Les mauvaises herbes, quelle plaie !
Dans le sol, il existe un immense réservoir naturel de graines de toutes sortes.
Et nous ne voulons pas que ces graines propagent des plantes non désirées partout dans nos jolis parterres et notre potager.
Pourtant, ces graines ne germent que dans certaines conditions bien spécifiques.
Nous pouvons nous servir de cette particularité pour faire le diagnostique de notre sol, en évaluer la qualité, la fertilité, les besoins etc…
Si, au contraire, nous nous en servions ?
Après un petit effort de lecture, vous aurez compris tout le bénéfice qu’on peut tirer de ces plantes pour notre jardin.
Et comment pouvons-nous comprendre et soigner nos sols grâce aux plantes.
Dans cet article
ToggleConnaissez-vous le rôle des fougères dans tout ça ?
Je vous raconte leur histoire…
Ce ne sont pas des "mauvaises herbes" qui couvrent notre sol
Les plantes bio-indicatrices sont des alliées précieuses dans le domaine de l’agriculture et de l’écologie. Elles offrent une multitude d’informations sur l’état du sol, la qualité de l’environnement et la santé des écosystèmes. En tant qu’indicateurs naturels, ces végétaux jouent un rôle clé dans la mise en place de pratiques durables et respectueuses de l’environnement. Dans cet article, nous explorerons en détail ce que sont les plantes bio-indicatrices, comment elles fonctionnent et comment les utiliser de manière optimale.
Qu'est-ce qu'une plante bio-indicatrice ?
Toutes les plantes réagissent de manière spécifique aux conditions environnementales, aux caractéristiques du sol et aux perturbations écologiques.
Les palntes sauvages, que nous appelons volontier « mauvaises herbes » (qui est un mot inventé en 1870) par méconnaissance de leur utilité, fournissent des indices visibles et mesurables sur l’état de leur environnement.
Par exemple, certaines plantes sont particulièrement sensibles à la pollution, à la salinité du sol ou à la présence de métaux lourds. Leur présence ou leur absence peut donc indiquer la qualité du sol et les éventuels problèmes environnementaux. Ceci en fait des plantes bio-indicatrices.
Comment les plantes peuvent-elles réagir à leur environnement ?
Les plantes, au cours de leur évolution, ont appris à se comporter en fonction de leur milieu.
Et vous allez comprendre
pourquoi c’est intéressant pour nous.
Histoire de l’évolution des plantes
Pour comprendre ce qu’est une plante bio-indicatrice, il faut remonter à la formation des sols.
Il y a environ 400 millions d’années, les plantes telles que nous les connaissons n’existaient pas.
Au carbonifère, les plantes comme les fougères sont sorties de l’eau pour coloniser les terres.
Alors que les mousses et les lichens ne peuvent absorber de l’eau que lorsqu’il pleut, les fougères, elles, ont réussi à faire des racines pour aller puiser l’eau dans le sol. C’est ce qui leur a donné la possibilité de pousser autant.
Lorsque ces plantes géantes vont mourir et se retrouver au sol, elles vont apporter sur ce sol une couche de matière organique. Et c’est cette couche qui va alors permettre aux autres plantes de pousser.
Le sol est né.
"Le sol devient un milieu vivant d’échanges entre la roche mère et l’atmosphère. C’est la peau de la terre, qui permet la respiration de la terre"
Gérard Ducerf
Nous en sommes maintenant à la vie du sol.
C’est grâce à la vie de nos sols qu’il y a réabsorption du carbone que nous produisons, par les plantes.
Le sol a besoin de porosité.
La vie va se développer dans le sol.
Comment pouvons-nous comprendre et soigner nos sols grâce aux plantes ?
Revenons à nos fougères :
Ah, leur vie n’a pas été facile, ni leur reproduction…
Nous avons vu que pour coloniser les terres, elles ont résolu le problème de l’alimentation en eau grâce aux racines et à la circulation de la sève.
Mais elles ont encore d’autres adaptations à réaliser :
Elles se reproduisent par spores, comme leur ancêtre l’algue.
Or, ds le cas de l’algue, Les éléments mâles et femelles se retrouvaient grâce à l’eau.
Pour une plante terrestre, être obligé d’attendre l’eau est un sérieux handicap.
Donc, les fougères vont évoluer de façon à faire se rencontrer leurs cellules mâles et leurs cellules femelles ds l’air. Les macrospores sont devenues ovules et les microspores en pollens. Ils peuvent désormais se rencontrer dans l’air (cycadales suivies par les Ginkgophytes).
Chez ces ginkgophytes, un arbre femelle produit des ovules et un arbre mâle, lui, produit des étamines qui dispersent du pollen. Le vent transporte le pollen de l’arbre mâle à l’arbre femelle et ainsi le pollen se pose sur l’ovule et le féconde. La plantule démarre et tout va bien. Sauf que si la plantule démarre en haut de l’arbre, comme en haut de l’arbre elle n’aura pas trouvé d’eau, elle va dépérir rapidement. Ce n’est pas une situation d’avenir.
C’est donc un système de reproduction qui n’a pas perduré. Il ne reste qu’une espèce qui fonctionne de cette manière : le ginko biloba.
L’adaptation était donc nécessaire.
Il y a 250 millions d’années, c’est à dire hier, l’ovule fécondé va bloquer son développement en attendant des conditions favorables avant de lever sa dormance. Cela s’appelle « la graine »
La « dormance » est donc une mise en attente de l’ovule fécondé (la graine), en attendant que les conditions soient réunies pour une bonne croissance de la plantule.
