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les bactéries qui font pleuvoir

En se levant, on se demande souvent le temps qu’il va faire. Ne serait-ce que pour savoir ce qu’on va porter.
Aujourd’hui, ce sera bottes ou souliers ?

Pluie, brouillard, tempête ou neige ?

Nous nous efforçons à faire des prévisions météorologiques afin de nous y préparer.
Mais nous n’avons pas d’impact sur le temps qu’il fera.

Êtes-vous sûr.e qu’on ne peut pas modifier la météo ?

Depuis bien longtemps, on essaie de faire pleuvoir avec des méthodes variées, allant des rituels à l’insémination des nuages par l’iodure d’argent.
De nouvelles avancées de la recherche suggèrent que les bactéries peuvent faire tomber la pluie.

La pluie sur demande

danse de la pluie
Danse de la pluie

Allez ! je vous vois essayer de faire la danse de la pluie pour arroser vos carottes

– En tout cas, c’est ce que faisaient les amérindiens.
La « danse des kachinas » chez les Hopis et la danse de la pluie chez les Navajos étaient parmi les rituels les plus connus.
– Les Aztèques, en Amérique centrale, avaient des rituels en l’honneur de Tlaloc, le dieu de la pluie, auxquels ils offraient des sacrifices pour s’assurer de bonnes récoltes.
– En Afrique de l’Ouest, les Dogons, qui vivent dans une région aride du Mali, pratiquent des rites pour attirer la pluie.
– Chez les Batammaliba (Togo, Benin), les prières font appel à un dialogue avec la nature et à un respect des cycles naturels.
– Les Aborigènes d’Australie ont, eux aussi, des rituels pour invoquer la pluie.
– En Chine, il existe des rituels anciens pour faire tomber la pluie.
– Les cultures andines, comme les Quechuas et les Aymaras, ont des rituels pour la pluie en l’honneur de Pachamama (la Terre Mère), pratiqués avant les semailles.
– Dans certaines régions des Balkans (Serbie, Bulgarie, Roumanie), on pratiquait un rituel appelé « Perperuna » ou « Dodola » pour faire venir la pluie.
– En Inde, la danse et les prières adressées au dieu de la pluie, Indra, font partie des rituels traditionnels pour attirer la pluie

Et en France ?

Et bien oui, en France aussi:
Les Rogations sont l’une des pratiques les plus anciennes de prières pour obtenir la pluie en France.
Instituées dès le Ve siècle par Saint Mamert, évêque de Vienne, elles consistaient en trois jours de prières et de processions juste avant l’Ascension pour demander à Dieu de protéger les récoltes et d’apporter la pluie si nécessaire. Les Rogations sont restées populaires dans les campagnes françaises jusqu’au début du XXe siècle.
Nous avons également quelques saints réputés pour leur intercession en matière de pluie, comme Saint Médard, Saint Gervais et Saint Protais, souvent invoqué pour la pluie.

Car, essayer de faire pleuvoir n’est pas nouveau.
L’eau, c’est la vie !

A l'époque actuelle

On sait désormais qu’on ne savait pas grand chose sur l’eau et la pluie.
Hervé Covès nous l’avait déjà expliqué dans son exposé que j’ai repris dans un article sur l’eau.

Depuis un certain temps, on n’attend plus le bon vouloir des Dieux, on essaie de se débrouiller avec la science.

Par exemple, au Canada, la production artificielle de pluie débute en 1948 par une expérience du gouvernement fédéral. On dispersait de la glace sèche dans les nuages pour provoquer une chute de pluie et, dans des conditions appropriées, on réussissait à en obtenir.

On en apprend davantage sur les mécanismes qui font pleuvoir.

Qu’a t-on découvert ?

Autrefois perçue comme un phénomène purement physique, la formation de la pluie se révèle être étroitement liée au monde vivant, notamment aux bactéries.

À un moment où l’on débat sur l’appauvrissement des ressources en eau, il serait peut-être intéressant de connaitre ces avancées sur la formation des nuages et ce qui fait pleuvoir.
Et si nous aussi, nous pouvions jouer un rôle à notre humble niveau ?

