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Les muscardins, vous connaissez ?

Dans le silence des haies et des lisières, un petit être discret veille : le muscardin (Muscardinus avellanarius, rat doré, ou dormouse en anglais).
Avec sa fourrure fauve, ses grands yeux noirs et sa queue duveteuse, il incarne la douceur et l’harmonie des milieux boisés.

Pour Hervé Covès, ingénieur agronome passionné de permaculture et de symbioses naturelles, le muscardin n’est pas qu’un simple rongeur. Il est le symbole vivant des écosystèmes équilibrés, où chaque être, du plus grand au plus petit, joue un rôle essentiel. Ce petit animal, en reliant les arbres et les haies, participe à la grande toile de la vie, tissant des liens invisibles, mais fondamentaux.

En observant le muscardin, Hervé Covès nous invite à repenser notre rapport à la nature : à voir la beauté dans la discrétion, la force dans la fragilité, et à comprendre que la préservation des plus modestes habitants de nos campagnes est le reflet de notre engagement envers la biodiversité.

Et nous,
que pensons-nous du muscardin ?

Est-ce un rongeur de plus à éliminer ?

Carte d’identité

CritèreDétails
Nom vernaculaireMuscardin, souris des noisettes, dormouse d’Europe
Nom scientifiqueMuscardinus avellanarius (Linnaeus, 1758)
FamilleGliridae (loirs et lérots)
Taille & poids6-9 cm (corps) ; 5-8 cm (queue) ; 15 g au printemps → 40 g avant l’hibernation
Longévité4-5 ans à l’état sauvage 
Statut UICN« Préoccupation mineure » (LC) en Europe, mais localement menacé.
ProtectionAnnexe IV de la Directive Habitats, Convention de Berne, espèce protégée en France et Royaume-Uni
Le muscardin rongeur méconnu

Morphologie et identification

Son pelage uniformément fauve-doré, il a un ventre plus clair, une queue touffue servant de balancier.
Ses grands yeux noirs sont adaptés à la vie nocturne.
Non, il n’a pas de masque facial sombre, c’est ce qui permet de le distinguer du lérot (Eliomys quercinus).
Ses incisives laissent sur les noisettes une ouverture circulaire à bords lisses, signature pratique pour le diagnostique sur les noisettes par exemple.

Répartition géographique

:C’est une espèce dite euro sibérienne, c’est-à-dire qu’on la rencontre de la Péninsule Ibérique et des Îles Britanniques jusqu’au centre-ouest de la Russie. En revanche, on ne la trouve pas en Scandinavie nordique ni dans les grandes plaines cultivées d’Europe centrale.

En France, le muscardin est présent, mais dans des zones géographiques morcelées : on le retrouve en densités notables dans le Massif armoricain, le Centre, les contreforts alpins et le Jura, mais il est pour l’instant plus rare dans le sud-ouest.
En 2024, des inventaires par capteurs thermiques ont révélé un noyau jusque-là inconnu dans les landes atlantiques, suggérant une adaptation aux fourrés de bruyères plus ouverts.

Nid de muscardin

Vivement que j’en voie dans mon jardin,
c’est si mignon

Habitat et exigences écologiques

Le muscardin affectionne particulièrement les paysages semi-naturels riches et diversifiés. Son habitat idéal se compose d’une mosaïque de haies vives, de lisières forestières, de sous-bois feuillus et de bosquets structurés. Ce petit rongeur apprécie surtout les milieux où la strate arbustive est dense, mêlant noisetiers, ronces, clématites, aubépines, et autres arbrisseaux produisant fruits et couvert végétal.

Contrairement à d’autres espèces strictement arboricoles, le muscardin n’a pas besoin d’une canopée haute et fermée : il évolue volontiers dans une végétation de 0 à 4 mètres de hauteur. Il grimpe avec aisance dans les buissons et les branches basses, mais n’hésite pas à descendre au sol pour passer d’un fourré à un autre, surtout si la continuité végétale est maintenue.

Sa survie dépend fortement de la présence de ressources alimentaires variées tout au long de l’année. Il utilise les chatons de noisetier au printemps, se nourrit des baies d’été (ronce, prunelle, troène…), et fait des réserves avec les noisettes à l’automne, avant de s’endormir pour l’hiver.

Le muscardin évite instinctivement les milieux trop homogènes ou dégradés. Il est peu présent dans les monocultures résineuses, les grandes clairières ouvertes sans buissons, ou les zones agricoles intensives sans lisières ou haies connectées. Ces paysages pauvres en structure et en diversité végétale ne répondent ni à ses besoins alimentaires, ni à ses exigences de sécurité.

