À l’occasion des débats autour de la loi Duplomb, plusieurs agriculteurs évoquent les difficultés de leur métier et les récoltes détruites par des ravageurs.
Parmi eux, la punaise diabolique est souvent citée comme un fléau pour la production de noisettes.
Et comme elle peut se retrouver dans nos jardins, comment réagir de façon respectueuse de la nature.
En effet, quand on pense aux ravageurs du potager ou du verger, on imagine souvent les limaces ou les pucerons. Mais un autre insecte, encore peu connu du grand public, gagne du terrain en France et s’attaque à nos arbres fruitiers : la punaise diabolique, ou Halyomorpha halys. Elle fait des dégâts particulièrement notables sur les noisetiers, compromettant la qualité et la quantité des récoltes.
Voici comment la reconnaître, comprendre ses ravages, et tenter de s’en protéger.

Qui est la punaise diabolique ?
Dans cet article
ToggleOriginaire d’Asie, la punaise diabolique a été accidentellement introduite en Europe au début des années 2000. Depuis, elle s’est largement répandue, notamment dans les régions au climat doux. C’est un insecte au corps brun marbré, de forme triangulaire, qui mesure environ 1,5 cm. Très mobile, elle est capable de voler sur de longues distances.
Son nom de « diabolique » lui vient de sa capacité à causer des dégâts importants sur une grande variété de cultures. Elle s’attaque aux fruits, légumes et même à certaines plantes ornementales, en perforant la surface pour se nourrir de la sève.

Des noisettes piquées et abîmées
Sur les noisetiers, la punaise diabolique pique les jeunes fruits, encore tendres. Cette piqûre perturbe le développement normal de la noisette : le fruit devient noir à l’intérieur, présente un goût amer, ou reste carrément vide.
Les dommages ne sont pas toujours visibles de l’extérieur. Ce n’est qu’au moment de la récolte qu’on découvre, avec déception, des fruits inconsommables. Dans les cas d’infestation importante, une grande partie de la récolte peut être perdue.
Les dégats :
- Coques vides ou réduites : la sève aspirée par la punaise empêche l’amande de se développer correctement, ce qui peut entraîner des fruits sans chair.
- Taches nécrotiques : autour des points de piqûre, des zones noires ou brunes apparaissent, parfois accompagnées de moisissures ou champignons.
Goût amer ou acidulé : les altérations physiologiques rendent les noisettes inacceptables au goût, souvent détectées seulement à la casse

Comment limiter sa présence dans le jardin ?
Les décoctions de plantes :
L’absinthe est celle que je préfère, mais on peut utiliser l’aïl ou le piment, mais aussi la menthe, dont on peut installer des pieds tout le tour du potager.
Installer des protections physiques
L’usage de filets anti-insectes à mailles fines peut empêcher les punaises d’accéder aux arbres pendant la période de ponte. Cette méthode est particulièrement utile au printemps et en été, quand les jeunes fruits sont les plus vulnérables.
Supprimer les abris hivernaux
À l’automne, la punaise cherche des cachettes pour passer l’hiver : tas de bois, cabanes, abris de jardin. En nettoyant ces zones et en réduisant les refuges possibles, on limite les populations prêtes à repartir au printemps suivant.
Observer et intervenir tôt
Une surveillance régulière permet de repérer leur présence avant que les dégâts ne soient trop importants. Le matin, quand les punaises sont encore engourdies, on peut les ramasser à la main (avec des gants) ou les faire tomber dans un seau d’eau savonneuse.
Poser des pièges
Des pièges lumineux ou à phéromones peuvent aider à détecter la présence des punaises et en capturer une partie. Certains jardiniers bricolent eux-mêmes des pièges efficaces à base de bouteilles, de lumière et de liquide savonneux.
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Comment traiter avec des produits naturels ?
Quelques jardiniers utilisent du savon noir, de l’huile de neem, ou du pyrèthre végétal, en pulvérisation. Ces produits peuvent tuer des punaises adultes, mais ils doivent être utilisés avec précaution, car ils affectent aussi les insectes utiles. Il est donc préférable de cibler les traitements en début de matinée, et d’éviter les fleurs visitées par les pollinisateurs.

