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Un plastique qui se dissout dans l’eau de mer

Un plastique biodégradable qui peut fertiliser mon jardin ?
C’est une blague ?

Non, pas du tout.
C’est le résultat de recherches japonaises.

Ce n’est pas juste un plastique biodégradable “rapide”, c’est un plastique :

  • ultra-rapide à disparaître,

  • qui ne laisse aucune particule,

  • et qui enrichit l’écosystème au lieu de le polluer.

Vous verrez que c’est intéressant pour la planète, mais aussi pour les jardiniers que nous sommes.

Comme nous le savons tous, chaque année, des millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans, s’y accumulent et finissent par se fragmenter en microplastiques, polluant durablement l’environnement.
Mais une équipe de chercheurs japonais a développé un matériau capable de se dissoudre totalement dans l’eau de mer… en moins d’une heure.
Et ce n’est pas tout : ses composants peuvent aussi fertiliser la terre !

Une innovation issue du RIKEN et de l’Université de Tokyo

Cette avancée est le fruit du travail du RIKEN Center for Emergent Matter Science (CEMS) et de l’Université de Tokyo, dirigé par le professeur Takuzo Aida. Leur mission : concevoir un plastique solide, polyvalent et sans danger pour l’environnement, même s’il se retrouve perdu dans la nature.

Leur plastique supramoléculaire est :

  • aussi résistant que les plastiques pétroliers 

  • non toxique et non inflammable 

  • moulable ou extrudable à partir de 120 °C.

Comment ça marche ?

Ce matériau est composé de polymères supramoléculaires reliés par des liaisons réversibles.
Sa formule inclut :

  • l’hexamétaphosphate de sodium (un additif alimentaire courant) ;

  • des ions guanidinium.

Au contact de l’eau de mer, ces liaisons se défont rapidement, provoquant la dissolution complète du plastique sans formation de microplastiques.

Tests en laboratoire :

  • Eau salée agitée : dissolution totale en moins d’1 h.

  • Eau de mer calme : disparition en quelques jours.

  • Sol : biodégradation en environ 10 jours.

Le plastique qui nourrit les plantes

Du plastique… qui nourrit les plantes

Et maintenant, je suis sûre de vous étonner :

Ce plastique ne se décompose pas uniquement dans l’eau de mer :

  • Dans l’eau de mer agitée → il disparaît en moins d’1 h.

  • Dans l’eau douce ou dans un sol humide → il se dégrade aussi, mais plus lentement (plusieurs jours à une dizaine de jours selon les conditions).

  • Dans la terre → il se biodégrade complètement en environ 10 jours, tout en libérant phosphore et azote.

Autrement dit, il réagit au milieu aqueux en général, et pas seulement à l’eau salée.
Cela explique pourquoi les chercheurs envisagent aussi des applications en agriculture et jardinage, où la dégradation dans le sol humide serait un atout.

Lorsque ce plastique se décompose, il libère du phosphore et de l’azote — deux éléments nutritifs essentiels à la croissance des plantes.
Autrement dit, s’il finit dans la terre, il se transforme en un apport fertilisant naturel qui enrichit le sol, plutôt que de l’appauvrir ou le polluer.

Pour les jardiniers, cela ouvre la voie à des applications inédites :

  • films de paillage qui disparaissent après la récolte tout en fertilisant la parcelle ;

  • contenants ou tuteurs biodégradables qui se transforment en amendement ;

  • protections temporaires de jeunes plants qui enrichissent la terre en se dégradant.

Pas encore dans nos magasins

Toutefois, il y a un bémol :
Inutile de courir sur internet chercher ce produit miracle.
Pour l’instant, aucun produit commercial (bouteilles, sacs, films, filaments 3D) n’est disponible.
Le matériau est encore au stade de prototype au Japon, et il faudra encore quelques années avant une production à grande échelle.

Un futur possible pour un plastique “ami” du sol et de la mer

Si ce plastique réussit à passer du laboratoire à l’industrie, il pourrait non seulement réduire la pollution plastique, mais aussi offrir un nouvel outil pour l’agriculture et le jardinage, en transformant un déchet potentiel en ressource utile.

Mais en fait, est-ce une réelle inovation ?
quelle est la différence avec les actuels plastiques bio-dégradables

Les plastiques biodégradables à base d’amidon de maïs, de canne à sucre ou d’autres matières végétales (PLA, PHA, etc.) existent déjà depuis des années.

Où se situe alors l’innovation japonaise ?
En fait, les différences se retrouvent à trois niveaux majeurs :

Vitesse et milieu de dégradation

  • PLA, PHA, etc. :

    • Ils se dégradent surtout dans des conditions industrielles (température élevée, forte humidité, micro-organismes spécifiques).

    • Dans l’eau de mer ou la nature, ils peuvent mettre plusieurs mois à plusieurs années à disparaître.

  • Plastique supramoléculaire japonais :

    • Il se dissout en moins d’une heure dans l’eau de mer agitée, quelques jours dans l’eau calme et une dizaine de jours dans le sol humide.

    • Pas besoin d’installation de compostage industriel.

Pas de microplastiques

  • Beaucoup de bioplastiques actuels se fragmentent en petites particules avant de disparaître complètement — ce qui génère des microplastiques temporaires.

  • Celui du Japon se dissout totalement en composants moléculaires solubles, sans résidu solide à aucun moment.

Des composants bénéfiques

  • Les Bioplastiques classiques :

    • Leur dégradation donne des composés organiques neutres, parfois inertes pour l’écosystème.

  • Ce Plastique japonais :

    • Libère du phosphore et de l’azote — deux nutriments clés pour les plantes et le phytoplancton — ce qui peut fertiliser la terre ou stimuler la vie marine.

Qu'en pensez-vous ?

  • Pensez-vous qu’il arrivera rapidement dans nos magasins préférés à un prix abordable ?
  • Faudrait-il qu’on fasse une loi pour obliger à utiliser ce genre de matériaux puisqu’ils existent ?
  • Pensez-vous qu’il y ait matière à s’inquiéter malgré tout (Conflit d’usage entre surfaces agricoles pour biomatériaux et surfaces pour cultures vivrières), autres polluants cachés ?

J’attends vos impressions avec intérêt. 

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