C’est en lisant un article sur le site de « Saine Abondance » que j’ai vraiment compris ce qu’étaient les semences F1 ou hybrides F1
En effet, jusque-là, je pensais que c’étaient des hybrides, simplement des graines croisées de façon à ne pas se ressemer et que par conséquent, il faudrait juste en racheter chaque année.
Je ne trouvais déjà pas cela trop sympa, mais ne faisant pas mes graines moi-même à l’époque, je n’y ai pas réellement fait attention.
Or, depuis que j’ai lu cet article, je suis plutôt carrément outrée.
Pourtant, les graines, c’est la base de la culture
et par conséquent,
la base de l’alimentation.
Pourquoi il ne faut pas utiliser les semences dites F1
Mise au point sur le vocabulaire utilisé :
Nous parlerons dans cet article du terme F1 comme il est défini par les semenciers, car en fait toute première génération issue de parents est une F1, que le croisement soit contrôlé ou spontané.
Ici le terme F1 désignera donc des graines issues de croisement contrôlé (terme utilisé en marketing industriel et censé représenter une graine de qualité agronomiquement supérieure).
Je reviens à mes moutons :
Je suis outrée, car non seulement si on resème les graines issues de nos plantes obtenues à partir de F1 (qu’on a pourtant achetées, payées) on est hors la loi, mais en plus, elles ne donneront pas forcément des plants identiques.
De plus, elles ne seront pas résistantes aux pathogènes. Il faudra donc acheter (c’est bien là le but) des tas de produits pour les protéger.
Nous, on se ruine, et à qui ça profite ?
Je n’ai pas besoin d’écrire la réponse n’est-ce pas ?!
Ainsi, « Saine Abondance » nous dévoile pourquoi les semences F1 sont une aberration sur tous les plans.
Il est évident que je ne vais pas spolier leur article, alors j’ai fait mes propres recherches pour en savoir davantage.
Graine hybride ou graine F1
Toutes les graines F1 sont des graines hybrides, mais toutes les graines hybrides ne sont pas nécessairement des graines dites F1.
On est bien avancés avec ça !
Mais encore ?
Le cas des hybrides :
L’hybridation n’est pas tabou.
Il existe des hybrides, dans la nature et heureusement qu’on peut faire également des croisements pour créer des variétés différentes, sinon, les choux n’auraient pas évolué et on n’aurait pas de choux pommés par exemple, ou des laitues sauvages (Lactuca serriola) ne seraient pas devenues nos bonnes lactuca sativa.
Dans le processus d’hybridation, le pollen d’une fleur est transféré sur le pistil d’une autre fleur.
La nature le fait spontanément et de façon aléatoire. Mais on peut le réaliser artificiellement, manuellement, de façon à sélectionner des caractéristiques désirables combinées des deux parents.
Pour les F1 :
Mais pour les F1, en gros, on cherche à ne conserver que certaines caractérisqtiques de la plante, donc, pour ce faire, on pratique la « consanguinité » dirait-on en biologie animale, jusqu’à éliminer les autres caractéristiques.
Chez les humains, chacun sait que ce n’est pas très bon. C’est pourquoi des lois l’interdisent.
Pour les plantes, c’est pareil.
En effet, la Nature n’a pas envisagé la « consanguinité » et favorise plutôt le mélange des gènes, l’abondance de différences génétiques.
- Graine hybride :
Une graine hybride est une graine résultant du croisement entre deux lignées parentales distinctes, souvent appelées lignées parentales pures.
On sélectionne ces lignées parentales pour des caractéristiques spécifiques telles que le rendement élevé, la résistance aux maladies, la qualité du produit, etc.
Lorsque ces lignées parentales sont croisées, les graines hybrides résultantes peuvent afficher une variété de caractéristiques héritées de chaque parent.
Graine F1 :
Une graine F1, quant à elle, est la première génération issue du croisement entre deux lignées parentales pures spécifiques.
Vous avez bien remarqué la nuance :
lignée parentale spécifique
contre
lignée parentale pure.
Le terme « F1 » signifie « première génération filiale ». Les graines F1 sont donc des hybrides de première génération résultant du croisement spécifique de deux lignées parentales. Elles sont souvent sélectionnées pour leur uniformité, leur vigueur hybride et leurs caractéristiques spécifiques résultant du mélange des caractères des deux parents.
Où est le problème ?
