Une synergie intéressante.
Le biochar enrichi en Trichoderma est une combinaison très prometteuse dans le domaine du sol vivant et de l’agriculture régénérative
Qu’est-ce que le biochar ?
Dans cet article
ToggleLe biochar est un charbon végétal obtenu par pyrolyse (chauffage sans oxygène) de biomasse (bois, paille, déchets verts, etc.).
C’est une éponge carbonée stable, qui :
retient l’eau et les nutriments,
abrite les micro-organismes,
et reste dans le sol plusieurs centaines d’années.
En soi, il est inerte chimiquement (il n’apporte pas directement de nutriments), mais il agit comme support et régulateur biologique.
Qu’est-ce que Trichoderma ?
Les Trichoderma sont des champignons filamenteux bénéfiques du sol.
Ce sont de vrais alliés du jardinier :
ils colonisent les racines sans les parasiter,
protègent les plantes contre des pathogènes (fusarium, pythium, sclérotinia…),
stimulent la croissance (production d’hormones végétales comme l’auxine),
décomposent activement la matière organique (cellulose, lignine),
et améliorent la résilience du sol.
Mais comme tout être vivant, ils ont besoin d’un habitat stable et humide pour prospérer… et c’est justement là que le biochar intervient.
Le biochar enrichi en Trichoderma : une symbiose remarquable
Le biochar sert de maison durable aux Trichoderma.
Comment ça marche :
- On “charge” (ou inocule) le biochar avec une suspension de Trichoderma harzianum (ou une autre espèce) souvent en même temps qu’un compost, du jus de lombricompost, ou une eau de riz fermentée.
- Le champignon colonise les micropores du biochar (comme une éponge noire pleine de galeries).
- Une fois incorporé au sol, le biochar devient une base microbienne durable, où les Trichoderma se développent et défendent les racines sur le long terme.
Les effets observés (confirmés par études et pratiques de terrain)
Ce n’est pas qu’une hypothèse, on l’a vérifié sur le terrain.
(sources des études :
– Combination of Biochar and Trichoderma harzianum… (sur Brassica juncea) dans sols contaminés en cadmium / arsenic,
– Biochar and Trichoderma as an Eco-friendly and Low-Cost Alternative to Improve Soil Chemical and Biological Properties
– et bien d’autres)
Biochar + Trichoderma➕ forte activité enzymatique, ➕ biomasse végétale, ➕ nutriments disponibles, ➕ résistance aux stress.
Effet synergique : le biochar sert de support et de niche protectrice au champignon, qui colonise mieux le sol.
Ce qu’on comprend de la synergie
Le biochar joue ici un rôle de “logement” pour le Trichoderma :
-
Ses pores lui offrent un refuge contre la dessiccation et les UV.
-
Sa grande surface retient un peu d’humidité et de matière organique.
-
Il fixe les spores et favorise une colonisation plus stable et durable dans le sol.
Le Trichoderma, lui, “active” le biochar :
-
Il libère des acides organiques et enzymes qui accélèrent la libération d’éléments nutritifs adsorbés sur le biochar.
-
Il stimule les micro-organismes environnants (effet de réseau trophique).
-
Il transforme une partie du carbone du biochar en formes plus accessibles à la vie du sol.
En somme :
- Le biochar donne au Trichoderma un habitat stable,
- Le Trichoderma “réveille” le biochar et le relie à la vie du sol.
Donc le mélange
biochar trichoderma
sera bon pour
mes choux-fleurs ?
En pratique pour le chou-fleur
Même si cette synergie est utile à tout le potager, le chou-fleur réagit très bien à cette préparation, car :
il aime les sols riches en calcium,
il est sensibles aux maladies racinaires (d’où l’intérêt du Trichoderma),
et il apprécie par-dessus tout un sol humide, bien structuré et vivant.
Utilisation au jardin
Au moment de la plantation
Dose : 1 poignée (≈ 200 ml) par plant de chou-fleur, tomate, courge, etc.
→ Mélange dans le trou de plantation avec un peu de terre.
Cela crée une microzone très active autour des racines (effet “rhizosphère boostée”).
En amendement de fond
Dose : 2 à 5 L/m² (soit environ un demi-seau de 10 L pour 2 m²).
→ Incorporer superficiellement (3–5 cm max) ou simplement déposer avant paillage.
Le biochar colonisé agit lentement mais durablement (plusieurs années).
D’accord ! Alors,
comment puis-je obtenir
cette synergie biochar trichoderma
RECETTE MAISON de Biochar enrichi en Trichoderma
Pour environ 15 à 20 L de biochar enrichi (suffisant pour 3 à 5 m² de potager) :
Remarque : On peut acheter du biochar tout prêt dans les bonnes jardineries,
ainsi que le trichoderma.
Si vous voulez FAIRE VOTRE BIOCHAR MAISON, voici une vidéo que j’ai trouvé intéressante.
Le biochar doit être bien sec :
Broyer si besoin pour obtenir des morceaux de 2–10 mm de diamètre idéalement.
Les humidifier légèrement à l’eau de pluie.
(Optionnel mais utile) Le tremper 24 h dans de l’eau + un peu de compost → cela retire les poussières et amorce la colonisation microbienne.
Préparation de l’inoculum (le “cocktail vivant”)
Dans un seau propre :
Verse 1 L d’eau de riz fermentée ou de petit-lait.
Ajoute une cuillère de compost bien tamisé ou une cuillère de lombricompost liquide.
Mélange doucement.
Ajoute ensuite les spores de Trichoderma (en poudre ou diluées selon les indications du fabricant).
