture sont, entre autres :
- Pleurote de l’érable (sciure de feuillus), pleurote en huître ;
- Plutée en parasol (Pluteus petasatus) ;
- Strophaire roi (Stropharia rugosa annulata) ;
- Coprin chevelu (Coprinus comatus)…
Sur paille :
La culture peut se faire sur paille également pour les pleurotes jaunes, pleutotes du panicaut ou encore strophaires à anneaux.
Vous pouvez utiliser de la paille de blé, de seigle ou d’orge, bio de préférence.
Après l’avoir arrosé durant deux jours, inoculez des balles de paille pressées avec du mycélium cultivé sur grains. Ensuite, placez-les dans un endroit chaud et à l’ombre, en contact avec la terre, et maintenez, là aussi, la culture humide.
Prenez garde à la qualité de votre mycélium, il doit être sain : il doit dégager une odeur agréable de sous-bois, ne pas présenter de taches brunes… Évitez de le travailler avec les mains, au risque de le contaminer avec des bactéries indésirables.
Les limaces constituent un danger pour vos cultures de champignons, dont elles sont très friandes ! Pour éviter les dégâts, n’hésitez pas à recourir à des traitements naturels : les retirer à la main la nuit, ou encore élever des coureurs indiens (les poules grattent et détruisent votre plantation, couvrez de grillage large qui laissera passer les champignons, mais empêchera les gallinacées de gratter).
La culture des King Stropharia
Aujourd’hui, c’est donc d’une culture sur paille que nous allons parler. Ou alors sur copeaux, selon ce dont vous disposez.
J’ai tenté le king Stropharia, et ça a bien fonctionné.
Les strophaires sont des champignons très particuliers, excellents, prolifiques et faciles à cultiver.
On les surnomme les « Godzilla » tant leur croissance est rapide et impressionnante.
Ils parviennent parfois à atteindre la taille d’une assiette en quelques jours dans de bonnes conditions de culture.
Leur plus gros avantage, en plus d’être délicieux, c’est de « nettoyer » les sols en transformant les nitrates en protéines.
Comment s'y prendre pour cultiver le Stropharia
Les strophaires poussent mieux au printemps et en été, lorsque les températures avoisinent les 20°C
- Au printemps ou à l’automne, on prépare le lit des Strophaires.
Pour la culture de champignons au jardin, on n’a pas besoin de beaucoup de place :
Ce lit de culture consiste en une petite tranchée d’environ 30 cm de profondeur, 80 cm de longueur pour 50 cm de largeur.
Cela sera suffisant pour un paquet de mycélium de 500g
Mais n’hésitez pas à expérimenter, je vous livre simplement ce que j’ai fait (sur recommandation du fournisseur) - On remplit cette tranchée à moitié avec des copeaux ou du broyat de bois de feuillus, coupé le plus fraichement possible (2 à 4 semaines max)
- On forme de petites boules de mycélium (taille d’une balle de golf) et on les dépose sur les copeaux.
- On recouvre de copeaux de bois et on arrose abondamment.
Notes :
Pour ma part, j’avais des feuilles mortes broyées, j’en ai ajouté au broyat.
On peut protéger le tout d’un carton gris pour conserver l’humidité dont les strophaire ont besoin pour se développer. Cela les protégera du soleil
La colonisation des copeaux par le mycélium prend en général de 4 à 8 semaines.
Quand les chapeaux de mes champignons apparaitront-ils ?
Après ce laps de temps, en quelques jours, vous devriez voir apparaitre les chapeaux des champignons.
La récolte :
Quand les chapeaux sont encore bien ronds et que les lamelles sont déjà bien exposées, on peut récolter.
La multiplication du strophaire
Une fois les copeaux bien colonisés, on peut les réutiliser.
Il suffit alors de prendre une mesure de copeaux colonisés pour 4 mesures de copeaux frais et de refaire une lasagne de la même façon que précédemment.
Remarque
Pour mettre toutes les chances de notre côté, on peut mettre au fond de la tranchée de la paille stérilisée quelques minutes à l’eau bouillante et bien refroidie.
(Je l’ai fait dans mon autocuiseur.)
Cela évite les éventuelles contaminations pas d’autres champignons, potentiellement pathogènes.
Le strophaire dans le reste, du jardin
Partout où il y a suffisamment d’ombre et d’humidité, pour peu qu’on épande des copeaux de bois de feuillus, le strophaire poussera.
En cuisine
Les strophaires ont une saveur exquise qui n’a rien à voir avec les champignons de paris ou les cèpes. C’est un strophaire en somme, avec son propre gout.
On le consomme toute fois de la même manière et il contient autant de nutriments.
Ici, je vous le présente en poêlée, avec de l’ail, des noix de cajou et des graines de sésame pour donner du croquant. Le tout passé à la poêle dans un filet d’huile d’olive.
Hum ! c’est délicieux.
J’aurais pu l’incorporer à une omelette ou l’ajouter cru à une salade…
Chacun trouvera la recette qu’il préfère.
Avez-vous déjà cultivé des champignons au jardin ?
Je serais très intéressée par vos retours d’expérience sur les cultures de champignons que vous avez menées dans votre jardin, en particulier sur les méthodes employées et les résultats obtenus.
Je vous attends dans les commentaires…
Merci Corinne pour cet article super intéressant, riche en information et de nous partager ainsi ta passion. Plein succès dans tes projets.
Un de mes projet futur ! Les champignons sont aussi intéressants pour la nutrition que pour les soins de santé, alors je prévois en implanter dans mes jardins très bientôt. Je trouve que c’est un excellent complément aux légumes et que c’est plus facile à produire…et moins d’animaux qui en mange ! Je dis ça parce que cette année, les chevreuils ont dévorés une grosse partie de mes légumes 😏
Merci pour cet article très complet qui donne envie de tester tout ça ! J’avais déjà vu que les champignons pouvaient se cultiver et je gardais cette idée en tête, merci pour tout ces conseils qui me redonnent envie de tester 🙂 En plus ça peut se faire sur une petite surface, ce qui est bien pratique !
Cet article est une véritable mine d’or ! Il ne me reste plus qu’à commencer avec le king Stropharia pour ma première expérience. Hâte de voir les résultats ! 🍄🌿