En Asie, la punaise diabolique est naturellement régulée par des guêpes parasitoïdes. En Europe, des recherches sont en cours pour introduire des espèces comme Trissolcus japonicus, mais ce n’est pas encore une solution disponible pour les particuliers.
En attendant, on peut favoriser la biodiversité du jardin : oiseaux insectivores, araignées, coccinelles et autres prédateurs peuvent limiter l’invasion, même s’ils ne suffisent pas toujours à eux seuls.
On résume :
La punaise diabolique est un ennemi silencieux mais redoutable pour les jardiniers amateurs comme pour les professionnels. En adoptant quelques gestes simples — surveillance, filets, nettoyage, pièges — il est possible de limiter les dégâts et de préserver sa récolte de noisettes.
Le combat est encore inégal, mais l’observation attentive et les actions préventives permettent déjà de faire la différence.
N’hésite pas à partager ton expérience si, toi aussi, tu as été confronté à ce petit envahisseur au grand appétit.
Oui, mais les tas de bois on en a besoin pour d’autres insectes et d’autres mammifères tels que les hérissons
Gérer les abris d’hiver avec discernement
La punaise diabolique cherche des cachettes sèches et abritées pour passer l’hiver, comme les cabanes, les volets, les tas de bois ou les fissures dans les murs. Mais ces lieux sont aussi des refuges précieux pour d’autres espèces utiles au jardin, comme les hérissons, les carabes ou les coccinelles.
Au lieu de tout supprimer, on peut :
Observer les zones les plus exposées
(Les lieux proches des murs, cabanes, appentis) et déranger ces lieux à la sortie de l’hiver pour perturber les punaises, sans détruire les abris.
Créer des refuges spécifiques pour les auxiliaires
(Des hôtels à insectes, des tas de feuilles protégés, des abris à hérissons) un peu à l’écart des zones infestées.
Répartir les tas de bois et les laisser dans des zones fraîches et ombragées,
Ces zones seront moins attractives pour la punaise diabolique, qui préfère la chaleur.
En résumé, il ne s’agit pas de supprimer tous les abris naturels, mais plutôt de les gérer intelligemment pour favoriser les bons et gêner les indésirables.
🐾 Bon à savoir
Tous les abris ne sont pas à éliminer ! Beaucoup d’animaux utiles passent l’hiver dans les tas de bois ou les feuilles mortes. L’enjeu est de gêner la punaise diabolique sans nuire aux auxiliaires : déranger certains abris stratégiques, mais conserver les refuges pour la biodiversité.
Comment les producteurs de noisettes peuvent lutter contre la punaise diabolique sans pesticides
🟢 Ceux qui ont déjà fait la transition
Il existe aussi des producteurs qui se sont tournés vers l’agriculture biologique ou la permaculture, parfois avec succès. Ceux-là savent que c’est possible, mais que ça demande une vision de long terme, de la résilience, et souvent un changement profond dans l’approche du métier.
Ceux qui ont compris que ces méthodes douces peuvent aussi servir la rentabilité : baisse des coûts de traitements, meilleure image auprès des consommateurs, accès à des marchés différenciés (bio, circuits courts…).
Malgré cela, et face aux difficultés rencontrées, certains producteurs sur grandes surfaces militent pour un retour des pesticides afin de protéger leurs récoltes. Pourtant, ils pourraient, eux aussi, utiliser des méthodes douces, respectueuses de l’environnement et de la biodiversité, qui peuvent limiter les dégâts de la punaise diabolique tout en préservant la santé des sols, des arbres et des consommateurs.
Ce qu’ils pourraient faire :
Une Surveillance proactive et ciblée
Sur de grandes surfaces, organiser une surveillance régulière grâce à des équipes dédiées permet de détecter rapidement les foyers d’infestation et d’intervenir tôt, en limitant les traitements.
Poser des Filets anti-insectes et barrières physiques
Installer des filets adaptés sur les noisetiers sensibles réduit l’accès des punaises aux fruits, sans impact chimique. Même sur de grandes parcelles, ces protections peuvent être ciblées sur les zones les plus vulnérables.
Pratiquer le Piégeage à l’échelle collective
La mise en place de pièges à phéromones ou lumineux dans et autour des vergers aide à capturer un grand nombre d’adultes. Une gestion collective par les producteurs optimise cette méthode.
Favoriser la biodiversité locale
Planter des haies, des bandes fleuries, et installer des habitats pour les auxiliaires naturels permet d’augmenter la présence de prédateurs (oiseaux, insectes parasitoïdes) qui limitent naturellement la punaise.
Pratiquer une Gestion raisonnée des abris
Surveiller et perturber les lieux d’hivernage des punaises dans les infrastructures agricoles, tout en conservant les refuges pour la faune bénéfique, est un compromis gagnant pour l’équilibre du verger.
Utiliser les Produits naturels en dernier recours
Quand l’infestation est trop importante, des traitements à base de savon noir, huile de neem ou pyrèthre naturel peuvent être utilisés de façon ciblée et modérée, afin de préserver la biodiversité et la santé des travailleurs.
Ces méthodes, combinées dans un plan de gestion intégrée, permettent de réduire la dépendance aux pesticides, d’assurer une production durable, et de répondre aux attentes croissantes des consommateurs pour des noisettes plus saines et respectueuses de l’environnement.

