Aujourd’hui, c’est notre invitée, Alexia Gillet du blog Des Poules Dans Mon Jardin qui nous parle de sa conception des poules dans un jardin en permaculture.
Les poules s’intègrent aisément dans un contexte de jardin en permaculture. Outre la production d’œufs qui permet d’augmenter son autonomie alimentaire, elles offrent beaucoup d’autres avantages. Engrais pour le potager, régulation des nuisibles, réduction des déchets de cuisine, en passant par le côté pédagogique de ces animaux, nous passeront en revue dans la première partie de cet article tous les bienfaits des poules. Une fois que vous serez convaincu d’en adopter, nous verrons dans une seconde partie comment bien s’en occuper en répondant à leurs besoins. Cet article a été rédigé par Alexia Gillet du blog Des Poules Dans Mon Jardin.
C’est parti !
Les bienfaits des poules dans un jardin en permaculture
Le fumier de poule, un super engrais !
Les fientes de poule sont très riches en azote. Et l’azote est indispensable au potager pour la croissance des plantes. Ces déjections constituent donc un excellent engrais pour vos légumes.
Comment les récupérer ?
C’est très simple ! Les poules évacuent beaucoup de fientes la nuit. Sachant cela il suffit de disposer un récipient avec un fond de paille (ou la litière de votre choix) dans le poulailler sous les perchoirs. Vous pourrez ainsi collecter beaucoup de fumier.
Comment l’utiliser ?
Les fientes contiennent un taux d’ammoniaque très élevé et beaucoup de germes pathogènes. Il faut donc faire composter ce fumier plusieurs mois avant de le disperser au potager. Une technique de permaculture consiste à laisser libre accès aux poules à l’intérieur du potager à la fin de la belle saison (octobre, novembre). Elles se feront un plaisir de désherber les restes de culture, et fertiliseront le sol par la même occasion avec leur fientes. Celles-ci auront le temps de se décomposer avant les premières cultures du printemps.
Le recyclage des plumes lors de la mue
Saviez-vous que les plumes de poules pouvaient être utilisées pour fertiliser le potager ? Une fois par an, à l’automne, les poules renouvellent leur plumage. C’est le moment de récolter les plumes usées pour un faire soit :
- un engrais en poudre en broyant les plumes
- un purin
Pour les recettes de préparation et dosages je vous invite à consulter l’article de Hervé Husson sur la valorisation des productions des poules.
La régulation des insectes ravageurs au potager
Si vous avez beaucoup de limaces dans votre potager, sachez que c’est un des aliments préféré des poules. Elles réguleront leur population avec plaisir ! Elles s’attaqueront également à d’autres insectes ravageurs comme les taupins, ces vers qui s’attaquent aux légumes racines et qui font flétrir vos salades.
Un désherbant et un anti-mousse sur pattes
Lâchées dans le potager en automne, les poules picoreront les graines d’adventices tombées au sol. Cette action limitera la pousse des « mauvaises herbes » au printemps.
Côté pelouse, en grattant elles élimineront la mousse. Plus besoin de passer le scarificateur !
Réduisez vos déchets de cuisine grâce aux poules
Une autre raison en faveur du poulailler à domicile est le recyclage des déchets de cuisine. Une poule à elle seule peut manger jusqu’à 150 kg de déchets organique par an. De quoi réduire significativement le volume de vos ordures ménagères.
Mais que mangent-elles exactement ?
Eh bien à peu près tout. Comme elles sont omnivores comme nous, elles peuvent manger tout ce que nous mangeons. A l’exception de ces quelques aliments car ils sont toxiques pour les poules :
- Les pommes de terre crues et les épluchures
- Les courgettes crues et leurs épluchures
- Les aliments trop salés ou trop sucrés
- Les avocats
- Les oignons
- Le céleri
- La peau de certains fruits (banane, kiwis, agrumes)
- Le chocolat et le café
Devenez autonomes en œufs
Si vous visez l’autonomie alimentaire avec un potager en permaculture, que diriez-vous de quelques poules pondeuses qui vous offriraient des œufs frais toute l’année ? Vous pourriez allier légumes et protéines sans avoir à tuer d’animaux. Avec de jeunes poules pondeuses il est tout à fait possible d’être autonome en œufs toute l’année, ou quasiment. Depuis que j’ai un poulailler, avec 3 poules seulement, il ne m’arrive que rarement de devoir acheter une boite d’œufs en supermarché. Je dirais environ une fois par an (ce qui est très peu !) lorsqu’elles couvent en été ou lors de la mue ou la pause hivernale.
