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Connaissez-vous le slaoui

Cet été, j’ai eu beaucoup de mal avec mes courgettes à cause de la canicule. Arroser ne suffisait pas, il a fallu ombrer. Pour un légume du soleil, c’était raté !

Et si je trouvais quelque chose
qui supporte encore mieux la chaleur ?

L’année prochaine, je vais planter le slaoui (Lagenaria longissima) ou courge serpentine.

Il était une fois, au cœur des jardins méditerranéens et des campagnes africaines, une plante étonnante qui intriguait tous ceux qui la découvraient : le Lagenaria longissima, surnommé slaoui au Maghreb.
À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’une simple courge. Mais lorsqu’on la voit s’allonger, s’enrouler, parfois jusqu’à deux mètres de long, comme un serpent vert pâle, on comprend vite pourquoi elle ne laisse personne indifférent.

Au Maroc, il vient de la région de la ville Salé, d’où le nom Slaoui ou Slawi.

S’il est populaire dans des grandes cuisines (ex. Cuisine Italienne, Cuisine Indienne, Cuisine Chinoise et d’autres…), en France, on le connait moins (et on ne lui connait pas de nom français type).

En Italie on l’appelle « Cucuzza ».
Ailleurs, le slaoui est plutôt connu sous l’appellation « Lauki » ou « Doodhi » ou en anglais en tant que « White gourd » ou « Bottle gourd » ou « Calabash« 

Slaoui courge serpentine

Une liane généreuse

Le slaoui pousse comme une liane vigoureuse. Ses tiges rampent ou grimpent si on lui tend des perches ou des treillis. Ses grandes feuilles arrondies offrent de l’ombre au sol, et ses fleurs blanches, en forme d’étoile, s’ouvrent surtout le soir, comme pour séduire les insectes nocturnes.

Dans les villages, on raconte que c’est une plante “bonne compagne” : elle s’accroche, elle protège la terre, et elle donne abondamment.

Un fruit étonnant

Le fruit, mince et interminable, est une curiosité.

En fait, il joue deux rôles dans la vie de ceux qui le font pousser depuis si longtemps :

Cueilli jeune, il est tendre, doux et légèrement sucré, parfait pour être cuisiné comme une courgette.
Dans les soupes, les tajines, ou simplement revenu à la poêle, il fond en bouche et prend les saveurs des épices.

Mais si on le laisse mûrir… le slaoui change de rôle.
Sa chair se durcit, ses fibres s’épaississent, et il devient alors impropre à la consommation. Pourtant, loin d’être perdu, il prend une seconde vie : séché, évidé, il se transforme en récipient, en louche, en instrument de musique, ou même en objet décoratif.

Ainsi, le slaoui appartient à cette famille des calebasses (les Lagenaria), que l’humanité cultive depuis des millénaires, bien avant l’arrivée des citrouilles et courgettes venues d’Amérique.

Et pour le cultiver ?

Une liane déroutante

Le slaoui ne pousse pas timidement.
Dès qu’on lui offre une poignée de graines et un sol fertile, il s’élance avec vigueur.
Ses tiges s’allongent et rampent, cherchant à couvrir le sol ou à grimper sur tout ce qui se trouve à portée.
Les anciens disent qu’il faut lui “donner des bras”, c’est-à-dire lui tendre des perches, des treillis ou des branches pour qu’il s’élève et montre toute sa beauté.

C’est une plante coureuse aux belles fleurs blanches et aux feuilles douces au toucher. Celles-ci sont larges et rondes et s’étalent comme des éventails verts, offrant ombre et fraîcheur.

✨ Résultat : on obtient un tunnel de verdure, bien ombragé, décoratif et productif, avec des fruits suspendus comme des lampes vertes.

Et puis, quand le soir approche, une magie s’opère : ses fleurs blanches, délicates et étoilées, s’ouvrent timidement, comme des lanternes dans la nuit.
Elles attirent les insectes nocturnes qui viennent danser autour d’elles.

A part cela ?

Rien de compliqué :
Le slaoui se cultive comme une autre courge.

  • Semis en godets au chaud puis repiquage après les saints de glace.
  • Semis en place après le 15 mai en France métropolitaine.
Slaoui palissé
image générée pas IA

Palisser ou ne pas palisser le slaoui

Comme le slaoui est une liane vigoureuse :

  • Si on le laisse au sol :

Il rampe volontiers. Ses longues tiges s’étalent sur plusieurs mètres, couvrent le sol et ombrent la terre. C’est pratique si tu veux protéger ton sol de la chaleur, mais les fruits risquent parfois de se tordre, de s’abîmer ou de rester cachés dans le fouillis des feuilles.