Le cas du piégeage à phéromones : une méthode ciblée pour contrôler la punaise diabolique
Le piégeage à phéromones est une technique de lutte biologique qui utilise les substances chimiques émises par les insectes eux-mêmes pour attirer les individus dans des pièges. Pour la punaise diabolique (Halyomorpha halys), cette méthode s’avère particulièrement prometteuse car elle permet de cibler précisément les adultes, limitant ainsi les dégâts sur les fruits sans recours systématique aux pesticides.
Comment ça marche ?
Les phéromones sexuelles sont des signaux chimiques que les femelles (ou les mâles) émettent pour attirer leurs partenaires. Les chercheurs ont identifié ces composés pour la punaise diabolique et les ont synthétisés en laboratoire. Ces phéromones sont ensuite placées dans des diffuseurs intégrés aux pièges.
Le piège, souvent constitué d’une boîte ou d’une bouteille avec un attractif à phéromones, attire les punaises qui s’y engouffrent et se retrouvent piégées dans un réservoir contenant un liquide ou une surface collante.
Avantages du piégeage à phéromones
Sélectivité : seuls les punaises diaboliques sont attirées, ce qui préserve les autres insectes bénéfiques.
Surveillance efficace : les pièges permettent de détecter rapidement la présence des punaises et d’évaluer le niveau d’infestation, aidant à décider quand et où intervenir.
Réduction des populations : en capturant un grand nombre d’adultes avant la ponte, le piégeage limite la reproduction et la pression sur les cultures.
Adapté aux grandes surfaces : avec une implantation raisonnée des pièges, on peut couvrir efficacement de vastes vergers.
Mise en place pratique
Nombre et disposition : installer plusieurs pièges par hectare, en les répartissant autour des parcelles et aux points d’entrée possibles des insectes.
Durée d’utilisation : poser les pièges au début du printemps, dès l’apparition des premiers adultes, et les surveiller régulièrement jusqu’à la fin de l’été.
Entretien : changer les diffuseurs de phéromones selon la durée recommandée (généralement toutes les 4 à 6 semaines) et vider les pièges pour maintenir leur efficacité.
Complémentarité : combiner le piégeage avec d’autres méthodes (filets, lutte biologique) pour maximiser le contrôle.
Limites et perspectives
Le piégeage seul ne suffit pas toujours à éliminer totalement la punaise, mais c’est un outil précieux dans une stratégie globale.
Les recherches continuent pour améliorer l’attractivité des phéromones et développer des pièges plus efficaces, moins coûteux et plus faciles à installer.
Dans certaines régions, des coopérations entre producteurs permettent d’organiser une lutte collective via le piégeage, renforçant son impact.
Conclusion
Une question qui mérite réflexion
Face aux attaques de ravageurs comme la punaise diabolique, certains producteurs demandent le retour à des traitements chimiques, en mettant en avant la survie économique de leurs exploitations. D’autres explorent des alternatives plus respectueuses de l’environnement, parfois avec succès, parfois avec difficulté.
Entre urgences économiques, attentes sociétales et préservation de la biodiversité, le débat reste ouvert. Peut-on concilier efficacité, rentabilité et respect du vivant ? Les réponses ne sont pas simples, mais elles méritent d’être posées.
Et si nous cultivons des noisetiers dans nos jardins, nous avons fait le tour des possibilités, sans polluer.
Mangeons nos noisettes.
Pour aller plus loin
Nous avons déjà parlé des punaises au jardin dans cet article.
Il y en a de plusieurs sortes, dont cette punaise diabolique.
Vous verrez qu’il existe des prédateurs (non autorisés à l’importation eux, pas comme les pesticides).
Quel est votre avis
La punaise diabolique soulève bien plus qu’un problème technique : elle pose la question de notre rapport au vivant, à l’équilibre et à nos choix.
Si vous avez trouvé des solutions respectueuses pour vivre avec ou la repousser, je serais ravie de les découvrir.
Les commentaires sont là pour ça, dans l’esprit d’échange et de respect qui nous fait grandir.