Moi aussi je veux faire la pluie et le beau temps

Rappel sur la formation des nuages

Les masses d’eau, chauffées par le soleil lorsque les conditions de pression et de température sont réunies, s’évaporent en vapeur d’eau.
En montant dans le ciel, la vapeur d’eau rencontre des températures de plus en plus basses, ce qui entraîne son refroidissement et sa condensation. Autrement dit, les molécules de vapeur se regroupent pour former des gouttelettes plus grosses, et c’est ainsi que naissent les nuages.
Et quand les nuages seront trop chargés en gouttelettes d’eau, il se formera des précipitations, la forme de précipitation la plus connue étant la pluie.

Cette excellente vidéo :
Les nuages pourraient-ils disparaitre
l’explique très bien.

Formation de la pluie dans le nuage

La formation de la pluie repose sur un phénomène de condensation autour de minuscules particules atmosphériques appelées aérosols ou noyaux de condensation.

Pour que la pluie tombe il faut donc

  • La Présence des particules en suspension

Dans l’atmosphère, il existe de nombreuses particules en suspension comme des poussières, des grains de sel marin, des pollens, des cendres volcaniques, des polluants, et même certaines bactéries glaciogènes (comme Pseudomonas syringae).
Ces particules mesurent généralement moins d’un micromètre de diamètre et sont légères, ce qui leur permet de flotter dans l’air.

  • Condensation de la vapeur d’eau

L’air chargée de vapeur d’eau s’élève. Il se refroidit en montant en altitude. Nous l’avons vu dans la formation des nuages, à un moment, la vapeur d’eau ne peut plus rester sous forme gazeuse et commence à se condenser.

Cependant, la condensation ne se produit pas seule dans l’air : la vapeur d’eau a besoin de noyaux de condensation pour se transformer en gouttelettes liquides.

  • Formation des gouttelettes autour des noyaux de condensation

La vapeur d’eau se condense alors autour des particules en suspension, formant de minuscules gouttelettes d’eau liquide. Chaque particule de poussière ou autre noyau de condensation devient ainsi le « cœur » d’une gouttelette. Sans ces noyaux, l’air sursaturé en vapeur aurait beaucoup de mal à former des gouttes, même dans des conditions idéales de température et d’humidité.

  • Croissance des gouttelettes par coalescence

À mesure que ces gouttelettes microscopiques s’agrègent dans les nuages, elles peuvent fusionner les unes avec les autres par un processus appelé coalescence.
Ce processus est essentiel pour que les gouttelettes atteignent une taille suffisante et deviennent assez lourdes pour tomber sous forme de pluie.

  • Transformation en précipitations

Une fois que les gouttes atteignent une taille critique (environ 0,5 mm de diamètre ou plus), elles deviennent trop lourdes pour être maintenues en suspension par les courants ascendants dans le nuage et commencent à tomber vers le sol sous forme de précipitations.
Ces précipitations peuvent être de la pluie, de la neige, de la grêle, ou même du verglas selon les conditions de température dans les différentes couches de l’atmosphère.

En somme, les particules en suspension jouent un rôle indispensable en tant que noyaux autour desquels les gouttelettes d’eau se forment, croissent, et finalement tombent sous forme de précipitations. Sans elles, la formation de la pluie serait considérablement freinée, car la condensation spontanée de la vapeur d’eau serait très difficile à atteindre.

Saviez-vous que l’avenir des nuages est menacé ?
Regardez donc cette superbe vidéo qui vous explique tout, simplement.

Lors de pénuries d’eau, lorsque la végétation est asséchée, que les cours d’eau sont en baisse ou face à la sécheresse que subissent de nombreux pays depuis le début de l’été, la tentation de contrôler la météo est grande. 

La solution adoptée par plusieurs pays est celle de l’insémination des nuages.
Les différents procédés apportent aux nuages des noyaux de condensation.

insémination des nuages
2 méthodes - image relevant du domaine public de DooFi via Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cloud_Seeding.svg

Plusieurs pays, dont les États-Unis, la Chine, les Émirats arabes unis, l’Inde, Israël, et la Russie, le Canada, utilisent l’iodure d’argent pour faire tomber l’eau sur leurs terres (à partir d’installations au sol ou aéroportées).

Or, si la fréquence de l’utilisation de l’iodure d’argent varie largement d’un pays à l’autre, les pays comme la Chine, les Émirats arabes unis, et les États-Unis l’utilisent fréquemment, avec des campagnes qui se répètent annuellement ou même plusieurs fois par an, selon les besoins et la saison.

Ces pratiques s’intensifient avec le dérèglement climatique.