Renouveler les générations permet de toujours avoir de jeunes poules pondeuses.
Une chair de qualité
Et oui, même les permaculteurs peuvent manger leurs poulets.
Dans une perspective d’autonomie alimentaire, et si tuer vos volailles ne vous effraie pas, alors un bon poulet de bonne qualité de temps en temps ne vous fait pas peur.
Les races pondeuses ne sont pas réputées pour leur viande. Mieux vaut choisir dans cette perspective des poules dites « mixtes » qui pondront moins mais se développeront davantage. Les races reconnues pour leur saveur et la finesse de leur chair sont par exemple :
- les Marans
- les Coucou de Rennes
- les Crèvecoeur
- Les Faverolles
Sans transition, nous passons à une autre motivation pour avoir des poules :
Les poules sont des animaux de compagnie pédagogiques
Enfin disons-le, les poules sont des animaux de compagnie attachants qui font le bonheur des petits et grands. Il est tout à fait possible de créer du lien avec ses poules.
Quelle joie pour les enfants de découvrir les œufs encore tout chauds dans les pondoirs. Et que dire des œufs fécondés dont on peut suivre le développement en les mirant à la lumière ? Un peu comme l’échographie d’un bébé à l’intérieur du ventre de sa mère. Magique non ? Et lorsque les poussins sortent enfin de leur coquille, c’est toujours un moment d’émotion.
(Attention : ce ne sont pas pour autant des jouets)
Installer un poulailler selon les principes de la permaculture
Tous ces avantages vous ont convaincus d’adopter des poules ? Avant de vous lancer, voyons comment bien s’occuper de ces animaux. Quelques aménagements dans votre jardin seront nécessaires à leur bonne santé et à leur épanouissement.
Le poulailler, un abris indispensable
Le poulailler est la maison des poules qui leur offrira une protection face aux intempéries et aux prédateurs. Elles y dormiront, y pondront leurs œufs, et éventuellement élèveront leurs poussins.
La structure du poulailler
Il doit absolument être étanche à l’eau, car si les poules sont résistantes au froid, elles craignent en revanche l’humidité.
Vos poules doivent également être à l’abris des courants d’air sous peine qu’elles s’enrhument. Toutefois il est mauvais de les calfeutrer complètement car l’humidité qu’elles produisent pendant la nuit doit être évacuée facilement par des bouches d’aération situées en haut du poulailler et de façon à ce que l’air qui y circule ne soit pas dirigée vers elles directement. J’espère que vous me suivez ! 😉
Votre poulailler doit être solide ! Il devra résister aux intempéries et aux éventuelles attaques de prédateurs nocturnes telles que les renards, les fouines…
Enfin, pensez au nettoyage ! Les poules produisent beaucoup de fientes. Vous devrez changer la litière régulièrement. Le poulailler devra être bien conçu pour cela avec une grande ouverture qui vous facilitera la tâche. Parce que, si vous devez vous contorsionner toutes les semaines dans un poulailler pas pratique, cela deviendra très vite une corvée !
Les perchoirs
Dans la nature les poules dorment perchées sur des branches d’arbres pour se protéger des prédateurs. Des perchoirs dans le poulailler permettent ainsi de satisfaire cet instinct primaire. En effet, cela les protége également des intempéries et des prédateurs.
Notamment, un perchoir rond et fin n’est pas du tout confortable pour elles, car elles doivent fournir un effort musculaire trop important pour s’accrocher dessus toute la nuit. A terme cela leur occasionnerait des problèmes aux pattes.
Comme les poules dorment les pieds à plat, contrairement aux oiseaux sauvages qui enroulent leurs pattes, optez plutôt pour un perchoir plat, d’une largeur comprise entre 6 cm et 10 cm avec des bords arrondis et poncés.