  • Si on le fait grimper

Que ce soit sur une tonnelle, un grillage, une pergola, ou même des branches mises en tipi, il adore ça ! Ses vrilles s’accrochent toutes seules, et ses fruits pendent bien droits, comme des serpents suspendus. C’est plus esthétique, plus pratique pour la récolte, et ça évite que les fruits touchent la terre et s’abîment.

👉 Traditionnellement, dans les potagers au Maroc, on le laisse souvent courir sur des abris ou des treilles, ce qui donne de superbes tunnels verts avec les fruits suspendus comme des lampes.

Le slaoui au marché

Le fruit-serpent, une vraie gourmandise

On cueille les fruits jeunes (20-40 cm) pour les cuisiner comme des courgettes.

Vous risquez d’effrayer ceux qui passeront par là sans être prévenus, car le slaoui ressemble à un serpent, tant il semble glisser et onduler entre les feuilles.

Jeune, sa chair est tendre, douce et légèrement sucrée. On le cueille alors comme une courgette, on le tranche en rondelles, et il se prête à mille recettes :

  • dans une soupe légère, où il apporte onctuosité,

  • mijoté dans un tajine, où il s’imprègne des parfums d’épices,

  • sauté à l’huile d’olive, où il devient fondant et subtil.

Vous l’attendez j’en suis sûre
Voici une recette

Slaoui dans les tajines

Tajine marocaine au slaoui

Ingrédients :

Pour 4 personnes

  • 500 gr de viande d’agneau
  • 500 gr de courge Slaoui
  • 1 oignon coupé fin
  • 2 gousses d’ail pressées
  • 2 tomates
  • 3 c à soupe de persil et coriandre frais hachés (garder un peu pour saupoudrer les légumes.
  • 1/2 c à café de gingembre moulu
  • 1/2 c à café de curcuma
  • 1/4 c à café de poivre blanc moulu
  • Un peu de sel
  • 1/2 citron confit (peau et pulpe, ensemble hachés)
  • 4 c à soupe d’huile d’olives
  • Environ 100 ml d’eau
Slaoui découpés pour tajine

Préparation:

  • Commencer par nettoyer et couper vos Slaoui avec de l’eau froide.
  • Éplucher  (enlever toute la peau).
  • Coupez-le en 2 dans la longueur.
  • Avec une cuillère à soupe, enlever les graines et toute la partie blanche tendre et spongieuse.
  • Couper-le en tranches dans la longueur pas plus larges qu’un doigt.
  • Jeter les morceaux au fur et à mesure dans de l’eau citronnée pour éviter qu’ils noircissent.
  • Placer la viande dans le tajine, ajouter oignon, ail et huile et laisser dorer quelques minutes.
  • Puis ajouter les morceaux de slaoui sur les côtés, 
  • saler et poivrer légèrement les légumes.
  • Saupoudrer d’un peu de coriandre et persil frais et couvrir.
  • Laisser cuire environ 1H45. Surveiller le niveau de la sauce et ajouter un tout petit peu de l’eau si nécessaire, mais surtout pas trop.
  • Ajouter toutes les épices, citron confit, coriandre et persil, tomates en petits-dés puis bien mélanger le tout,
  • couvir et laisser dorer davantage pendant environ 15 minutes, en remuant de temps en temps.
  • Ajouter environ 100 ml d’eau froide.
  • Placer la tomate en rondelle au milieu.
  • Servir bien chaud avec 2 ou 3 sortes de salades marocaines sans oublier le pain marocain.

Est-ce que je vous ai donné envie de cultiver le slaoui dans votre potager ?

Personnellement, je suis convaincue que sa culture ne peut qu’apporter satisfaction alors que les canicules se font de plus en plus fréquentes ici en Poitou.
Je mettrai des oyas de terre cuite entre les plants, car ils demandent malgré tout de l’eau.

J’attends vos commentaires et vos recettes 😉

Cette publication a un commentaire

  1. sabine GORISSEN

    Merci pour cet article ! J’ai découvert le Slaoui avec beaucoup d’intérêt, et ta présentation donne vraiment envie de l’intégrer au jardin. Une belle mise en valeur d’une plante méconnue.

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