Les scientifiques recommandent d’ailleurs une surveillance des niveaux de ce composé dans les régions où l’ensemencement est pratiqué fréquemment, afin de prévenir une éventuelle accumulation dans les écosystèmes sensibles.

Une méthode alternative à l’iodure d’argent ?

C’est pourquoi il serait intéressant de savoir si l’utilisation de substances plus naturelles seraient moins dévastatrices puisqu’on considère que, bien que l’iodure d’argent présente une faible toxicité dans les concentrations utilisées pour le cloud seeding, son accumulation potentielle sur le long terme pourrait poser des risques environnementaux.

Voyons quelle peut être l’incidence de la végétation sur le climat.

La pluie fait pousser les plantes, mais est-ce que les plantes font tomber la pluie ?

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Bactéries glaciogènes
Les déclencheurs biologiques de la pluie par Cindy MORRIS

Qu’est-ce qui fait tomber ces gouttes d’eau en suspension ?

Un noyau glacigène, glaciogène ou glaçogène est tout grain de matière qui favorise la formation de cristaux de glace dans l’atmosphère terrestre.

Les déclencheurs biologiques de la pluie sont des particules naturelles qui favorisent la formation de gouttelettes dans les nuages, augmentant ainsi les chances de précipitations. Parmi eux, on trouve principalement des bactéries, des spores fongiques, du pollen, et même des fragments de plantes.
Mais comment ces éléments influencent-ils la formation de la pluie ?

1. Les bactéries glaciogènes

Certaines bactéries, comme Pseudomonas syringae, Xanthomonas campestris, et Erwinia herbicola, sont dites « glaciogènes » en raison de leur capacité à déclencher la formation de cristaux de glace. Ces bactéries possèdent des protéines spécifiques qui facilitent la congélation de l’eau dans les nuages, même à des températures plus élevées que celles requises pour la formation naturelle de glace. En favorisant cette cristallisation, elles facilitent la coalescence des gouttelettes autour des cristaux, un processus essentiel pour former des gouttes de pluie assez lourdes pour tomber.

2. Les spores fongiques

Les spores produites par certains champignons peuvent également jouer le rôle de noyaux de condensation dans les nuages. Ces spores, assez petites pour flotter en altitude, favorisent l’agrégation de vapeur d’eau. Une fois condensées en gouttelettes, celles-ci peuvent grossir et, si la température est suffisamment basse, se transformer en cristaux de glace, déclenchant les processus qui aboutissent à la précipitation.

3. Le pollen

Le pollen des plantes est un autre déclencheur biologique potentiel, bien qu’il soit moins efficace que les bactéries et les spores fongiques. Certains types de pollen sont hydrophiles et peuvent attirer des molécules d’eau. Bien que le pollen se dégrade souvent sous l’effet de l’humidité, libérant ainsi de petits fragments qui agissent comme des noyaux de condensation, il contribue tout de même à la formation de gouttelettes dans certaines conditions atmosphériques.

4. Les fragments de plantes et autres matières organiques

Les débris de feuilles, les fragments de végétaux et d’autres matières organiques légères peuvent être transportés dans l’atmosphère et servir de noyaux de condensation. Bien que leur rôle dans la formation de la pluie soit moins étudié, des recherches récentes indiquent que même des fragments de végétaux peuvent contribuer à la nucléation, particulièrement dans les régions où la végétation est dense.

5. Le phytoplancton et les émissions d’aérosols biogènes

Le phytoplancton marin produit du diméthylsulfure (DMS), un gaz qui se transforme dans l’atmosphère en particules d’aérosols soufrés. Ces aérosols peuvent ensuite agir comme noyaux de condensation, contribuant ainsi à la formation des gouttelettes d’eau et, dans certaines conditions, au déclenchement de la pluie. Cette production d’aérosols joue un rôle particulièrement important dans les écosystèmes marins et côtiers.

Comment ces déclencheurs biologiques influencent-ils le cycle de l’eau ?

Ces particules biologiques agissent dans l’atmosphère en tant que « catalyseurs » naturels de la condensation et de la formation de glace. En formant des gouttelettes ou des cristaux de glace, elles augmentent les chances de précipitations, surtout dans les nuages dits « mixtes » (contenant à la fois de la glace et des gouttelettes d’eau liquide). Ce processus, nommé la « bio-précipitation », est particulièrement important dans les zones forestières et agricoles, où une grande quantité de ces particules biologiques peut être émise dans l’atmosphère.