💡 Les souches les plus courantes : Trichoderma harzianum, T. asperellum ou T. viride.
Laisse reposer quelques heures à température ambiante, à l’ombre.
→ Le mélange devient légèrement mousseux ou odorant : c’est bon signe !
Inoculation du biochar
Dans une grande bassine, mélange :
1 part de biochar humide,
1 part de compost mûr,
et ton cocktail vivant.
Bien remuer pour obtenir une texture homogène et humide (comme une éponge essorée).
→ Si besoin, ajoute un peu d’eau de pluie.Couvre (toile de jute, couvercle ajouré, ou chiffon humide).
Laisse mûrir à l’ombre 10 à 15 jours.Température idéale : 20 à 28 °C
Humidité : toujours humide, jamais détrempé
⏳ Pendant ce temps, le Trichoderma colonise les micropores du biochar, soutenu par les bactéries du compost et les sucres de fermentation.
Astuce sol vivant
Pour activer encore plus la vie
Tu peux renforcer ton inoculum avec :
une cuillère de mélasse (si tu en as, pour nourrir les champignons),
un peu de poudre de roche calcaire ou lithothamne (source douce de calcium et minéraux),
quelques copeaux de bois compostés (lignine, bon support pour Trichoderma).
Que va-t-il se passer
Le Résultat attendu avec le mélange biochar trichoderma
Après quelques semaines en sol :
Les racines des plantes s’installent plus vite,
Le sol reste humide et grumeleux,
Les maladies racinaires régressent,
Et la vie souterraine explose
Trouver le trichoderma dans la nature
Nous avons parlé dans un article précédent de la Lifofer, ou litière de forêt fermentée.
Avec un peu d’observation, de patience et quelques précautions, nous pourrons trouver le trichoderma dans la nature, évidemment.
Comprendre où vit le Trichoderma
Le Trichoderma est un champignon microscopique du sol, saprophyte, très commun dans :
les litières forestières riches en matière organique,
les bois en décomposition (surtout tendres : peuplier, hêtre, bouleau, etc.),
les sols humifères frais, bien aérés,
les composts mûrs (en phase de maturation, pas chaude).
Il se développe là où il y a beaucoup de champignons et de cellulose à décomposer, mais pas d’excès d’humidité stagnante.
👉 En forêt, on le trouve souvent sous forme d’une fine moisissure verte vif à vert émeraude sur un bois en décomposition.
Récolter une source naturelle
Tu peux le prélever sans danger écologique si tu le fais avec parcimonie.
Matériel :
Un petit couteau ou une spatule en inox propre
Un bocal en verre ou un sac papier
Un peu de compost mûr ou de terre du potager pour « ensemencer » ensuite
Méthode :
Cherche un bois mi-pourri, spongieux, avec une fine poudre verte à sa surface (comme une poussière de velours).
Préleve une petite portion (quelques cm²) de ce bois ou d’humus qui en contient.
Mets-la dans ton bocal, avec un peu de compost humide (1 volume de prélèvement pour 3 volumes de compost).
Ferme légèrement (couvercle non hermétique) et laisse à température ambiante (20–25°C) à l’abri du soleil pendant 5–7 jours.
Le Trichoderma va se multiplier rapidement dans la matière organique (tu verras peut-être un léger voile verdâtre).
Utiliser ton inoculum naturel
Quand le compost ou le bois a pris cette teinte verte caractéristique, tu as un inoculum maison !
Utilisation :
Mélange une poignée de ce compost “vert” dans tes semis, tes substrats, ou dans la terre avant plantation.
Tu peux aussi l’associer à du biochar (humide et poreux), pour le charger de Trichoderma avant d’amender le sol.
💡 Pour un bon démarrage :
Humidité douce (pas détrempé),
Température douce (pas au soleil direct),
Un peu de sucre (mélasse diluée) peut accélérer la colonisation.
Précautions :
Ne pas prélever dans des zones polluées ou trop fréquentées (bords de routes, zones industrielles).
Bien différencier du Penicillium (bleu-vert) ou Aspergillus (gris-vert terne). Le Trichoderma est plus vif, lumineux, velouté, et se développe plus uniformément.
Une fois multiplié, il faut l’utiliser dans les 2 à 3 semaines, ou le conserver au frais (5–10°C).
Bonus : pour le multiplier facilement à la maison
Nous avons déjà parlé de la manière d’apporter les micro-organismes au jardin.
Ainsi, nous savons les cultiver sur :
Riz cuit (méthode proche des IMO coréens),
Farine de blé ou de riz + eau + compost,
Ou morceaux de bois tendres humidifiés.
➡️ Cela te permet de créer ton “starter de Trichoderma local”, durable et autonome.
c’est la vie qui nourrit la vie.
En résumé
En combinant le biochar et le Trichoderma, on ne fait pas qu’ajouter deux produits au sol :
on recrée une alliance naturelle entre la matière et la vie.
Le biochar offre un refuge stable, aéré et durable ; le Trichoderma y trouve un abri, s’y multiplie et ensemence les racines.
Ensemble, ils forment un microbiome protecteur, capable de soutenir la santé des plantes même dans des sols fatigués.
Dans un jardin vivant, ces alliances invisibles comptent autant que les gestes du jardinier.
Observer, comprendre et nourrir ces relations, c’est participer à la grande conversation du sol.
En somme : Le biochar et le Trichoderma sont deux voix différentes d’un même langage : celui de la fertilité partagée.
Je suis sure que je vous ai donné envie
Allez-vous cuisiner votre jardin pour encore plus de vie ?
Dites-nous ce que vous pensez de tout cela…