Ceci va changer complétement l’évolution du vivant sur la planète terre.
La plante va pouvoir faire des stocks de graines et nous aussi par la même occasion.
Un autre exemple, celui du conifère.
Chez le conifère, la condition de levée de dormance et le choc avec le sol.
Ainsi la graine est sûre d’être arrivée au sol.
Mais alors, si on travaille le sol avec des outils durs, on lève la dormance des mauvaises herbes ? Et bien oui !
Ensuite les plantes ont perfectionné leurs conditions de levées de dormance pour acquérir leurs propres critères de levées de dormance, de façon à favoriser certaines par rapport à d’autre et que toutes les graines ne germent pas ni en même temps, ni au même endroit, de façon à ne pas se faire concurrence.
Certaines graines par exemple, comme les moutardes blanches ont besoin de sols plutôt calcaires (calcaire actif) alors que la ravenelle demande des bases non solubles (prisonnière des micas) avec un PH plutôt acide.
Chaque espèce a donc ses propres critères de
levée de dormance.
C’est de cette particularité dont nous allons nous servir.
Comment me servir des particularités de chaque plante pour comprendre où en est mon sol ?
Les plantes bio-indicatrices fonctionnent grâce à des mécanismes physiologiques et écologiques spécifiques. Elles ont développé des adaptations qui leur permettent de réagir aux différentes conditions environnementales. Par exemple, certaines espèces ont des capacités d’accumulation ou de séquestration de certains éléments chimiques présents dans le sol. D’autres espèces sont sensibles aux variations du pH, de la température ou de l’humidité.
C’est ainsi que les plantes bio-indicatrices vont pouvoir indiquer :
- les caractéristiques du sol (pH, calcium, argiles)
- la pollution des sols (industrielle, urbaine, agricole)
- la capacité de rétention du sol (lessivat des éléments minéraux, érosion potentielle)
A partir des différentes plantes que je vais trouver sur ma parcelle, je vais pouvoir reconnaitre le fonctionnement biologique de mon sol.
Est-ce que je suis en présence de
- Bactéries aérobies ou anaérobies,
- matière organique fonctionnelle
- MO (matière organique) humus,
- MO soluble,
- MO minéralisable,
- MO archaïque ou fossile,
- y a-t-il des hydrocarbures (sous forme de pétrole ou de charbon)
En fonction de cela, je vais pouvoir situer où en est mon sol.
C’est ainsi que je peux
faire le diagnostic de mon sol.
Quelques exemples de plantes bio-indicatrices
Ortie (Urtica dioica) : L’ortie est souvent associée à des sols riches en azote. Sa présence indique une bonne fertilité du sol. Elle peut également indiquer une humidité élevée du sol.
Pissenlit (Taraxacum officinale) : Le pissenlit est souvent trouvé dans les sols compactés et mal drainés. Sa présence peut indiquer une faible fertilité du sol et un besoin d’aération.
Trèfle (Trifolium spp.) : Le trèfle est une plante fixatrice d’azote. Sa présence indique souvent un sol pauvre en azote. Le trèfle est souvent utilisé comme culture de couverture pour améliorer la fertilité du sol.
Chardon-Marie (Silybum marianum) : Le chardon-Marie est une plante qui peut indiquer une teneur élevée en métaux lourds dans le sol. Sa présence peut être associée à des sols contaminés.
Souci (Calendula officinalis) : Le souci est souvent utilisé comme plante indicatrice de la présence de nématodes dans le sol. Sa présence peut indiquer un risque de problèmes de santé des cultures causés par ces parasites.
Plantain (Plantago spp.) : Le plantain est souvent présent dans les sols acides et pauvres en éléments nutritifs. Sa présence peut indiquer un besoin d’amendements pour améliorer la fertilité du sol.
Vesce commune (Vicia sativa) : La vesce commune est une autre plante fixatrice d’azote. Sa présence indique une bonne disponibilité en azote dans le sol et peut être utilisée comme culture de couverture pour enrichir le sol en azote.
- L’achillée millefeuille :
Sa levée de dormance intervient lors de gros lessivages du sol, lorsque le sol a perdu son calcium et qu’il risque de « partir ».
C’est une plante à rhizomes qui va tenir physiquement la terre.Remarque : Les hémoragies du sol sont également arrêtées chez l’animal ou l’homme.
Ainsi un sol qui est en hémorragie va produire des aliments qui ont des carences.La plante qui lutte contre ces hémorragies va fournir également à l’animal (dont nous sommes) le moyen de se soigner. L’achillée soigne les hémorragies bénignes (coupures, blessures) et active la cicatrisation. - Le sedum album :
Il apparait sur le sol lorsqu’il n’y a pas de MO (matière organique), puisqu’il est capable de vivre et se développer sans elle et presque sans eau.
Si on en trouve dans un champ c’est que son sol est proche de la roche, il a été trop travaillé (labouré, mouliné).
Et ainsi de suite.
Pour aller plus loin
Le livret de Gérard Ducerf sur les plantes bio-indicatrices compile ce qu’il faut savoir sur ce qu’indique leur présence.
Il s’agit d’un petit livre peut cher et de format pratique à emmener sur le terrain.
Il nous donne le diagnostique, et les corrections à apporter.
Gérard Ducerf a également produit une encyclopédie en trois volumes qui détaille davantage les services que peuvent rendre les plantes bio-indicatrices.
Utilisez-vous les plantes bio-indicatrices pour faire le diagnostique de vos sols ?
J’aimerais avoir votre avis.
Si nous en parlions dans les commentaires.