En résumé, les déclencheurs biologiques de la pluie, en offrant des surfaces favorables à la condensation de l’eau, aident à maintenir le cycle de l’eau, influencent les écosystèmes locaux, et pourraient même jouer un rôle dans la régulation climatique à plus grande échelle.

comment peut-on utiliser des bactéries et lesquelles pour faire pleuvoir, plutôt que l'iodure d'argent

Pseudomonas syringae
Bactéries P. syringae observées au microscope électronique (Crédit : Gordon Vrdoljak)

Utilisation des bactéries

Les bactéries existent naturellement dans les nuages avant toute intervention humaine.
Les chercheurs ont découvert que de nombreuses bactéries sont présentes dans les gouttelettes d’eau des nuages, jouant même un rôle important dans la formation des précipitations.

De quelles bactéries parle-t-on ?

Parmi ces bactéries, on trouve notamment Pseudomonas syringae, une bactérie connue pour ses propriétés « glaciogènes », c’est-à-dire sa capacité à favoriser la formation de glace.

Pourquoi ces bactéries plutôt que d’autres ?

L’idée d’utiliser des bactéries pour déclencher la pluie, en remplacement de l’iodure d’argent, repose sur les propriétés de certaines de ces bactéries « glaciogènes » qui, comme l’iodure d’argent, favorisent la formation de cristaux de glace dans les nuages, condition indispensable pour induire des précipitations.

Particularité de Pseudomonas syringae

Une des bactéries les plus étudiées à ce sujet est, nous venons de l’évoquer, Pseudomonas syringae. Sa surface possède des protéines capables de catalyser la congélation de l’eau à des températures plus élevées que celles normalement nécessaires pour la formation de cristaux de glace.

Pourquoi utiliser des bactéries ?

Les bactéries présentent des avantages potentiels par rapport aux agents chimiques comme l’iodure d’argent :

  • Efficacité de nucléation :

Pseudomonas syringae possède des protéines spécifiques à sa surface qui facilitent la cristallisation de l’eau à des températures proches de zéro degré, même à –2°C à –5°C. Cela signifie qu’elle peut induire la formation de glace dans des conditions où d’autres particules (y compris l’iodure d’argent) seraient moins efficaces.

  • Biodégradabilité et faible toxicité :

Contrairement à l’iodure d’argent, qui est un composé chimique persistant dans l’environnement, les bactéries sont naturelles et biodégradables.
Pseudomonas syringae est déjà présente dans l’environnement, notamment sur les plantes, donc son utilisation réduit les risques d’accumulation de produits chimiques dans les sols et les écosystèmes.

  • Recyclage naturel :

Les bactéries peuvent être transportées naturellement dans l’atmosphère et, après les précipitations, elles retournent dans le sol où elles peuvent être réutilisées dans le cycle écologique.

Comment pourrait-on les utiliser pour induire la pluie ?

L’utilisation de bactéries pour induire la pluie reste expérimentale, mais voici des méthodes potentielles :

  • Dispersion aérienne :

Tout comme l’iodure d’argent, les bactéries pourraient être pulvérisées par avion ou par drone dans les nuages. Une fois libérées en altitude, elles joueraient le rôle de noyaux de condensation, favorisant la formation de glace et augmentant la probabilité de pluie.

  • Modification génétique pour améliorer l’efficacité :

Et oui ! pourquoi pas continuer à jouer les apprentis sorciers ?
Certaines recherches explorent la possibilité de modifier génétiquement Pseudomonas syringae ou d’autres bactéries similaires pour améliorer leur capacité de nucléation, bien que cela suscite des préoccupations éthiques et environnementales.

  • Utilisation naturelle par écosystème :

Une autre approche serait de favoriser la dispersion naturelle de ces bactéries dans certaines régions en travaillant avec les cultures agricoles. Pseudomonas syringae étant naturellement présente sur les plantes, des stratégies agricoles spécifiques pourraient encourager sa libération dans l’atmosphère pour des impacts locaux.

Limites et défis de l’utilisation de bactéries

L’utilisation de bactéries comme agent de précipitation présente toutefois des défis :

  • Contrôle et prévisibilité :

Les bactéries ne se comportent pas de manière aussi prévisible que l’iodure d’argent dans l’atmosphère, car leur dispersion dépend des conditions météorologiques et d’autres variables environnementales.