Nourriture et régime alimentaire

L’alimentation du muscardin est à la fois variée et saisonnière. Il dépend fortement de la diversité végétale de son milieu.
Au printemps, il se nourrit de bourgeons et surtout de chatons de noisetiers et de saules, riches en protéines.
En été, il consomme baies, fruits charnus et fleurs, trouvés dans les ronciers, prunelliers, aubépines, cornouillers…
À l’automne, son régime se compose essentiellement de graines oléagineuses comme les noisettes, qu’il stocke parfois avant l’hibernation.
Il peut aussi consommer des insectes, larves ou petits invertébrés en complément.

Le muscardin, un petit rongeur

Reproduction

Le muscardin a une reproduction tardive et dépendante des conditions climatiques et alimentaires. Les naissances ont lieu principalement entre juillet et septembre, avec généralement une seule portée par an, parfois deux dans les milieux favorables. La femelle met bas dans un nid sphérique fait d’herbes sèches, de feuilles et de mousse, placé à faible hauteur dans un buisson dense. Chaque portée compte en moyenne 4 à 6 petits, qui sont allaités durant un mois. Les jeunes atteignent leur autonomie au bout de 6 à 8 semaines.

Nidification et repos

Le muscardin construit différents types de nids selon l’usage. Son nid de repos diurne est souvent une boule végétale dense (10–15 cm de diamètre), fixée dans les buissons à faible hauteur (30 cm à 1,5 m). Pour l’hibernation, il préfère les cavités plus sûres : souches creuses, cavités de racines, amas de feuilles mortes ou terriers abandonnés. Ces nids sont isolés thermiquement pour résister aux températures basses. Le muscardin entre en hibernation à l’automne (souvent en octobre) et peut rester endormi jusqu’en mars, selon les conditions climatiques.

Muscardin en hibernation
Muscardin en hibernation dans un nid d'oiseau

Hibernation

L’hibernation est une phase cruciale pour la survie du muscardin. Elle dure 5 à 6 mois, au cours desquels l’animal, roulé en boule, entre dans une léthargie profonde. Son rythme cardiaque ralentit, sa température corporelle chute, et son métabolisme est réduit au minimum. Il ne se réveille que si les températures remontent brusquement ou si le nid est perturbé. Pour passer l’hiver, il a besoin de réserves de graisse accumulées à l’automne, grâce à un régime riche en fruits et graines.

Prédateurs et menaces naturelles

En dépit de son mode de vie discret, le muscardin peut être la proie de plusieurs prédateurs. Les rapaces nocturnes (comme la chouette hulotte), les renards, les martres, et parfois les chats domestiques représentent un danger. Cependant, la principale menace aujourd’hui reste d’origine humaine : la destruction ou fragmentation de son habitat, qui rend ses déplacements risqués et ses ressources alimentaires plus rares.

Menaces anthropiques

Comme beaucoup d’espèces, le muscardin souffre de la simplification des paysages ruraux. La disparition des haies bocagères, la conversion des prairies en monocultures, l’usage massif des pesticides, et le morcellement des milieux naturels rendent sa survie difficile. Les corridors de haies fragmentés l’exposent à la prédation et limitent ses déplacements. Le changement climatique pourrait aussi perturber son cycle annuel, en raccourcissant la période d’hibernation ou en déréglant sa reproduction.

Indicateur écologique

Comme nos pantes adventices nous renseignent sur le terrain sur lequel elles poussent, le muscardin, par sa sensibilité aux modifications du paysage, le muscardin est considéré comme un excellent bio-indicateur. En effet, sa présence révèle un milieu riche, peu perturbé, avec une forte continuité écologique.
À l’inverse, son absence peut signaler une perte de connectivité, un appauvrissement de la flore arbustive ou un excès de pression agricole.
Le muscardin est ainsi utilisé dans plusieurs programmes d’évaluation de la qualité des haies et des trames vertes.

Statut de protection

Le muscardin bénéficie d’un statut de protection strict en France et en Europe. Il est inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore, ce qui interdit sa capture, sa détention et la destruction de ses habitats.
Il figure également dans la Liste rouge des mammifères menacés et fait l’objet de plans nationaux d’actions (PNA) visant à préserver ses populations et restaurer ses milieux de vie.

Un allié des paysages vivants

Au-delà de son rôle écologique, le muscardin symbolise un lien fort entre biodiversité, agriculture et paysages traditionnels. Il vit dans les mêmes milieux que de nombreuses autres espèces précieuses : pollinisateurs, oiseaux des haies, reptiles, petits insectivores. Préserver le muscardin, c’est protéger un écosystème complet, au service d’une nature résiliente et harmonieuse, comme le rappelle souvent Hervé Covès dans ses réflexions sur la fertilité, la beauté et la complexité du vivant.