Les pondoirs
C’est l’endroit où elles pondent leurs œufs, et donc éventuellement où elles élèveront leurs poussins. Ce doit être un espace confiné. Idéalement un cube de 30 cm de côté. Il devra être en retrait du passage des autres poules et de vous-même car les poules n’aiment pas être dérangées pendant la ponte. Ne placez jamais les pondoirs sous les perchoirs sous peine de les retrouver souillés chaque matin. Les pondoirs doivent être garnis d’une bonne épaisseur de litière pour le confort des poules. Installez idéalement 1 pondoir pour 2 poules.
La litière
La litière sert à isoler le sol du poulailler du froid mais aussi à récolter les fientes. Il en existe de plusieurs type.
La paille reste largement utilisée car elle est peu chère et on peut en trouver facilement. Cependant elle présente quelques désavantages. Outre son faible pouvoir absorbant, elle constitue un milieu propice à l’installation de parasites à l’intérieur des tiges creuses. La paille de chanvre ou de lin parait être la litière idéale mais elle a un coût plus élevé. Une litière en sable est possible si vous êtes prêt à soulever du poids ! Quant au foin, il est nécessaire de le stocker bien au sec car il pourrit vite à l’humidité. A vous de tester et de choisir la litière qui vous convient.
Le bain de poussière : un lieu de déparasitage
A chacun son lieu d’hygiène !
C’est affaire de goût.
Bien que cela créer des trous, les fameux « nids de poules » que nous n’aprécions guère sur les routes, les bains de poussière sont indispensables pour les poules. En s’adonnant à cette activité elles régulent elles-mêmes leurs populations de parasites et entretiennent leur plumage. Elle choisiront d’elles-mêmes un endroit avec de la terre meuble et abrité. Sous une haie par exemple.
L'alimentation des poules
Comme nous l’avons vu plus haut, les poules sont omnivores.
Dans la nature, elles se nourrissent d’herbe, de graines, de fleurs, de fruits et d’insectes, de molusques etc.. S’il elles en ont l’occasion, elles peuvent même s’attaquer à de petits animaux tels que des lézards, les grenouilles ou des petits rongeurs.
Afin de reproduire au mieux ce régime alimentaire, un mélange de graines pour poules pondeuses agrémenté de vers de farine et de verdure fera l’affaire.
Sans oublier le calcium ! Indispensable pour la formation des coquilles d’œufs. Pensez à vérifier si le mélange de graines en contient, sinon vous devrez leur en apporter par le biais de coquilles d’huitre concassées ou même leurs propres coquilles d’oeuf (mais lavées pour en retrer le gout et l’odeur et finement broyées pour éviter qu’elles ne piquent leurs œufs par la suite). De plus, de petits graviers (grit) sont en outre indispensables à leur digestion puisqu’elles n’ont toujours pas de dents.
Les vers de farine quant à eux sont une excellente source de protéines.
Pour en savoir plus sur l’alimentation des poules vous pouvez lire l’article d’Alexia sur son blog.
En conclusion,
si les poules peuvent beaucoup vous apporter dans un jardin en permaculture, il est nécessaire de respecter leurs besoins pour les garder en bonne santé. Notamment en terme d’espace de vie, d’apports en nourriture, et de libre expression de comportements liés à leur instinct primaire.
« Alexia »
Pour aller plus loin
je vous invite à consulter l’article d’Alexia Gillet sur Le Poulailler Idéal du blog Des Poules Dans Mon Jardin
et sur « le noyau du jardin », je vous rapelle les liens qui parlent des poules :
Vous avez des poules dans votre jardin ?
Ou vous rêvez d’en acquérir ?
Nous serions ravies d’en discuter dans les commentaires.
Très bel article. L’essentiel est dit. Chez nous, nous fonctionnons en permaculture et les poules ont tout de suite été intégrés dans notre jardin. Nous en avons pour plusieurs raisons: réduction de nos déchets, autonomie en œufs, consommation de poulet élevé dans de bonnes conditions. Le plus de l’article: la liste des aliments interdits! Merci