  • Risque de prolifération :

Si les bactéries se propagent dans des zones où elles ne sont pas endémiques, cela pourrait perturber les écosystèmes locaux. Les bactéries glaciogènes pourraient également affecter les cultures si elles favorisent la formation de gel sur les plantes.

  • Effets sur la santé humaine :

Même si elles sont généralement sans danger, certaines bactéries peuvent avoir des effets pathogènes ou allergènes si elles sont massivement libérées dans l’air.

Récapitulons :

Avantages des bactéries pour faire pleuvoir :

Les bactéries agissent à des températures inférieures par rapport à d’autres particules minérales et autres inorganiques (suies, poussières, cendres volcaniques…).

Avec le réchauffement climatique et l’élévation constante des températures, nous aurons de plus en plus envie de faire tomber la pluie où nous en avons besoin (nous reviendrons sur la guerre de l’eau qui se profile).
Il semble que, de ce fait, le rôle des bactéries dans la formation de la pluie deviendra de plus en plus crucial.

En somme, Pseudomonas syringae et des bactéries similaires pourraient potentiellement offrir une alternative plus naturelle et biodégradable à l’iodure d’argent, mais cela nécessite encore des recherches approfondies pour en maîtriser l’impact et l’efficacité.

Comment puis-je agir à mon niveau ?

La pluie que nous créerons à partir de nos cultures ne tombera pas chez-nous.

L'influence des plantes sur la pluie
N'hésitez pas à visionner cette vidéo où Cindy MORRIS nous explique plus précisément le sujet

Quelles stratégies de culture pourrait-on utiliser

Les « stratégies de culture spécifiques » pour favoriser la dispersion naturelle de bactéries glaçogènes, comme Pseudomonas syringae, reposent sur l’idée d’utiliser nos cultures pour maximiser la présence de ces bactéries dans l’atmosphère locale, ce qui pourrait, en théorie, augmenter la probabilité de précipitations. Voici des exemples de telles stratégies :

1. Cultiver des plantes naturellement porteuses de bactéries glaciogènes

Certaines plantes hébergent naturellement des bactéries glaçogènes comme Pseudomonas syringae à leur surface, notamment des cultures comme les céréales, le maïs, et certaines légumineuses.
En cultivant ces plantes dans des régions stratégiques et à grande échelle, les agriculteurs pourraient favoriser la libération de bactéries dans l’air par l’évaporation, surtout en période de croissance intensive.

2. Optimiser l’irrigation et pour encourager l’émission de bactéries

Les pratiques d’irrigation peuvent être ajustées pour augmenter l’humidité autour des cultures, ce qui favorise la croissance et l’évaporation de bactéries glaciogènes.

Par exemple :

  • Pulvérisation de bio aérosols :

Les agriculteurs pourraient pulvériser de l’eau enrichie en bactéries sur les cultures, augmentant ainsi leur population à la surface des plantes et facilitant leur libération dans l’air lorsque l’eau s’évapore.

  • Arrosage stratégique par micro-irrigation :

Utiliser des systèmes de micro-irrigation pour fournir de l’humidité sans excès d’eau pourrait également aider à maintenir la population bactérienne sur les plantes sans les faire ruisseler au sol.

3. Rotation et couverture végétale pour maintenir les bactéries dans les sols

Les cultures en rotation et les pratiques de couverture végétale (plantes de couverture comme la luzerne ou le trèfle) permettent de préserver les bactéries glaciogènes dans les sols pendant les périodes sans culture principale. Cela permet un réservoir naturel de bactéries dans le sol qui peut se re-déployer dans l’air dès la prochaine saison de croissance, particulièrement si les conditions météorologiques (humidité, chaleur) favorisent la volatilisation de ces bactéries.

4. Favoriser la biodiversité dans les champs pour renforcer le microbiome aérien

Les fermes avec une biodiversité plus riche (intégrant des arbres, des haies et différentes variétés de plantes) peuvent augmenter le microbiome aérien, y compris les bactéries glaciogènes. Ces plantes servent de « réservoirs naturels » pour ces bactéries, et les interactions entre les différentes espèces végétales peuvent même favoriser la dissémination des bactéries dans l’air local. Ce type d’agriculture peut ainsi renforcer le rôle des bactéries en tant que noyaux de condensation dans l’atmosphère, augmentant légèrement les chances de précipitations locales.