C’est la consanguinité qui pose problème :
Qui dit consanguinité dit appauvrissement du patrimoine génétique.
Et par conséquent, dans le cas de nos légumes, moins de richesse de nutriments.
Et oui !
Les hybrides F1 ont été « fabriqués » pour le rendement, ou d’autres spécificités, et ils sont là, mais pas la qualité.
La seconde année, les gènes occultés la première année réapparaissent et donnent des plants « monstrueux », fardés de toutes les tares possibles.
Inutile donc de tenter de ressemer ce que vous auriez ramassé comme graines de ces F1.
Pourtant, vous n’aimeriez pas pouvoir reproduire la fleur que vous aviez chérie cette année ?
Et bien, vous ne pourrez pas obtenir la même beauté à partir de la graine, si toutefois celle-ci daignait germer.
Parlons des endophytes
On peut se dire qu’après tout, tout ceci n’est pas si grave.
Pourtant, ce qui m’a le plus perturbée, c’est le cas des endophytes.
Je m’explique :
Les graines naturelles (non F1), comme les humains, ont un microbiote !
Les endophytes sont des micro-organismes tels que des bactéries ou des champignons qui vivent à l’intérieur des tissus des plantes sans leur causer de dommages.
En fait, dans la majorité des cas, les endophytes peuvent être bénéfiques pour les plantes en les aidant à résister aux maladies, aux ravageurs et aux conditions environnementales défavorables.
Ils peuvent également améliorer la croissance des plantes et augmenter leur tolérance au stress.
Les endophytes sont une composante importante du microbiome des plantes, jouant un rôle clé dans la santé et la robustesse des écosystèmes terrestres.
Et sur les graines, notre propos du jour, les endophytes sont, de même, des micro-organismes qui résident à l’intérieur des tissus des graines.
Ces endophytes peuvent provenir de diverses sources, y compris les plantes mères, du sol et de l’environnement.
Les endophytes sytémiques sont ceux qui sont propres à la plante et qui sont transmis de génération en génération par la graine.
Il existe des endophytes non systémiques qui proviennent du milieu extérieur en contact avec la plante.
Leur présence peut avoir divers effets sur les graines et les plantules qui en émergent, en les protégeant contre les pathogènes, en favorisant leur germination, en améliorant leur croissance et en renforçant leur tolérance au stress environnemental.
Ainsi, par exemple, certains endophytes produisent des substances antimicrobiennes qui peuvent protéger les graines contre les infections fongiques ou bactériennes.
D’autres peuvent améliorer l’absorption des nutriments par les racines des plantules, favorisant ainsi leur croissance et la richesse future des plantes en ces nutriments.
Et là, on parle de notre alimentation aussi…
En résumé :
Les endophytes sur les graines constituent une composante importante de l’écosystème des plantes et peuvent jouer un rôle crucial dans la santé et la réussite des plantes dès le stade de la germination.
Les F1 n’ont pas d’endophytes
On comprend de ce qui précède que les graines non protégées par les endophytes développent
- une vulnérabilité accrue aux maladies et aux ravageurs
- moins de résilience aux stress environnementaux
Pas grave, on vous fournira des « béquilles », payantes bien sûr, pour palier ces inconvénients.
Conclusion :
Vous avez payé plus cher deux fois, puisque les graines produiront davantage (en première génération), si vous prenez le pacage avec pesticides donc, vous paierez aussi ce supplément.
En plus, vous produirez peut-être davantage, mais de moins bonne qualité.
Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
Remarque :
Les endophytes des graines peuvent contribuer à la colonisation du sol par des endophytes, ils nbien qu’ils ne soient pas les seuls contributeurs.
En effet, les endophytes des graines peuvent migrer vers les racines des plantules lors de la germination et coloniser les tissus racinaires, contribuant ainsi à la population d’endophytes présents dans le sol environnant.
Les endophytes jouent un rôle important dans la santé et la fertilité du sol, bien que leur impact puisse être indirect.
Or, les endophytes peuvent être transmis verticalement des plantes mères aux graines. Les plantes parentales peuvent héberger des endophytes dans leurs tissus et transmettre ces endophytes à leur progéniture via les graines.
Ainsi, les endophytes présents dans les graines peuvent coloniser les racines des plantules dès le stade précoce de la germination.
Les endophytes influent sur
La décomposition de la matière organique :
Certains endophytes présents dans les plantes peuvent aider à décomposer la matière organique dans le sol.