Crédit photo couverture :
By Danielle Schwarz – Danielle Schwarz, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42999086

Vous voulez l'accueillir

🌿 Fiche pratique : Créer et gérer une haie favorable au muscardin (Muscardinus avellanarius)

Pour espérer le voir revenir dans notre région, si nous plantions son habitat préféré ?

🎯 Objectif

Aménager des haies champêtres riches et continues qui offrent nourriture, abri, et corridors pour les déplacements du muscardin.

🌳 Plantes recommandées

🌰 Essences nourricières (fruits / graines)

  • Noisetier (Corylus avellana)

  • Prunellier (Prunus spinosa)

  • Aubépine (Crataegus monogyna)

  • Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea)

  • Ronce (Rubus fruticosus)

  • Églantier (Rosa canina)

  • Troène (Ligustrum vulgare)

  • Viorne lantane (Viburnum lantana)

🌼 Plantes à floraison précoce

  • Saule marsault (Salix caprea)

  • Noisetier (chatons dès février)

  • Pissenlits et violettes en lisière

🌿 Couche herbacée utile (en pied de haie)

  • Graminées hautes, orties, clématite des haies

Comment faire

✂️  Un Entretien raisonné

ActionFréquence / Période
Taille d’entretien douce1 fois tous les 5-7 ans, par tronçon
Suppression d’essences invasives (ex. buddleia)À la détection
Pas de broyage de sol intégralLaisser micro-refuges
Respect des nidsPas d’élagage d’avril à août (reproduction)

🧭 Faire des Connexions paysagères

Plus important qu’on ne le croit, faire des liaisons entre les différentes parties de son domaine est primordial pour beaucoup d’espèces, animales ou pour les mycorhizes.
Cette fois encore, il sera utile de :

  • Relier chaque haie à un autre habitat naturel : lisière de bois, bosquet, ruisseau boisé.

  • Créer des corridors d’au moins 10 m de large (haie double ou haie + bande herbacée).

  • Éviter les coupures de plus de 50 m (fossés profonds, routes, champs nus).

🏡 Pour l’inviter

  • Des Nichoirs à muscardins :

    • Dimensions : 26 × 10 × 10 cm ; trou de 28 mm

    • Hauteur : 1–2 m, sur tronc ou tuteur

    • Orientation : nord-est à nord-ouest

    • Nettoyage : 1 fois/an en mars

  • Poser des caméras infrarouges discrètes (hauteur 1,5 m) pour les observer sans les déranger.

🌿 Variante naturelle : le « nid sauvage »

Si tu veux favoriser les nids naturels, tu peux :

  • laisser des ronciers, clématites, lianes, noisetiers se développer librement,

  • éviter de tailler les haies en période de nidification (mai à septembre),

  • laisser au sol des feuilles mortes, de la mousse, ou un tas de branches : le muscardin s’en servira pour hiberner.

En guise de conclusion, je n'ai qu'une chose à dire en faveur du muscardin

🌾 Protégeons le discret, préservons l’essentiel

Le muscardin ne fait pas de bruit. Il ne laboure pas les champs, ne chante pas à l’aube, ne se montre qu’à pas feutrés. Et pourtant, sa simple présence dit tout d’un paysage vivant : des haies tissées de ronces et de clématites, des lisières riches en fleurs et en fruits, des sous-bois où l’on respecte le temps et la diversité.

En apprenant à mieux le connaître, nous comprenons que préserver le muscardin, c’est bien plus que protéger un rongeur attachant. C’est choisir de défendre un mode de vie rural fait de diversité, de liens invisibles entre les espèces, de beauté simple et durable. C’est aussi écouter la sagesse de ceux, comme Hervé Covès, qui voient dans la nature une grande conversation où chaque voix, même minuscule, a son importance.

Alors, à notre échelle, semons des haies, préservons les lisières, laissons vivre les ronces et les noisettes.
Car là où le muscardin peut passer la nuit en paix, l’homme aussi peut espérer vivre en harmonie.

Le muscardin

Que pensez-vous du muscardin ?

Ce n’est qu’un petit rongeur parmi tant d’autres. »

Pour certains, le muscardin ne se distingue pas particulièrement des autres rongeurs et ne justifie pas des efforts particuliers de conservation. Ils peuvent le voir comme un détail secondaire dans les enjeux écologiques plus vastes.

Dans un contexte de rendement et d’agriculture intensive, certaines voix peuvent considérer les haies et friches comme des contraintes techniques ou économiques, des surfaces « perdues » à entretenir.

Mais d’autres savent que chaque espèce a une valeur. Si modeste soit-elle, elle participe à une trame vivante dont nous dépendons tous.

Et pour vous ?

J’attends vos réflexions dans les commentaires.

 

Cette publication a un commentaire

  1. Muriel

    Bonjour, et merci pour toutes ces infos sur ce petit animal bien attachant!

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