5. Utilisation de fertilisants biologiques contenant des bactéries glaciogènes

Certains fertilisants biologiques pourraient être enrichis en bactéries glaciogènes. Lorsqu’ils sont appliqués sur les cultures, ils augmentent la concentration de ces bactéries sur la surface des plantes et dans le sol. Cela est particulièrement utile pour les cultures en saison sèche où les bactéries pourraient être moins présentes naturellement.

Micro-organismes glaciogènes naturels
Pseudomonas syringae est le principal composant glaçogène des plantes

Limites et considérations pour ces stratégies

Ces stratégies sont encore en grande partie théoriques et nécessitent des recherches approfondies pour évaluer leur efficacité et leurs impacts environnementaux. Il serait crucial d’évaluer aussi les effets sur les écosystèmes locaux, car la prolifération excessive de certaines bactéries pourrait perturber les équilibres microbiens.

pathogènes détectés dans les nuages
Ces pathogènes peuvent vivre sur les plantes sans provoquer le moindre problème.

Même si c'est encore une théorie

Bien que ce ne soit encore qu’une hypothèse, si l’humanité parvient un jour à la sagesse, elle pourrait découvrir une manière de vivre en harmonie avec son environnement, sans l’endommager. N’oublions pas que si tant de questions se posent aujourd’hui, c’est parce que nous avons négligé de les envisager par le passé, créant ainsi un déséquilibre profond.

Que vous inspirent ces découvertes ?

Pour ma part, je pense que,
alors que nous comprenons de mieux en mieux le rôle subtil, mais essentiel, des bactéries dans la formation des pluies, il devient clair que la gestion de l’eau passe aussi par une meilleure compréhension du monde microscopique qui nous entoure.
Face aux défis du changement climatique, ces connaissances ouvrent de nouvelles perspectives pour atténuer les sécheresses et mieux réguler les ressources en eau.
Mais elles nous rappellent aussi la complexité et la fragilité de l’équilibre naturel.
En explorant ces pistes, nous, en tant que citoyens et acteurs du changement, avons un rôle à jouer : celui de promouvoir une approche respectueuse et durable de la science et de l’environnement.

Car préserver les mécanismes de la pluie, c’est avant tout préserver notre avenir.

Je vous invite

J’aimerais beaucoup que vous nous fassiez part de vos réflexions sur le sujet.

Rendez-vous dans les commentaires 😉

Cet article a 5 commentaires

  1. Stéphanie

    ouha quel article, hyper complet et très instructif BRAVO et MERCI

  2. Eric

    Voici un article extrêmement intéressant au sujet de l’ensemencement des nuages. Cela m’a toujours interpellé de voir des conditions météorologiques qui peuvent changer très rapidement alors que rien ne le laissait pressentir. Alors, si l’ensemencement des nuages peut se faire avec des matériaux naturel, c’est encore mieux, et peut-être que cela pourrait résoudre des problèmes de sécheresse et de production agricole dans certaines régions du monde.

    En tout cas, elle est certain qu’une agriculture Raisonnée et probablement l’avenir de la préservation de notre planète.

    Merci pour ce partage 🙏

    1. Noyaudujardin

      Vous avez tout à fait raison, l’agriculture raisonnée représente sans doute l’une des pistes essentielles pour construire un avenir plus durable. En adoptant des pratiques respectueuses des cycles naturels et visant à réduire notre empreinte écologique, nous pourrions effectivement bâtir des systèmes agricoles plus résilients et en harmonie avec l’environnement.
      Cependant, il est vrai que si nous avions pu freiner notre pollution plus tôt, nous aurions peut-être pu atténuer l’intensité du réchauffement climatique actuel. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement la pluie ou la sécheresse qui inquiètent, mais bien les extrêmes et les catastrophes qu’elles peuvent engendrer.
      Malgré tout, restons optimistes, car des solutions émergent pour mieux gérer ces défis. Merci encore pour votre réflexion, elle enrichit le débat !

  3. Camille

    Merci infiniment Corinne pour cet article hyper complet ✨ J’ai beaucoup apprécié te lire et ton contenu a totalement enrichi ma culture générale 🚀 J’ai particulièrement apprécié ton style d’écriture ainsi que l’évocation des diverses cultures dans le rapport à l’eau 💦

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