En favorisant la décomposition des résidus végétaux et des matières organiques, les endophytes contribuent à la formation d’humus, ce qui enrichit le sol en nutriments et en matière organique.
Fixation de l’azote :
Certains endophytes sont capables de fixer l’azote atmosphérique, le transformant en une forme que les plantes peuvent utiliser pour leur croissance.
En fournissant de l’azote aux plantes hôtes, les endophytes contribuent à la fertilité du sol en augmentant la disponibilité des nutriments essentiels.
Amélioration de la structure du sol :
Les endophytes peuvent sécréter des substances qui favorisent l’agrégation des particules du sol, améliorant ainsi sa structure et sa stabilité.
Une meilleure structure du sol favorise une meilleure infiltration de l’eau, une aération adéquate et des conditions favorables à la croissance des racines.
Réduction de l’érosion du sol :
En renforçant la structure du sol et en favorisant la croissance végétale, les endophytes peuvent contribuer à réduire l’érosion du sol en limitant le ruissellement de l’eau et le déplacement des particules du sol par le vent.
Protection contre les agents pathogènes du sol :
Certains endophytes produisent des métabolites secondaires qui ont des propriétés antifongiques ou antibactériennes.
En colonisant les racines des plantes, ces endophytes peuvent aider à protéger les plantes contre les maladies du sol en inhibant la croissance des agents pathogènes.
Conclusion :
Pourquoi jouer les apprentis sorciers ?
On constate que la nature est bien plus complexe qu’il n’y parait à première vue.
Tout se tient, tout est lié. Modifier une « ligne de code » et tout est modifié.
Mais pourquoi a-t-on créé des hybrides F1 ?
Quels avantages cherche-t-on ?
Ce qui a été sélectionné, c’est plutôt
- le rendement,
- la tenue au transport,
- la dureté de la peau
- la résistance à une maladie (ce qui pourrait être louable)
- une facilité à la récolte
- une homogénéité de calibre
- une récolte non échelonnée (exemple des cerises grappe qui murissent toutes d’un coup)
- une récolte facile (les haricots au-dessus du feuillage)
- l’esthétique particulière
tout ceci pour les professionnels, mais inutile pour le particulier qui fait son potager.
en revanche, en aucun cas pour
- le gout, la saveur, la texture
- la valeur nutritive, la teneur en nutriments
À nous de choisir
Nous pouvons lire, dans la revue POUR, l’article « Regain des semences paysannes«
Pour soutenir la diversification de l’alimentation en invitant à changer de regard sur le vivant, Véronique Chable nous explique comment une part des endophytes, qui fait partie de la diversité biologique utile, a été dégradée ou perdue par l’industrie semencière.
Les semences paysannes et le patrimoine génétique endophyte qu’elles recèlent pourrait redevenir une ressource reconnue pour l’amélioration végétale dans le monde.
DIVERSIFOOD contribuera à « faciliter la coopération entre les réseaux de recherche participative et les sélectionneurs professionnels ainsi que les décideurs politiques pour connecter les systèmes semenciers formels et informels en Europe dans le cadre des négociations internationales sur les droits des agriculteurs avec le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. »
Pour aller plus loin
- Vous pouvez regarder cette vidéo de Kokopelli sur les graines F1 industrielles
- Celle de Xavier Mathias est plus courte et très bien expliquée, avec des termes simples.
Lui non plus ne veut pas de F1 dans son jardin.
Il nous explique pourtant pourquoi les F1 ont été créés pour les professionnels. - La page de SEMAE sur l’inscription des graines « population » au catalogue officiel pour qu’elles puissent être achetées par les professionnels.
- Les variétés hybrides, une fiche du réseau « semences paysannes » qui explique ce qu’est une variété hybride par rapport à une F1 ou un OGM
- Vous pouvez regarder cette vidéo de Kokopelli sur les graines F1 industrielles
Que pensez-vous des hybrides F1
Lorsque vous achetez des graines, faites-vous attention aux F1 par rapport aux graines appelées « population » ?
Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à faire la différence lorsque j’achète en magasin, c’est pourquoi je privilégie en général internet pour mes achats, car j’y trouve beaucoup plus d’indications sur les graines. (Sachant que Bio n’est pas suffisant pour faire la différence…).
Qu’en pensez-vous ?
